Olivier Hammam (avatar)

Olivier Hammam

Humain patenté mais non breveté.

Abonné·e de Mediapart

1167 Billets

5 Éditions

Billet de blog 21 février 2019

Olivier Hammam (avatar)

Olivier Hammam

Humain patenté mais non breveté.

Abonné·e de Mediapart

Le Sabre et le Goupillon (version rebelote).

Je ne voudrais pas laisser mon possible lectorat sur sa faim, et vais donc discuter un peu de cette très ancienne alliance. Enfin, plus ou moins alliance et plus ou moins ancienne.

Olivier Hammam (avatar)

Olivier Hammam

Humain patenté mais non breveté.

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Croyez-moi, ne me croyez pas, peu me chaut, l'alliance du Sabre et du Goupillon n'est pas un mythe mais un fait. Un fait structurant. Un fait qui structure toute société, et notamment la société “européenne” depuis un paquet de temps. Ou non. Ça dépend du point de vue. Depuis un bout de temps pour toutes les sociétés, c'est sûr, depuis un paquet de temps pour la société “européenne” c'est moins évident.

Je ne sais plus trop si je parle de l'Empire carolingien dans mes billets sur Mediapart, sur mon site perso c'est sûr, dans deux ou trois commentaires locaux je l'évoque, dans mes billets, c'est incertain. Comme le relève un de mes commentateurs, j'ai déjà pondu 57 billets, cela en huit jours, à quoi s'ajoutent 182 commentaires et une brassée de messages privés. Le nombre signifie peu, beaucoup de commentaires et encore assez de billets sont très courts, mais certains commentaires et billets sont assez ou très longs. Du fait, si je me souviens assez de la ligne générale de mes billets je ne me souviens pas si bien des contenus secondaires. Je suppose sans certitude que ce n'est pas le cas, ou alors vite fait en passant, comme mention. Ledit empire sera au cœur de mon sujet. Pas nécessairement très développé comme thème mais du moins il en sera le cœur, ou la base.

L'alliance du Sabre et du Goupillon structure toute société humaine, et probablement beaucoup d'autres. Le Sabre s'occupe des “corps”, le Goupillon s'occupe des “âmes”. Comme un individu est à la fois “corps” et “âme”, nécessairement le Sabre et le Goupillon sont alliés. C'est fonctionnel. Mais ça peut aussi devenir dysfonctionnel. C'est que, une société de primates n'a pas la simplicité fonctionnelle d'une société de fourmis, de termites, d'abeilles, les individus élémentaires, les primates, ont une assez large autonomie. Je prends les primates comme exemple rapport au fait que si je m'intéresse assez à la vie en général, d'un point de vue assez égoïste et subjectif, je m'intéresse aux primates et en premier aux humains, cela dit il existe bien d'autres lignées chez les vertébrés, notamment les mammifères et les oiseaux, qui composent des sociétés assez complexes avec des individus de base assez autonomes. vu que dans ce billet je ne compte pas explore le monde au-delà de 1500 à 2000 ans, et guère au-delà de l'Europe et son voisinage, et surtout pour ce qui est en lien aux humains et à leurs sociétés, on comprendra que je me restreigne à élucider tout au plus les sociétés de primates, ce qui est déjà beaucoup.

A parte: le blues de l'écrivain.
J'ai le blues de l'écrivain polygraphe avec la mémoire de ses écrits. Je ne sais pas s'il vous arrive d'écrire et si vous le faites souvent, et en ce cas si vous vous souvenez à-peu-près de ce que vous avez produit, pour moi donc j'écris beaucoup et je me souviens assez de mes écrits. Pas avec précision mais dans les grandes lignes oui. Et bien, le monde est limité, ma connaissance de ce monde l'est encore plus, et comme j'écris beaucoup, je le fais souvent sur les mêmes sujets. Et pourtant, des sujets, j'en aborde beaucoup. Je me prépare à revenir sur un sujet qui m'importe assez, et comme il m'importe assez, j'y reviens assez souvent. La différence entre vous et moi est que j'ai mémoire de mes propres écrits, de tous mes écrits, du coup j'ai cette fausse impression que je vais redire à mes possibles lectrices et lecteurs la même chose pour la n-ième fois. Ce qui est à la fois humilité et orgueil: humilité parce que j'espère ne pas ennuyer mon possible lectorat, orgueil parce que je crois naïvement que mes possibles lectrices et lecteurs ont déjà lu beaucoup de ma prose, ce qui est statistiquement assez peu probable. Le blues de l'écrivain.
Fin de l'a parte.

Tout individu a la même structure, un centre qui contrôle et commande, une périphérie qui protège, subit et agit, un milieu qui entretient la structure et relie le centre à la périphérie. Le centre est “l'âme” ou “l'esprit”, la périphérie est “le corps” ou “la matière”, le milieu, et bien, est à la fois tout et rien: sans lui la structure se défait, mais sans la structure il ne peut rien faire. L'ensemble étant une structure, il y a un peu du centre et de la périphérie dans le milieu, un peu du milieu dans le centre et la périphérie. Cette organisation est censée garantir la pérennité de l'ensemble mais ça n'est pas si évident, chaque partie a tendance à se considérer comme la part primordiale de l'ensemble et à tenter de s'accaparer le plus possible des ressources disponibles nécessaire à la préservation de la structure, lesquelles ressources sont assez limitées et rarement très au-dessus du “minimum vital”. Raison pourquoi il importe qu'elles soient, pour une part également réparties, pour une autre part équitablement réparties. Une fois ce partage fait, s'il reste des ressources, une part doit être mise en réserve, au cas où l'apport de ressources nouvelles serait insuffisant pour assurer le bon fonctionnement de la structure, le reste, s'il y a un reste, peut être réparti librement mais pas trop inéquitablement, pour se prémunir de cette tendance de chaque partie de la structure à en vouloir toujours plus, et si l'une dispose pour elle-même de beaucoup plus de ressources que les autres, elle peut s'en servir pour augmenter encore sa part, ou l'utiliser sans tenir compte de sa fonction dans l'ensemble et ne plus l'accomplir au niveau nécessaire, ce qui dans les deux cas affaiblira la structure.

Une société est un individu, elle a un centre, le “pouvoir”, une périphérie, la “puissance”, un milieu, la “nation”, le “peuple” ou autre nom qui désigne ce qui n'est ni pouvoir ni puissance. Symboliquement, le centre est “spirituel”, la périphérie est “corporelle”, le milieu, et bien, est le milieu, à la fois corps et esprit et ni corps ni esprit. Effectivement cette division est non pertinente, il y a du corps et de l'esprit dans toute la structure et dans chacune de ses parties, un individu est fractal, chaque partie a les caractéristiques du tout, le tout a les caractéristiques de chaque partie. Considérant un organisme, c'est-à-dire un individu pluricellulaire composé d'organes, chaque cellule est à elle-même un individu, chaque organe à lui-même un individu, l'organisme à lui-même un individu. Mais dans le même temps, chaque cellule est une partie de l'organe, chaque organe une partie de l'organisme et l'organisme une partie d'un plus large ensemble, son “écosystème”. Et bien sûr, pour la cellule l'organe est son écosystème et pour chaque organe l'organisme son écosystème. D'où la nécessité d'une répartition assez égale des ressources entre toutes les parties, sans quoi cet équilibre assez précaire qui maintient chaque structure et qui maintient les structures de niveau supérieur et inférieur peut, en cas de trop inégale répartition, se rompre, donc provoquer la dispersion de la structure, qu'on nomme ordinairement sa mort.

Exemple, le cancer: fonctionnellement, on peut le décrire comme la sécession d'une partie de l'organisme qui cesse de collaborer avec les autres parties et s'accapare le plus de ressources possibles. On dit d'un cancer que c'est une tumeur maligne parce qu'elle “fait le mal”, qu'elle compromet le maintien de la structure au risque de sa dispersion. Du point de vue de la tumeur, elle “fait le bien”, à court et moyen termes elle optimise la survie de son propre groupe, plus que bénigne elle est bénéfique. De fait, à plus long terme elle contribue à hâter sa propre fin en hâtant la fin de l'ensemble mais la perception de cette tumeur quant à ce qui est favorable n'a rien à voir avec la perception qu'en a l'organisme. Même si elle est bien d'autres choses une société est aussi une sorte d'organisme, et comme pour tout autre organisme, chacune de ses parties n'a pas nécessairement la même opinion sur ce qui est bien et ce qui est mal que ne l'a l'organisme. Quand par exemple Emmanuel Macron nous explique que dans la société il y a deux ensembles, les “premiers de cordée” et le “corps social”, le premier formé d'individus, le second formant un seul individu, et que favoriser l'ensemble “premiers de cordée” contribuera à favoriser l'ensemble, très probablement il est sincère et considère vraiment que favoriser son propre groupe favorisera tous les groupes. Il “veut le bien de tous” et considère que “plus de bien” pour son propre groupe induira “plus de bien” pour chacun et pour tous. L'opinion d'une tumeur cancéreuse sur ce que sont le bien et le mal n'est pas nécessairement l'opinion de chaque autre partie ni celle de l'ensemble…

Je l'explique dans d'autres textes, pas tout-à-fait en ces termes mais le sens y est, pour un groupe singulier, une “cellule” ou un “organe“ du “corps social”, vouloir favoriser son propre groupe est une tendance normale et même, souhaitable: si un organe excessivement altruiste “se sacrifie pour l'ensemble” il va contribuer à la rupture de l'équilibre global autant qu'un organe qui ferait sécession et n'agirait que pour lui-même. Pour se prémunir de ces deux écueils, une société fonctionnelle instaure des processus qui permettent de lisser ces deux tendances. Je prends souvent pour exemple, et l'ai fait dans d'autres billets et dans des commentaires sur le site de Mediapart, les cas de la Rome républicaine et de l'Athènes démocratique. Dans ces deux sociétés, le “corps social” est lui-même divisé en sociétés secondaires et tertiaires, à Rome la société secondaire est la tribu, à Athènes c'est le dème; je ne me souviens plus du nom de la structure tertiaire pour Athènes, pour Rome c'est la famille, qui n'a rien à voir avec ce qu'on nomme actuellement famille, qui est un groupe généalogiquement lié, la famille romaine correspond plutôt… Et bien, correspond à plusieurs structures, celles reproduisant à moindre échelle la structure de la société globale et celle des sociétés secondaires, avec un “patron”, un “chef” qui représente l'ensemble. Factuellement, les sociétés secondaires et celle globale reproduisent la structure des sociétés tertiaires (je décris ici l'organisation de sociétés larges relativement restreintes, dans des sociétés plus larges, telle la société française de ce début de XXI° siècle, il y a plus de niveaux, actuellement il y en a un peu trop et en outre il y a des doublons mais du moins, pour coordonner une aussi large société le nombre minimum de niveaux est de cinq ou six), effectivement et symboliquement la structure de chaque niveau reproduit la structure du niveau supérieur. Une famille romaine correspond, disons, à ce qu'on nomme entreprise, association, commune, dans des cités plus grandes au canton ou au quartier plutôt qu'à la commune, un ensemble cohérent représenté par une personne physique (conseiller général, maire, chef d'entreprise, président, etc.) et fédéré par un territoire ou par un projet commun.

Même si ce n'est pas le fonctionnement optimal, dans une structure élémentaire la persistance d'une personne dans une fonction ne pose pas, ou pas trop, de problèmes. Dans les structures de plus haut niveau ça en pose un, cette tendance normale à favoriser son propre groupe. À Rome ou Athènes, cette tendance est lissée en faisant circuler les fonctions, un même individu ne doit pas occuper continument la même fonction, et quand il quitte sa fonction, la personne qui le remplace ne doit pas appartenir au même groupe de niveau inférieur que lui. Cette circulation des fonctions garantit à-peu-près que, si même chaque “fonctionnaire” favorise son propre groupe, ledit groupe étant à chaque fois autre que le précédent la répartition des ressources sera, à moyen et long terme, assez égale dans l'ensemble de la société. Il existe d'autres processus qui augmentent encore cette égalisation, notamment quand un ”fonctionnaire” quitte sa fonction un audit a lieu, pour vérifier qu'il n'a pas un peu trop “piqué dans la caisse” ou un peu trop “placé ses pions”, nommé à des postes secondaires mais dont le mandat est de plus longue durée un peu trop de membres de son propre groupe, mais le principal mécanisme de lissage est cette circulation des fonctions les plus éminentes. Problème, ça ne peut pas fonctionner harmonieusement “pour les siècles des siècles”.

Sans même considérer des causes internes ou externes descriptibles, d'un point de vue formel, comme des “complots” (pour reprendre l'exemple de notre actuel président de la République française, autant que je le comprenne il ne participe pas strictement à un complot mais cette tendance normale à vouloir favoriser son propre groupe combinée à la persistance d'occupation d'une fonction éminente par les mêmes personnes d'un même groupe induit une dérive qui a toutes les caractéristiques d'un complot – ce qui n'exclut bien sûr pas l'existence de complots stricto sensu, cas actuel par exemple de ce qui est placé sous l'étiquette “affaire Benalla”, qui est proprement un complot, certes un complot mis en place par des pieds nickelés assez pitoyables mais du moins un complot, Benalla et sa petite bande ayant profité de leur insertion dans le “groupe de pouvoir” pour procéder à un détournement de ressources sociales à leur seul profit et au détriment de la société, en violation de leurs obligations envers la société), le simple fait qu'un groupe particulier accapare continument et durablement les positions les plus éminentes dans une société de niveau supérieur aux structures de base génère une inégale répartition des ressources sociales, une corruption du système.

J'en ai discuté à plusieurs reprise par ailleurs (sur mon site personnel notamment mais bon, j'ai déjà fait une fois sa promotion dans ces billets, c'est une fois de trop, on se contentera de ce que j'en dis ici), la corruption détruit la société. Les dénonciateurs de la corruption visent en général les seuls corrompus ou les seuls corrupteurs, ou les corrompus et les corrupteurs, mais oublient le plus souvent le troisième acteur de la corruption, le témoin. De fait, le pire des trois est le corrupteur, mais de fait aussi chacun des trois est “dans le pire” en consentant à la corruption ou en ne la dénonçant pas. L'idée très, trop diffusée que “la délation c'est mal” est inexacte, le mal c'est la fausse délation, la dénonciation sans preuve ou sans motif sérieux et valable. Moi-même je consens à la corruption car je suis un faux témoin: je la constate et ne la dénonce pas. Pourquoi? Parce que je vis dans une société corrompue. Et dans une société corrompue le blâme atteint le porteur du message et non le message et ce qu'il révèle. Si tous sont corrompus, corrupteurs ou témoins de la corruption, qui voudra recevoir le message qui dit sa propre honte, sa propre corruption, sans accabler le porteur du message?

Comme dit, une des causes principales de dysfonction de la société est l'usurpation de fonction, la persistance d'occupation d'une fonction par une même personne, un même groupe. Mais elle ne se réalise pas comme ça, par miracle ou “naturellement” – le destin, la fatalité. La cause première de cet état des choses est la corruption, une corruption systémique: pour une personne active et industrieuse, rien de pire qu'une “position de pouvoir” ou qu'une “position de puissance”, quand on est “au pouvoir” on est impuissant, quand on est “en puissance” on n'a pas de pouvoir, du fait, si elle a l'opportunité de n'être ni au pouvoir ni en puissance dans le cadre de la société, d'occuper une fonction de pouvoir ou de puissance, elle y consentira aisément. En un paradoxe apparent, les personnes qui consentiront facilement à être “au pouvoir” sont celles qui se sentent intimement incapables, qui “ne peuvent pas”, celles qui consentiront facilement à être “en puissance” se sentent intimement impuissantes, sans force, sans vigueur. Paradoxe apparent parce qu'assez logiquement se trouver en fonction de pouvoir “donne du pouvoir”, en fonction de puissance “donne de la puissance”. Problème, leur sentiment intime d'incapacité ou d'impuissance ne cesse pas, ils se sentent des usurpateurs – ce qu'ils sont, d'ailleurs –; pour compenser leur défaillance toujours possible, toujours latente, il leur faut “plus de pouvoir”, “plus de puissance”, donc plus de ressources. Ce qui ne réduit pas pour cela leur sentiment d'usurpation, donc leur besoin de plus de ressources pour pallier cette usurpation. C'est un mouvement sans fin, comme ils attribuent leur défaillance à une cause externe, un “manque de ressources”, quel que soit le niveau des ressources dont ils disposent, il sera toujours insuffisant puisqu'il ne contribue en rien à réduire la cause réelle de leur sentiment de défaillance, qui est interne.

Les ressources sociales sont de deux ordres, les ressources substantielles et insubstantielles. Factuellement, toute ressource est à la fois substantielle et insubstantielle, on peut nommer ces deux ordre “matière” et “énergie”, et comme on le sait désormais (on le sait de longue date mais du moins, nous nous sommes dotés ce dernier siècle des instruments nécessaires pour valider incontestablement le fait), énergie et matière sont des cas l'une de l'autre, toute matière est “de l'énergie potentielle”, toute énergie “de la matière potentielle”. En fait, l'énergie “utile” est celle susceptible d'augmenter la disponibilité de matière, la matière “utile” celle susceptible d'être assez facilement convertible en énergie. Comme cette transformation de l'une en l'autre est malaisée et risquée, le “taux de conversion” est assez bas: il faut beaucoup d'énergie électromagnétique pour augmenter le “niveau énergétique” d'un atome, et quand une cellule “tire de l'énergie” d'une molécule, elle en tire fort peu, elle en tire d'autant moins qu'une part non négligeable de cette énergie servira à se débarrasser de cette molécule ou de ce qui en reste, qui devient pour la cellule un “déchet”, une matière sans utilité et parfois nocive. La différence est bien plus effective qu'objective: les ressources utilisées en tant qu'énergie sont, pour la société, “de l'information”, celles utilisées en tant que matière, “des moyens”, “des instruments”, “de la nourriture”, l'insubstantiel est “du flux”, le substantiel, “du stock”. Là encore ils sont indivisibles, on ne peut pas séparer “le corps” et “l'esprit”, pour transporter du stock il faut le porter par un flux, pour entretenir un flux il faut le nourrir avec du stock, dit autrement, si je veux transporter une marchandise d'un point à un autre il me faut une source d'énergie qui la déplace, active (carburant) ou passive (courant fluvial), pour disposer d'énergie porteuse d'information, d'un flux informationnel, il faut un stock de matière convertible, le même carburant ou le même courant en tant que matière vectrice d'énergie.

Une société systémiquement corrompue procède à des transferts de ressources dont la seule fonction est d'augmenter les capacités fonctionnelles des usurpateurs, les personnes “au pouvoir” ont pour première fonction d'assurer le flux et ont donc nécessité à augmenter leur stock de matières convertibles, les personnes “en puissance” ont pour première fonction d'assurer le stock et ont donc nécessité à dépenser plus de flux. Ces deux augmentations n'ont aucune incidence réelle sur la disponibilité effective de stock et de flux mais réduisent leur disponibilité globale. Comme les uns et les autres font le même constat, il n'y a pas d'amélioration significative de stock et de flux socialement utiles, ils en tirent la conclusion que cette stagnation est due à l'insuffisance de leur propre disponibilité de stock et de flux, donc ils l'augmentent encore, jusqu'au point où, augmentant sans cesse leur stock et leur flux ils contribuent non plus à la stagnation mais à la récession puisqu'ils prélèvent ce stock et ce flux socialement inutiles dans ceux socialement utiles.

Exemple dans mon actualité: Emmanuel Macron, qui n'est rien sinon une des pièces du groupe “au pouvoir”, lui ou un autre sont interchangeables, je le nomme parce qu'il est représentatif actuellement de ce système mais en soi il est insignifiant, Emmanuel Macron donc, a trouvé une solution très très originale pour régler le problème des “zones de non droit”, des zones en déshérence, des “zones perdues de la République”, dont les quatre problèmes endémiques sont le manque de mobilité, le manque de possibilité locale d'emploi, le manque de services publics et le manque de diversité sociale (il y a beaucoup de personnes non imposables dans ces zones, d'où un manque de moyens pour les collectivités locales). Sa solution? Plus de policiers. Ah d'accord! Mais euh! C'était aussi la “solution” sous la présidence Hollande? Et aussi la “solution” sous la présidence Sarkozy? Et aussi, la “solution” sous les présidences Chirac? Donc elle n'est pas vraiment originale? Euh oui, pas très originale, c'est vrai… Et ça a réduit la perdition des zones perdues? Euh non, pas vraiment, c'est même un peu le contraire… Ah d'accord! Donc, la solution du problème est de faire en plus gros ce qui a échoué à réduire le problème et a plutôt contribué à l'augmenter? Euh, en quelque sorte oui…

Je suppose toujours que mes semblables ont de bonnes intentions, en ce cas je suppose que notre actuel exécutif veut “bien faire” (nonobstant les petites frappes et les escrocs de bas étage qui profitent des dysfonctions du système pour tenter de faire leur pelote, genre Benalla et sa bande, mais ce sont des épiphénomènes, ces dérives ne sont pas proprement structurelles mais profitent des failles de la structure), mais comme presque toutes ses solutions sont “la même chose en plus gros”, loin de réduire le problème, ils contribue à l'augmenter – le même problème “en plus gros” PARCE QUE la même solution “en plus gros”. Bon: plus de policiers. Donc plus de moyens pour la police à ressources constantes. Va falloir les trouver, les ressources “nouvelles” pour la police. Comme il n'y en a pas de nouvelles, il va falloir les trouver dans le stock ou le flux disponible. Et ben, vu qu'on met un pognon fou dans les systèmes de régulation sociale à destination des populations défavorisées, on va les prendre là. Ah tiens! Bizarre! Plus on met de policiers pour remettre “de la République”, plus il y a “perte de République” dans ces zones? Bon ben, on va remettre une couche de République policière pour corriger ça. En outre, ça contribue à augmenter le niveau de “nondroi-ité” par le simple fait qu'au lieu d'être contrôlés quatre fois par jours, les “perdus de la République” le seront six, huit, dix fois. Ce qui ne contribuera pas vraiment à la “paix sociale”.

Le problème central (cas de le dire…) est simple: en France (et dans d'autres pays mais bon, je suis particulièrement intéressé au cas français, rapport au fait que je vis en France – comme dit, je suis plutôt égoïste et subjectif, c'est ainsi, Ma Pomme d'abord!) la régulation sociale est massivement décidée et mise en place par l'exécutif et les administrations centrales, les ressources disponibles des collectivités publiques sont donc très centralisées et assez peu redistribuées, cette redistribution étant en outre principalement dévolue à des structures locales directement dépendantes de la structure centrale, de moins en moins aux structures des collectivités locales. Nécessairement, les solutions de la structure centrale prises en charge par la structure centrale ne sont pas conçues pour adapter les moyens aux besoins mais les moyens aux moyens: si la solution “zones perdues” sont policières c'est moins tant parce que les décisionnaires croient réellement que cette supposée solution a quelque chance de résoudre le problème considéré que parce que les structures les plus adaptées à la recherche d'une solution vraisemblable et efficace ne sont pas directement dépendantes de la structure centrale. On se trouve donc avec une situation où les ressources disponibles pour les structures locales sont toujours moindres alors que les missions qui leurs sont dévolues sont toujours croissantes, alors que les ressources des structures centralisées sont toujours croissantes pour des résultats toujours moindres voire contreproductifs.

Bon, je me relis un peu…

Mmm… Je le présumais: va me falloir remettre à plus tard – et peut-être à la Saint-Glinglin – cette histoire de Sabre et de Goupillon. Tant pis…

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.