Au cours de la nuit du 24 au 25 avril dernier, dans la province de Latina au sud de Rome, quatre jeunes roms ont été pris à partie par une "ronde" de citoyens menée par un policier en civil, à la faveur d'une simple panne de voiture. Devant la violence de leurs agresseurs, les quatre jeunes gens ont dû prendre la fuite, avant de retrouver leur véhicule incendié au matin. Une semaine plus tard, le 2 mai, l'une des victimes décide à porter plainte.
Derrière un fait divers qui aurait pu connaître une issue tragique, se tisse une trame de raisons complexes que le journaliste et écrivain Angelo Mastrandrea s'est efforcé de dénouer, dans un reportage remarquable paru sur le quotiden Il Manifesto le 6 mai, et traduit ici en français: un camp de roms érigé auprès d'une décharge où la camorra a déversé des fûts toxiques, l'incohérence de pouvoirs publics qui financent l'érection d'un autre camp sur le modèle de ceux construits par la municipalité de Rome, camp dont la réalisation est sans cesse repoussée pour des raisons en partie électorales, le racisme ordinaire et l'ignorance de la population locale, la misère des habitants de baraquements doublés en amiante, socialement isolés et matériellement poussés à commettre de menus larcins. S'ajoute à tout cela l'intérêt que certains auraient à voir la décharge s'agrandir ou du moins être débarrassée d'un voisinage gênant, sans trop de publicité.

Ionuz, l’un des jeunes qui a été frappés, dans le camp rom d’Al Karama de Borgo Bainsizza, Latina © Andrea Sabbadini
Spécialiste du sud italien, Angelo Mastrandrea a publié une série de reportages récents dans le recueil Le pays du soleil [Il paese del sole, Ediesse, mars 2014] dont quelques extraits sont traduits en français:
- La terre des feux, désastre écologique en Campanie.
- L’Aquila, le séisme et la crise: la tempête parfaite.
- Quarto, le football contre la Camorra.
D'autres ont été publiés en France dans la revue XXI et sur le Monde diplomatique.