Benalla et la merde, apologue.
Alexandre Benalla est dans la merde. Dans la merde jusqu'au cou et même un peu au-dessus, au moins le menton, peut-être la bouche. Dans les débuts il y était jusqu'à la ceinture et ses copains ont essayé de l'en sortir mais leur maladresse a contribué à l'enfoncer un peu plus dans la merde, et en plus il y en a un ou deux qui ont glissé et se sont à leur tour retrouvés dans la merde.
Le temps passant, ses copains qui étaient encore sur le bord l'encourageaient et l'exhortaient à se sortir de la merde mais de loin, ils avaient vu les autres glisser dans la merde et du coup ça les a rendus prudents. Encore un peu de temps passa, les copains s'éloignaient les uns après les autres en expliquant qu'ils avaient une urgence qui les appelait mais promis-juré ils reviendraient pour le sortir de la merde. Comme ils ne revenaient pas, Benalla sortit son téléphone shitproof et tenta de les joindre mais allez savoir pourquoi, jamais ça ne décrochait. Notre brave Alexandre avait trouvé moyen de se sortir un peu de la merde et reprenait espoir, quand il vit un tombereau de merde se rapprocher et déverser son contenu dans son trou à merde, ce qui fit d'un coup remonter la merde jusqu'au niveau de ses épaules. Dur dur...
Là où ça devint vraiment problématique, c'est quand il se trouva dans la merde jusqu'au menton, et il eut une illumination, il appela un vieil adversaire et il lui promit de lui livrer des secrets inavouables sur Qui Vous Savez s'il l'aidait à sortir de la merde. Problème, son vieil adversaire lui dit, désolé mon gars mais nous, on ne négocie pas avec des connards qui se sont plongés eux-mêmes dans la merde, de toute manière, de la merde il y en a suffisamment dans cette histoire pour qu'on puisse se passer de la petite mare où tu t'agites. Appelle plutôt tes copains pour qu'ils te sortent de la merde où ils t'ont aidé à tomber. Oui mais non mais, euh, mais, ILS NE VEULENT PAS M'AIDER!!! Ah ben, qu'est-ce que j'y peux, désolé mon vieux, fallait mieux choisir tes copains, quand on fricote avec des semeurs de merde, tout ce qu'on peut récolter c'est de la merde.
Malgré tout, Alexandre Benalla livra quelques secrets censément inavouables (sinon qu'il les avoua) à son vieil adversaire, en se disant que ses “copains” devineraient d'où ça venait et que ça les motiverait à le sortir de la merde. Ce en quoi il se trompait: ses “copains” s'ingénièrent au contraire à l'enfoncer dans la merde en espérant qu'ils se noierait plus vite, mais comme ils étaient toujours aussi maladroits, deux, puis trois, puis quatre, puis cinq d'entre eux tombèrent dans la merde à leur tour, ce qui contribua à faire monter le niveau. Maintenant Benalla est dans la merde jusqu'au nez, mais un peu en-dessous, ce qui lui permet de pouvoir respirer, et il prie pour qu'il n'y en ait pas un autre qui tombe dans la merde, sinon respirer deviendra impossible.
Fin de l'apologue.
Le problème quand on s'accoquine avec des fouteurs de merde est simple: on ne peut leur faire confiance que pour une chose, le jour où ça ira vraiment mal ils vous laisseront tomber et même, contribueront à accélérer votre chute. Je n'ai pas vraiment besoin de détenir des preuves pour savoir quelles sont les sources de Mediapart dans l'affaire Benalla: ce sont Benalla et son copain, celui qu'on entend dans la fameuse conversation de bistro à propos de leur magouille franco-russe. Quand on est vraiment très profond dans la merde et qu'on a enfin compris que les “copains” sont aussi salauds avec soi qu'ils le sont avec “les autres”, et bien on en conclut que tant qu'à être dans la merde, autant ne pas y être tout seul. Ce en quoi Benalla se trompe encore: comme dans mon apologue, ça aggrave encore sa situation, jusque-là c'était une petite frappe et un petit magouilleur, désormais c'est un gros magouilleur pris dans une affaire d'État qui a toutes les apparences de la trahison en faveur d'un État tiers, de la haute-trahison. Comme merde, on ne peut pas faire pire...