J'ai une saine détestation de l'anonymat injustifié. Quand je m'inscris sur un site où je compte participer en tant que la personne physique que je suis, mon pseudo est systématiquement mon nom d'état-civil. Par contre, sur les sites où je joue un rôle, celui de joueur par exemple sur les sites de jeu en ligne, ou sur les supposés réseaux supposés sociaux où je dois m'inscrire pour accéder à certains contenus, j'emploie un pseudonyme de fiction, comme sur Facebook où mon pseudo est Leonid Vinogradoff. J'avais envisagé “Leonid Brejnev” mais comme j'aurais du ajouter un numéro important (genre 423 ou 777) tellement ce pseudo est un lieu commun sur Facebook, j'ai renoncé, cherché en ma mémoire un patronyme russe peu usité, trouvé Vinogradov mais là aussi c'était pris, adapté un peu pour constater que la variante Vinogradoff était disponible, d'où mon choix.
Pourquoi ce pseudo? D'une part je n'avais et n'ai toujours pas l'intention d'intervenir publiquement sur Facebook, qui me révulse, de l'autre ce site me semble le parangon du soviétisme actuel, celui étiqueté “néo-libéralisme”, qui n'est ni nouveau ni libéral mais passons, donc un parangon de soviétisme, vous savez, la transparence obligatoire et impérative, la délation et l'autocritique comme principes de de régulation sociale, etc., un nom “russe” donc “soviétique” me semblait pertinent. Il y a une autre raison, j'ai souvenir d'un chanteur et guitariste vu par hasard au Printemps de Bourges, Michel Winogradoff, dont la prestation ne m'a pas spécialement marqué sinon le tout début, salle et scène dans le noir, la section rythmique qui démarre dans le noir, donc, un faisceau lumineux qui vient des coulisses, puis se rapproche du devant de la scène, et ça démarre: «Je cherche le rock avec une lampe électrique». Le reste je l'ai oublié, mais ce début très drôle et très grinçant m'a beaucoup fait rire. Apparemment, il a trouvé beaucoup de choses depuis, mais pas le rock. Ou c'est le rock qui ne l'a pas trouvé, allez savoir... Bref, Vinogradoff vient de là.
Pourquoi une saine détestation de l'anonymat? Parce que trop souvent c'est le masque de la malveillance et de la lâcheté, les LOLeurs chassent en meute et se protègent de leur propre saloperie par le confort de l'anonymat que procure la meute. Non que les LOLeurs liguards soient tous anonymes au sens strict, qu'ils n'usent pas de leur nom d'état-civil, dans leur cas c'est l'effet de groupe qui les anonymise. Quelle est la défenses de tous les saLOLopards de cette ligue? Je ne suis pas responsable, c'était un “effet de groupe”. Certes, mais on adhère au groupe à titre individuel; on n'est donc pas la conséquence mais la cause de cet effet. Le salaud est TOUJOURS “irresponsable”, moi je ne voulais pas monsieur le juge, c'est cette salope qui m'a provoqué, c'est le groupe qui m'a contraint, c'est une pulsion irrépressible qui, m'a poussé. Les salauds n'ont jamais tort, c'est toujours “le destin” qui est cause de leur saloperie.
Un des meilleurs titres de pièce et de film que je connaisse sur cette question est Les salauds vont en enfer. Les salauds sont la source même de l'enfer, ils créent l'enfer sur la Terre, mais l'enfer pour “les autres”. Où ils ont tort: ils croient appartenir à une “autre réalité“, or de réalité il n'y en a qu'une, et arrive toujours le moment où ils doivent s'y confronter, se confronter à l'enfer dont ils sont la source. Vient immanquablement le moment où ils doivent aller en enfer. Les salauds vont en enfer parce qu'ils ne peuvent éviter indéfiniment de s'affronter à la réalité. Je prends comme exemple dans ces billets Laurent Joffrin parce qu'il est très représentatif du cas du “bon salaud”, du salaud qui se trouve “dans le camp du bien”. Certes, il y sème le mal, mais c'est “pour un plus grand bien” à venir, sauf que le mal est là et n'amène jamais aucun bien. Représentatif dans sa cruelle nudité, Laurent, je te le dis, arrête de mentir et dis-le nous, dis-nous que tu es un salaud, je te dis ça pour ton bien: on ne peut pas pardonner les salauds mais on peut les excuser et les aider à sortir de l'enfer qu'ils ont créé mais pour cela ils doivent le dire, ils doivent dire, je suis un salaud et je suis le seul responsable de ma propre saloperie. Tes copains de la “Ligue du LOL”, ou du moins quelques-uns d'entre eux, ont fait la moitié du chemin en reconnaissant être des salauds, s'ils veulent sortir de l'enfer qu'ils ont créé, reste la plus difficile étape, dire, je suis l'unique responsable de ma propre saloperie, ce n'est pas le contexte, ni le groupe, ni ces salopes qui l'ont bien cherché, c'est moi et seulement moi le responsable de ma propre saloperie. Laurent, passe déjà la première étape, admets que tu es de longue date un salaud, après, la deuxième étape sera difficile mais atteignable, tant que tu persisteras à ne pas te reconnaître comme salaud, je te le prédis, tu ne pourras que t'enfoncer plus profondément dans l'enfer que tu as contribué à créer. Et on t"y laissera avec les autres salauds parce que, désolé de te l'apprendre, aucune bonne personne ne veut aller en enfer, seuls les salauds vont volontairement en enfer.
Vous savez pourquoi la justice refuse d'accorder sa grâce aux délinquants qui ne reconnaissent pas leurs délits? Parce que c'est la condition nécessaire pour commencer le long chemin du pardon. Raison pourquoi elle ne l'avait pas accordé à Catherine Sauvage, qui a tué avec préméditation et par traîtrise son défunt mari: elle nie toujours avoir commis un crime. C'est l'intervention de Dieu, mais d'un faux Dieu, François Hollande, qui l'a sortie de manière injustifiée de l'enfer où elle s'était elle-même plongée. Les salauds qui ne reconnaissent pas leur saloperie sont impardonnables, Catherine Sauvage, en ne reconnaissant pas son crime, est impardonnable, Hollande, en lui accordant illégitimement un pardon auquel elle n'avait pas droit pour de basses raisons politicardes, s'est révélé un salaud et pour cela est impardonnable tant qu'il ne le reconnaîtra pas et tant qu'il mettra ça sur le compte des circonstances. François Hollande, prépare-toi, bientôt la réalité va te rattraper, et tu sauras enfin vraiment ce qu'est l'enfer. Bon courage...
Allez, un brin de notoriété de plus – peut-être même une demi-minute au lieu d'un quart de minute, cette fois...
Petit complément. Les commentaires ont du bon quand ils pointent les manques. Je viens d'en avoir un, que voici:
«L'anonymat? Oui, mais à manier selon une éthique précautionneuse car de nos jours, souvent triomphante est l'éthique perverse; alors on se protège comme on peut».
Je suis contre l'anonymat dans un cadre où il faut assumer sa responsabilité ET où l'on respecte toutes les opinions. D'évidence, dans une dictature ou dans un régime autoritaire il n'y a pas de liberté, donc on doit se protéger de l'arbitraire, en revanche se dissimuler d'un arbitraire non réel c'est créer soi-même de l'arbitraire en mimant le risque là où il n'existe pas. Par exemple l'ex-comique Dieudonné M'Bala M'Bala, qui cela dit ne m'a jamais fait rire: en son temps son fonds de commerce était le débinage des “minorités de banlieue”, sous couvert de sa “négritude” il faisait passer ça pour de l'auto-dérision, alors qu'il n'a jamais été un “minoritaire de banlieue”, dit autrement, le “bon nègre” qui casse du “mauvais nègre” pour le plus grand plaisir du “bon blanc” qui peut se lâcher puisque “c'est un nègre qui se moque des nègres” – la Ligue du LOL, en quelque sorte. Vint un moment où le filon fut épuisé et la catégorie du “bon sauvage qui se moque du mauvais sauvage” un peu saturée, d'où la nécessité d'aller plus loin dans la fausse provocation qui ne fait que renforcer le pouvoir des forts, et quoi de plus transgressif que l'humour antisémite LOL? Dieudonné est le parfait salaud, celui qui ne croit en rien sinon en sa gloire, or la gloire est éphémère et se nourrit de l'excès pour se maintenir. Dieudonné est excessif donc dérisoire (voir l'épisode 9 sur cette question), mais d'une dérision dangereuse et mortifère, celle qui va vers les plus basses pulsions, vers les pulsions destructrices, les pulsions de mort.