Ou une «grande concertation» ou un «grand débat», bref, un «grand machin» aurait pu dire un autre de ses supposés modèles.
En revanche, Macron ne semble pas avoir retenu cette autre leçon: «Il suffit d'ajouter “militaire” à un mot pour lui faire perdre sa signification. Ainsi la justice militaire n'est pas la justice, la musique militaire n'est pas la musique». Je lui conseille aussi de méditer cette autre maxime, «En politique, on succède à des imbéciles et on est remplacé par des incapables», pour deux raisons: lui et les siens ne manquent jamais de mettre sur le compte de leurs prédécesseurs les dysfonctions actuelles, au prétexte qu'ils prirent des décisions imbéciles (oubliant au passage que nombre d'entre eux participèrent en des temps pas si ancien à ces décisions), et de postuler qu'ils sont irremplaçables et que leurs opposants sont des incapables; puis il doit considérer ceci, lui-même remplace, et on lui succèdera... Et enfin, une dernière sentence attribuée à Clémenceau, «Les fonctionnaires sont un peu comme les livres d'une bibliothèque: ce sont les plus haut placés qui servent le moins», rapport au fait que beaucoup de membres de son exécutif viennent de la très haute fonction publique.
Ah zut! Clémenceau, qui fut un politique certes efficace dans certaines circonstances difficiles mais assez classique, fut en revanche un polémiste de premier ordre, et ses flèches touchent souvent leur cible. Encore une flèche, «Tout le monde peut faire des erreurs et les imputer à autrui: c'est faire de la politique», et une dernière, «Pour être ambassadeur, il ne suffit pas d'être con, il faut aussi être poli», méchamment reprise puisque Notre Président ne cesse de vouloir se faire ambassadeur de tout et du contraire de tout en oubliant parfois d'être poli.
Une remarque au passage: beaucoup de députés En Marche! ne manquent de signaler, comme si c'était un gage d'honnêteté et d'efficacité, qu'ils sont des nouveaux en politique (bien que ce ne soit pas toujours si vrai mais peu importe), mais semblent oublier ou ne pas se rendre compte que les membres les plus éminents de l'exécutif qu'ils soutiennent, à commencer par le président et le premier ministre, ne sont pas vraiment dans le même cas.
Donc, «quand on veut enterrer une décision, on crée une commission». Mmm... Je pensais développer un peu mais là tout est dit, la succession toujours plus rapide de projets de «grands débats» (certains semblant devoir attendre que la décision déjà prise par l'exécutif soit votée pour, peut-être, se réaliser...) me semble illustrative. Au fait, une mesure dilatoire est une mesure «qui tend à différer l'instruction ou le jugement d'une affaire, d'un procès», et par extension et couramment, «qui vise à obtenir un délai, à gagner du temps».