Outre la peine et le déplaisir de découvrir que “on”, ou disons, que “Mediapart”, a créé pour moi et de manière automatique un blog portant mon nom d'état-civil, je me trouve dans la situation de figurer un parmi des centaines, parmi des milliers qui disposent du même espace personnel que moi, donc d'un espace impersonnel, car qu'y a-t-il de personnel dans un espace qui est le même que celui de milliers d'autres? Je comptais me servir de Mediapart en tant que tremplin pour diffuser ma propagande personnelle, mais vu que je suis noyé parmi des milliers de “blogs personnels” et que mes billets alimentent le flux inextinguible des dizaines ou centaines de billets tous aussi peu originaux que les miens qui s'y publient chaque jour, ce vague espoir de sortir un peu de mon anonymat s'est évanoui. Non que ça ait de l'importance, l'anonymat est confortable, mais un peu de notoriété pas déplaisant.
Remarquez que je ne mets pas en cause Mediapart ni son intégrité morale et politique, ce que je constate ici est intimement lié au fonctionnement général de tous les supposés “réseaux sociaux” qui cela dit ne sont pas des réseaux et ne sont pas sociaux, il s'agit de structures pyramidales classiques avec un centre qui est aussi un sommet, un corps intermédiaire qui dirige et régule, et une piétaille qui fait là où on lui dit de faire et de la manière prévue par le sommet et le corps intermédiaire. Cela dit, je croyais naïvement que dans le cadre de Mediapart il y avait des mécanismes de modération de ce tropisme, et constate avec un peu de dépit que non, que la structure classique est respectée, les dirigeants dirigent, les piétons piétinent, et silence dans les rangs!
Je ne suis pas certain de résilier mon abonnement, mais de nouveau, je m'interroge sur la pertinence de le poursuivre...