C'est comment une famille? Les femmes dans la maison, les hommes dehors.
C'est comment une ville? Les femmes dans les maisons, les hommes dehors.
C'est comment un État? Les femmes dans les maisons, les hommes dehors.
C'est comment une société? Les femmes dans les maisons, les hommes dehors.
C'est comment l'humanité? Les femmes dans les maisons, les hommes dehors.
Bref, si on est dans une maison, on est une femme, si on est dehors, on est un homme.
Ou alors, on peut le dire autrement...
C'est comment une famille? Les femmes à l'intérieur, les hommes à l'extérieur.
C'est comment une ville? Les femmes à l'intérieur, les hommes à l'extérieur.
C'est comment un État? Les femmes à l'intérieur, les hommes à l'extérieur.
C'est comment une société? Les femmes à l'intérieur, les hommes à l'extérieur.
C'est comment l'humanité? Les femmes à l'intérieur, les hommes à l'extérieur.
Bref, si on est à l'intérieur, on est une femme, si on est à l'extérieur, on est un homme.
Bien évidemment la réalité n'est pas vraiment ça. N'est pas du tout ça, pas du tout. Et même, n'a jamais été ça. Localement peut-être, temporairement peut-être, globalement et dans la durée, non. Pourtant, j'ai le sentiment qu'on nous raconte une histoire de ce genre, qu'on nous raconte l'Histoire comme ça, et aussi la géographie, dans le passé, ou au loin, les femmes sont à l'intérieur, les hommes sont à l'extérieur, les femmes s'occupent de la maison, autant dire de rien, les hommes s'occupent du dehors, autant dire de tout. Ouais... J'ai comme qui dirait une impression différente...
Dans une société, dans n'importe quelle société, je vois ceci: les femmes réalisent la presque totalité des tâches, dans la maison, autour de la maison et au loin, les hommes font des trucs et des machins, passent beaucoup de temps à causer entre eux, se promènent genre «je vais au boulot» et quand ils reviennent, ouais, ils ne ramènent pas grand chose, je ne sais pas ce que c'est leur boulot mais ça n'a pas l'air trop fatigant, et pourtant ils ont l'air crevé, alors que les femmes ont l'air un peu fatiguées mais pas autant. Je me demande ce qu'ils peuvent vraiment faire pour être si fatigués avec un si maigre résultat. Ouais, d'un sens je crois que je préfère ne pas savoir...
La question que je me pose vraiment est la suivante: pourquoi la description courante des sociétés est-elle contraire à ce qu'on peut en voir? Voici ce que je vois: quand on demande à une femme d'exécuter une tâche censément masculine, sauf rares cas, au pire elle fait aussi bien, souvent elle fait mieux; si on réclame à un homme d'exécuter une tâche censément féminine, au mieux il fait aussi bien, souvent il fait pire. Là-dessus, je vois aussi des choses curieuses, des choses de ce genre: dès lors qu'on permet au femmes de suivre des études qui ne sont pas différentes de celles que suivent les hommes, elles ont tendance à avoir de meilleures performances, par contre il se passe ceci que, passé certains paliers, l'efficience des femmes, qui au pire est constante, souvent progresse, en vient à régresser, et des plafonds où le taux de réussite académique des femmes, qui jusque-là est constante ou augmente, se réduit. À remarquer que cela est vrai dans des secteurs d'activité censément féminins, je veux dire: si dans une activité donnée on constate que la majorité ou la totalité des personnes qui y réussissent sont des femmes, quand on arrive à des niveaux déterminés comme étant “de responsabilité”, mystérieusement, les hommes y progressent ou même y apparaissent. Quelques cas concrets:
- Dans une usine de confection classique des année 1970, aux tâches d'exécution il n'y avait que des femmes dans les secteurs d'assemblage, que des hommes dans les secteurs de coupe et d'entretien des machines, et dans les tâches de direction et de contrôle, si l'on trouvait des femmes aux fonctions subalternes, on ne trouvait que des hommes aux plus hauts échelons. Or, si par circonstance presque toutes les fonctions étaient dévolues à des femmes, et bien ça marchait plutôt mieux qu'auparavant (on a vu le cas dans des occupations d'usines).
- Quelles que soient les contraintes non coercitives ordonnant qu'il y ait la même proportion de femmes et d'hommes en fonction ou un faible différentiel dans des postes de direction, de contrôle ou de responsabilité, la proportion de femmes ne progresse que peu et dans certaines circonstances elle régresse, cas bien connu des assemblées législatives; en France, on a vu ceci qu'après la constitutionnalisation de la parité, la proportion du nombre de femmes a beaucoup plus vite progressé au Sénat qu'à l'Assemblée nationale jusqu'à cette année 2017, et qu'en toute hypothèse elle continuera d'y progresser jusqu'à approcher la parité. La raison en est simple, au Sénat la désignation des élus a lieu principalement par scrutins de listes, et dans ces scrutins la parité est obligatoire (pour exemple, dans les élections municipales on parvint immédiatement à la quasi-parité dès après qu'elle devint constitutionnelle, avec près de 48% de femmes aujourd'hui, tout simplement parce que ce sont des scrutins de listes, ce qui n'induit pas la parité pour le nombre de maires, même si deux des quatre plus grande villes, Paris et Lille, ont une mairesse[1]) ; l'Assemblée nationale a connu une bien plus lente progression sauf lors des législatives de 1017, et il faut constater ceci: si le parti majoritaire parvient presque à la parité avec 47% de femmes, et si tous les partis, disons, de gauche et du centre approchent ou dépassent les 40% d'élues sinon le PCF (20%) et le PRG (cas particulier, 100% de femmes avec trois élues) et les 50% de candidates, aucun parti de droite ne dépasse les 25% de femmes et en outre, le parti Les Républicains a présenté moins que 40% de candidates.
- L'égalité de salaires entre femmes et homme est une obligation légale et pourtant un écart moyen d'environ 20% persiste. Considérant même les différences de salaires justifiées par des différences de carrières, l'écart reste d'environ 15%.
J'arrête là ma liste de cas concrets, elle est inépuisable. Le constat est le suivant: si l'on considère objectivement l'utilité sociale des femmes et des hommes, au pire les femmes et les hommes sont d'égale utilité, souvent l'utilité sociale des femmes est supérieure ; si l'on considère la position sociale des individus, celle moyenne de l'ensemble masculin est systématiquement supérieure à celle moyenne des femmes, et plus on s'élève dans la hiérarchie sociale, plus l'écart augmente, y compris dans des secteurs où à la base la proportion des femmes est très majoritaire voire exclusive.
[1] Ah ! La féminisation des noms de métiers ou de fonctions. Il paraît que mairesse, poétesse et doctoresse ça n'est pas beau, faudrait écrire maire, poète et docteure. Pour moi nul suffixe féminisant n'est dépréciatif, la dépréciation n'est pas dans le mot mais dans la tête de qui le suppose, à preuve duchesse ou comtesse que ne jugeront pas dépréciatif les même qui déprécient mairesse; le féminin d'entraîneur n'est pas entraîneure mais entraîneuse, le problème est dans la tête de ceux pour qui “entraîneuse” est synonyme de “hôtesse de bar” et non équivalent de “entraîneur”. Je trouve sympathique mais pathétique cette propension à croire qu'ajouter un ‘e’ à la fin des mots en ’eur’ est une féminisation, alors que ça ne fait que signifier que le féminin est un cas particulier subalterne du masculin, le féminin de “auteur” par exemple, n'est pas et ne doit pas être “auteure”, il doit se calquer sur les mots similaires de ce champ sémantique, donc c'est autrice, confer éditrice, lectrice ou rédactrice. On comprendra la différence entre «une auteure est une sorte d'auteur, de rédacteur» et «une autrice est une sorte de rédactrice». Bref, une femme qui dirige une mairie n'est ni un maire, donc un homme, ni une maire, donc une maman, mais une mairesse, donc une mairesse.
Repris de mon site personnel. Reprise partielle.
Publié en juillet 2017.