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Billet de blog 1 mars 2019

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Les camionneurs vénézuéliens.

Vous savez ce qui a fait chuter le gouvernement Allende au Chili? Une grève des camionneurs. Du coup, ça a désorganisé tout le pays et mis les “classes moyennes moyennes” en colère, parce qu'elles glissaient vers l'infériorité d'où elles émergeaient tout juste, et râler contre le pouvoir. Du fait elles ont applaudi quand il fut mis bas.

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Par après elles ont un peu moins applaudi, parce que très vite elles ont eu droit à ce qu'elles craignaient, le glissement vers le bas de l'échelle sociale, mais avec Pinochet au pouvoir, et bien, il était moins facile de manifester contre le gouvernement que sous Allende.

Je parle des «camionneurs vénézuéliens» parce que la situation vénézuélienne actuelle ressemble particulièrement à celle chilienne de 1973, mais en version farce. Farce tragique certes mais farce quand même. Je la qualifie ainsi rapport à la sentence de Marx, selon qui les grands événements ont souvent lieu deux fois, la première comme drame, la seconde comme farce. Dans un autre billet j'expliquais que ça signifie, en gros, que quand une société a connu une crise grave qui a mis à bas tout un pan de ses structures, après rétablissement elle se dote de structures de contrôle qui empêcheront que ça se reproduise. Ce qui ne signifie pas que tout ira pour le mieux, par contre la deuxième fois les structures tiendront et le rétablissement sera très rapide à la fin de la séquence.

Le Venezuela n'est pas le Chili mais il a lui aussi connu une dictature et connaît le cas chilien, du fait il a mis en place des systèmes qui le garantissent de ne pas avoir un Pinochet qui prenne le pouvoir. En ce cas, le pouvoir politique a créé un contexte au sein de l'armée qui empêche l'émergence d'un Pinochet. Il est presque amusant de voir la convergence du “gentil” Guaido et du “méchant” Trump demandant explicitement à l'armée de faire un putsch censément pour “rétablir la démocratie”. D'accord: l'armée qui met à bas le pouvoir politique et le président démocratiquement élu pour sauver la démocratie... Il a une bizarre conception de la démocratie, le “gentil” Guaido.

Au Brésil aussi on a une farce: Bolsonaro rêve, semble-t-il, de revenir plus de cinquante ans en arrière et de rétablir une dictature militaire. Marrant parce qu'il a beau aller pêcher des hauts gradés pour remplacer peu à peu ses ministres civils, l'armée ne bouge pas. Même motif, même punition: je ne sais pas exactement comme le pouvoir politique a fait dans ce pays mais à l'évidence c'est efficace. Là aussi on peut parler de farce tragique mais quand même moins qu'au Venezuela. Je ne sais pas comment tout ça va finir dans ces deux États mais en tout cas, autrement qu'on ne peut le croire en ce 1° mars 2019: Maduro restera au pouvoir et Bolsonaro va gicler dans pas bien longtemps. C'est ainsi. Si on veut faire peur aux gens, faut pas prendre des clowns.

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