Je tire mes, disons, mes concepts d'un peu tout, d'un peu tous, sans toujours adhérer aux propos qui les accompagnent. De mon expérience de lecteur et d'auditeur de radio, beaucoup de personnes ont des analyses assez intéressantes mais en tirent des conséquences pas très intéressantes. Un auteur entre autres m'agace, René Girard. Il a écrit pas mal de choses sans intérêt et un peu trop délayé ses quelques idées pertinentes dans une sauce à la moraline qui les rendait insipides, banales, quelconques. C'est ainsi. Une idée entre autres est celle de la réciprocité violente. Sa manière d'expliquer le phénomène me semble plutôt curieuse, censément c'est un anthropologue, historien et philosophe français, nous dit Wikipédia. Ouais. Anthropologue je veux bien mais alors dans l'acception de la théologie chrétienne. Philosophe, qui ne l'est pas? C'est trop souvent l'étiquette commode pour désigner les “penseurs” qui pensent tous seuls dans leur coin, ce qui leur évite de réfléchir – ça fatigue les neurones, de réfléchir. Historien peut-être mais à la manière dont on l'est parfois quand on se forme à l'École des Chartes, philologue et vaguement historien de la littérature – je ne veut pas généraliser, beaucoup de chartistes sont assez ou très intéressants, mais certains ont du mal à sortir des livres pour contempler un peu la réalité ordinaire. Mais donc je fais mon miel de tout, même du pire, genre Carl Schmitt, un – mes excuses Gilbert! – con fini et en plus, probablement un salaud, qui me sert précisément comme exemple de la capacité de sales types à se donner l'apparence d'énoncer des Vérités Évidentes et Éternelles avec un talent éminent de rhéteurs et de sophistes. Girard c'est moins pire, de ce que j'en comprends c'était un gars honnête mais avec des capacités de discernement quelque peu limitées. J'insulte, j'insulte, je me la joue Être Supérieur mais c'est juste pour donner de la densité à mes propos, disons que Girard me fait l'impression d'un gars un peu trop marqué par l'idéologie chrétienne en version béni-oui-oui, ce qui l'empêcha d'explorer vraiment ses hypothèses quand elles allaient contre ses convictions. Sans vouloir trop me moquer mais en le faisant quand même, un gars qui ose sérieusement intituler un de ses bouquins Des choses cachées depuis la fondation du monde, ça me laisse songeur...
Donc, la réciprocité violente. Je ne discuterai pas des élucubrations girardiennes, mais du moins je le remercie pour le syntagme (il ne recevra pas mes remerciements, à mon avis, vu qu'il est mort en 2015. De l'autre bord, s'il fut de ce genre de chrétiens qui croient sincèrement qu'il y a une vie après la mort, et s'il a raison, ce dont je doute, il les recevra peut-être. Remarquez, si c'est comme ceux qui y croient le disent, il doit être occupé à contempler la face de Dieu pour l'éternité, donc les choses – non cachées – de ce monde ne doivent plus trop le concerner). La réciprocité du titre est potentiellement violente, parce que les deux “mouvements” sont en vis-à-vis, en mouvement donc mais en mouvement contraire – en fait, on peut dire qu'ils vont “dans le même sens”, genre en avant, mais pas dans la même direction, l'un va vers l'est, l'autre vers l'ouest, ou le sud et le nord, comme on veut – et que s'ils se rencontrent, et ben, chacun ira dans le mur que constitue son vis-à-vis. Où Girard me pose problème, c'est sur son hypothèse concernant la manière de rendre cette réciprocité non violente, qu'on dira “théorie de l'agneau émissaire”, en gros, pour réduire ou annuler la violence il faut sacrifier un agneau qui portera tous les péchés du monde: comme l'agneau c'est gentil et joli, contrairement au bouc, après son sacrifice les violents réciproques, qui aiment les mignons agneaux, seront très très contrits et très très malheureux et ça le rendra doux comme des agneaux. D'accord. Ce coup-ci je serai méchant, cette philosophie est très dans la ligne du “cléricalisme” dont on parle en ce moment, vous savez, genre «Laissez venir à moi les petits enfants». Se méfier des pasteurs qui aiment beaucoup trop les agneaux et de beaucoup trop près.
Pour être moins méchant et plus précis, son hypothèse principal est qu'un jour un type a décidé de “porter sur lui tous les péchés du monde”, puis est allé au sacrifice, et ce jour-là tous les péchés du monde sont morts avec lui. Petit problème: peu après il ressuscitait et depuis il vit dans les Cieux «pour les siècles des siècles», sinon qu'un jour il reviendra sur la Terre pour remettre ça mais cette fois sera la toute dernière. Vous percevez l'aporie? Non? Si c'est oui, passez à l'alinéa suivant. L'aporie (la «contradiction insoluble dans un raisonnement») est que si tous les péchés du monde sont morts avec lui et n'ont, supposons, pas ressuscité avec lui, pourquoi devrait-il revenir plus tard pour résoudre le problème des péchés du monde, des faux prophètes et de la Bête qui a un nombre sur le front et qui répandra la division entre les humains? Vous voyez le problème: la question a été définitivement réglée il y a en gros deux mille ans mais va falloir la régler de nouveau par après. Conclusion, le sacrifice de l'agneau n'est pas la solution pérenne pour la réciprocité violente puisqu'on doit faire comme avec le bouc qui est tout moche et qui pue, répéter plusieurs fois le processus.
D'évidence, tout ce monde est En Marche! Et tout ce monde est en uniforme. L'armée du Bien avance contre l'armée du Bien. Ce qui pointe une autre limite de l'hypothèse girardienne: Girard est partisan, donc il est dans l'armée du Bien, l'armée du Christ. Il perçoit le supposé sacrifice de Jésus comme une solution parce que de son point de vue il fut le vecteur et le porteur du Bien, ce qui va à l'inverse même du message évangélique: Jésus porta le Mal, il porta “tous les péchés du monde”. Tout son parcours, tel que proposé dans les Évangiles, est une suite d'erreurs, d'échecs et d'incompréhensions, entre autres, chaque fois qu'il prévient ses apôtres de ne pas répandre la nouvelle qu'il a opéré un “miracle” il ne manquent de la répandre, le premier lieu où il est proche de se faire précipiter dans un abyme et sa ville même. Après qu'il eut fait un sermon dans la synagogue de Nazareth, ses auditeurs
«furent tous remplis de colère dans la synagogue, lorsqu’ils entendirent ces choses. Et s’étant levés, ils le chassèrent de la ville, et le menèrent jusqu’au sommet de la montagne sur laquelle leur ville était bâtie, afin de le précipiter en bas».
La veille de son calvaire, il prévient que l'un des siens l'a trahi, ce que tous (sauf le traître bien sûr) refusent de croire, ce à quoi il ajoute, et tous refusent de nouveau de le croire, qu'ils le trahiront ou l'abandonneront tous au moment où il aura le plus besoin de secours, et annonce à celui dont il a dit qu'il sera la pierre fondatrice de son Église qu'il le reniera trois fois avant que chante le coq, ce qu'ils refuse de croire. Et bien sûr, tout cela a lieu. Le message le plus important de ces Évangiles est: nul ne peut voir la vérité en face qu'il ne la refuse, la rejette ou veuille la détruire. Le récit de sa vie est le récit d'un échec annoncé, l'échec de la vérité, l'échec de la bonne parole, le triomphe du mensonge et de la fausse parole. Le triomphe de l'erreur. Donc, le sacrifice de l'agneau n'est pas plus une solution à la discorde et à la violence réciproque que ne l'est le sacrifice du bouc, et rien ne se construit de bien qui se fonde sur la violence, le mensonge et le sacrifice du semblable comme autre, comme autre radical. Jésus est “fils de l'homme” mais depuis deux mille ans (enfin, un peu moins, plutôt depuis environ mille sept cent ans) on l'honore comme un père et un dieu. Ratage intégral. Le gros flop. Jésus tricard.
Donc, le Bien affronte le Bien. On caricature autant Emmanuel Macron et son “mouvement” que le “mouvement” des Gilets Jaunes, et on les caricature en symétrie, les supposés partisans ou opposants des deux camps caricaturent indifféremment les deux camps et ont un discours symétrique, nous sommes dans le Vrai et le Bien, ils sont dans le Faux et le Mal. Avec une philosophie politique aussi sommaire et intolérante, on comprendra que le dialogue et le débat ne peuvent pas émerger. Si l'on interprète la désignation du mot “mouvement” en une acception autre que celle la plus évidente, et en outre en n'en retenant qu'une partie, le mouvement comme «groupement, parti, organisation qui animent des actions visant au changement politique ou social» en ne retenant que la partie «groupement, parti, organisation», on sera, eh!, dans l'erreur, les deux mouvements sont peut-être des groupements bien que les multiples dissensions internes de part et d'autre ne le démontrent pas, peut-être des partis au sens où ils font preuve de partisianisme, mais en tout cas ce ne sont pas des organisations, ils “font groupe” mais ne sont pas regroupés, coordonnés, sinon quand ils enfilent leurs uniformes pour marcher d'un même pas dans la même direction. Ce sont des mouvements notamment selon cette acception: «Déplacement en groupe de personnes ou d'animaux ayant adopté un même comportement sous l'effet de causes diverses». Je vous conseille de consulter l'article du Trésor de la langue française sur le mot, le substantif “mouvement”, il est d'une grande richesse. En tout cas ce sont des mouvements essentiellement parce que leurs membres “se meuvent”, “sont en mouvement”, En Marche! Et en uniformes. Les deux armées du Bien avancent l'une contre l'autre. C'est sûr, quelle que soit l'issue de tout ça, si du moins l'une des armées “triomphe”, dans tous les cas ce sera “le triomphe de l'armée du Bien” mais avec l'instrument du Mal, la violence...
La solution n'est donc pas le sacrifice de l'agneau, du bouc, de la colombe, du crapaud ou d'un humain mais la conciliation. Or un médiateur risque fort de finir comme l'agneau ou le bouc bibliques, incompris et sacrifié. On dit, «nul n'est prophète en son pays», ce qu'illustre la parabole évangélique citée ici, on dira aussi bien «nul n'est prophète hors de son pays», et plus simplement, «nul n'est prophète», en son pays ou ailleurs, en son temps ou après son temps. Parce que nul ne peut porter la Bonne Parole qu'elle ne soit refusée, incomprise, transformée ou inversée par un majorité. Par expérience, je sais, car je discute avec tout le monde et entend tout le monde, que les Gilets Jaunes comme les Foulards Rouges, ceux honnêtes, qui là aussi de mon expérience sont une majorité, ont le même discours: “nous sommes dans l'erreur” mais “les autres vont dans la mauvaise direction”. C'est quelque chose qui a été étudié et qualifié entre autres par un domaine de recherche à la croisée de deux discipline, la psychosociologie – pour mon compte je suis plutôt dans l'optique “sociopsychologie”, une spécialité dont mon correcteur orthographique en la soulignant de rouge qu'elle n'est pas admise, donc dans cette optique en ce sens que selon moi le “psychique” est une conséquence du “social” plutôt que l'inverse, mais comme les deux sont indissociables ça importe peu, cela dit si on part de la prémisse que l'on peut contribuer à modifier le comportement en agissant sur, je ne sais, les pensées? L'âme? Disons, l'esprit en tant que qualité interne de l'individu, bref, la prémisse que l'on modifie les comportement en agissant sur l'esprit, on risque fort d'être moins efficace que si on part de la prémisse qu'on modifie l'esprit en agissant sur le comportement.
Je ne suis pas, comme l'a écrit un jour Gregory Bateson tenant d'une «conception extrêmement bornée du behaviourisme contemporain», ou non contemporain d'ailleurs, néanmoins j'ai une approche plutôt comportementaliste. Remarquez, lui aussi, avec cependant une conception non bornée, l'étude des comportements n'est pas une fin mais un moyen. Imaginons que vous vouliez amener un chien à saliver à la demande: allez-vous essayer d'y parvenir en discutant avec lui, en tentant de le convaincre, de “changer son esprit”, ou en lui faisant consommer un produit supposé “modifier sa conscience”, ou allez-vous mettre en place des procédés qui agissent sur des comportements réflexes? La solution “discuter le coup” est envisageable mais prendra un temps extrêmement long pour un résultat assez instable, un chien n'est pas un éléphant ou un dauphin et a des capacités de discernement assez limitées; la solution chimique peut être très efficace mais est transitoire puisqu'on doit renouveler indéfiniment l'opération, et fondamentalement aléatoire parce que si on fait des erreurs de dosage on n'obtiendra pas le résultat attendu. Entre autres expériences, celles de Pavlov sur le conditionnement par excitation dirigée des actes réflexes, par action sur le comportement, montrent qu'on peut se passer de toute hypothèse sur “l'esprit” et de toute action dirigée vers lui pour obtenir un changement de comportement efficace et durable pour autant qu'on renouvèle régulièrement et à peu de frais ce conditionnement.
Trois concepts de psychosociologie m'intéresse ici:
«Attribution causale Inférence par laquelle nous expliquons les événements du monde social qui nous entoure (et plus particulièrement les comportements, que ce soit les siens ou ceux d’autrui).«
«Attribution interne Explication du comportement d’une personne par des facteurs liés à la personne elle-même, c’est à dire essentiellement ses intentions, mais aussi sa motivation (-> effort) et ses capacités.«
«Attribution externe Explication du comportement d’une personne par des facteurs extérieurs à la personne, tels que notamment les contraintes liées à la situation, la difficulté de la tâche et le hasard». (repris de Définitions des principaux concepts de psychologie sociale par Eva Louvet).
La tendance habituelle pour un individu est de chercher une cause effective à ce qui lui apparaît être une conséquence, de privilégier les causes internes pour ce qu'il considère avoir fait “bien”, externes pour ce qu'il considère avoir fait “mal”, et d'inverser le type d'attributions pour “les autres”, qui sont donc réputés la cause de leur actions mauvaises, la conséquence d'une situation pour leurs actions bonnes.
Dans plusieurs textes de ce “blog” mais surtout dans des textes beaucoup plus précis et détaillés de mon site personnel, j'explique une chose évidente mais pas très acceptée par mes semblables pour leur propre cas, l'humanité en tant que comportement n'est pas native et se réalise à la suite d'un longue phase de conditionnement. Dans un de mes billets je fais une plaisanterie assez cruelle donc assez juste. J'ai essayé de la retrouver pour la citer mais bon, j'écris trop pour pouvoir aussi facilement y retrouver mes petits, donc je l'évoque sans la citer. Finalement non, je cherchais au mauvais endroit, dans un corps de texte alors que ça figurait dans une introduction. Je me décris parfois comme un acharné de la documentation, quand je ne compose pas un libelle, où la validité factuelle des arguments est secondaire, j'apprécie la précision parce que, comme je le dis souvent, il faut toujours vérifier. Là il ne s'agit pas proprement de vérification mais de précision: quand on se réfère à un élément de la réalité il est bon de prouver que ce qu'on affirme est réel. Donc, j'ai fait cette plaisanterie et je le prouve en la citant et en citant sa source, La vérité est ineffaçable:
«Les dérisoires efforts des petits chieurs de la Ligue du LOL pour glisser leurs étrons sous le tapis leurs font oublier l'odeur. Eh! Quand on patauge en permanence dans la merde, on ne la sent plus. Nous si, quand nous approchons d'une merde, même glissée sous le tapis, nous la sentons, parce que nous n'avons pas l'habitude, chez nous les gens chient dans les chiottes et non au milieu du salon...».
Hormis le caractère plaisant de cette citation (enfin, plaisante de mon point de vue, je pratique le genre d'humour ou d'ironie qui me plaisent chez les autres donc ça me plaît. Je ne suis pas proprement de parti-pris, c'est une plaisanterie à mon goût, sans plus), m'y intéresse la fin, «nous n'avons pas l'habitude, chez nous les gens chient dans les chiottes et non au milieu du salon». Symboliquement, les LOListes «répandent leur merde n'importe où» et aussi n'importe quand, ce qui est le comportement naturel d'un humain non socialisé. Je signale “naturel” parce que je ne sais pas trop ce qu'est la “nature” en tant qu'opposé de la “culture”, le terme signale simplement ici qu'une des phases de la socialisation des humains (et de toutes les espèces sociales) et de conditionner ses membres, donc de leur faire adapter un comportement non inné que l'on peut définir comme culturel, tel qu'ils apprennent qu'on doit contrôler ses sphincters rectal et, je ne connais pas le terme “médical” (technique), disons urinal et à ne pas déposer ses déjections en certains lieux, on les conditionne à ne pas chier et pisser n'importe quand et n'importe où: le comportement “normal” est de chier quand et où ça nous prend, le comportement socialement admis est donc “anormal” et consécutif à un conditionnement assez long, deux ou trois ans, parfois plus, et parfois certains individus n'arrivent pas à intégrer ce conditionnement ou, pour diverses raisons, le perdent, ne le réalisent plus. Quand on discute de ce type de conditionnements rares sont les personnes (bien qu'il y en ait) qui considèreront qu'on est “naturellement propre” et qu'on a un organe inné du contrôle des sphincters, et même quand on discute de la phase de socialisation suivante, les comportements de base permettant de ne pas s'affronter à des inconnus en ne respectant pas certains codes, entre autres faire attention à son environnement et spécialement aux humains quand on circule dans l'espace social et faire preuve de politesse, mais si on passe à des phases plus complexes de socialisation, arrivent souvent des réticences et des contestations, mais non, si je suis de gauche / de droite / du centre (rayez les mentions inutiles) c'est par choix! Par libre décision!
Les personnes ayant un assez haut niveau de discernement, ce type d'intelligence qu'on peut nommer réflexive et qui a peu de rapports avec cette forme d'intelligence non réflexive que mesurent pour l'essentiel les tests de “quotient intellectuel” (une partie de ces tests mesure aussi le discernement mais pour l'essentiel ils évaluent l'intelligence non réflexive, la simple accumulation de connaissances) savent que tout comportement acquis dans le cadre d'une société humaine et sans utilité vitale en-dehors de cette société est le fruit d'un conditionnement, soit qu'elles le découvrent, soit qu'on le leur apprennent et qu'elles le comprennent, être “de gauche” ou “de droite” peut être la conséquence d'un choix délibéré mais résulte le plus souvent d'un conditionnement, soit que l'on approuve ce conditionnement, soit qu'on s'y oppose. Comme le disent ces deux proverbes contradictoires, «à père avare, fils prodigue» et «tel père, tel fils», tantôt on accepte et on reproduit ce conditionnement, tantôt on le refuse et on adopte un comportement en opposition ou en contraste, dans tous les cas on doit par nécessité se conformer à un comportement de ce genre pour pouvoir entrer dans un groupe social. Je prends le cas assez simple des positionnements politiques mais ça vaut pour tout: que le fils de médecin accepte ou refuse de suivre la même voie, à l'issue de sa décision plus ou moins volontaire il devra opter pour une voie socialement admissible ou sera refusé de tout groupe social “normal”, ayant une norme interne acceptable par la société globale, et soit devra sortir de l'espace social, soit intégrer un groupe “anormal”. Ce qui n'induit pas que ce groupe sera, que dire? Contraire à la société? Quelque chose de ce genre. Pour exemple, ce qu'on place sous l'étiquette générale des “artistes” est considéré le plus souvent anormal mais tolérable et même socialement utile, les artistes forment des groupes considérés “asociaux”, des “pas comme nous” selon les déterminations d'un profil social moyen, et font l'objet d'une appréciation contradictoire, on les admire pour leur art (enfin, pas tous...) mais on les déprécie comme individus car supposément trop écartés du comportement moyen admissible.
Pour reprendre une terminologie chrétienne, un “apôtre” est une personne ayant du discernement mais pas nécessairement un haut “QI”, non qu'elle ait spécialement des “capacités intellectuelles limitées”, simplement elle n'a pas un niveau moyen dans ce type d'intelligence que mesurent les tests de QI, un “prophète” une personne ayant du discernement ET un haut “QI”. Je plaisante parfois les personnes qui adhèrent à des associations de “surdoués” parce que j'ai pu constater que beaucoup d'entre elles manquent de discernement: aux tests de QI elles obtiennent un score élevé et en tirent un sentiment de supériorité, mais il n'est pas certain et selon moi il est peu probable que si on inventait un jour des tests de discernement elles aurait un score élevé. Pour avoir fréquenté les universités, j'ai pu constater que les étudiants qui réussissaient le mieux n'était pas nécessairement ceux ayant le plus de discernement, du moins jusqu'au niveau de la maîtrise (actuellement le nom a changé mais non le niveau, c'est que sais-je, “licence II” , “master” ou “peau d'âne échelon III“, disons, la quatrième année d'études supérieures) ou du DESS (là encore je ne sais pas quel est le nom actuel, cherchez sur Wikipédia, il doit y avoir un renvoi vers le nom actuellement, et provisoirement, officiel, disons, le diplôme “professionnalisant” de cinquième année), au-delà on sélectionne de préférence les personnes ayant du discernement, ça aide quand on fait de la recherche. Avoir à la fois du discernement et un haut QI n'est pas si rare mais pas si répandu non plus. Des personnes de mon genre peuvent à l'occasion “faire le prophète”, mais des personnes de mon genre aiment autant ne pas. Rapport au fait que c'est dangereux et souvent, pas d'une remarquable utilité. Vous me lisez, vous pensez probablement, je suppose, que mon discours est assez raisonnable et plutôt convaincant dans les grandes lignes – je suis très intelligent mais pas au point de ne jamais écrire de conneries, j'en dis ou écris autant que n'importe qui, en fait mon haut QI et mon discernement me permettent probablement plus que nombre de mes semblables de constater qu'en effet je raconte pas mal de conneries, mais ça ne me pose pas de problèmes, c'est ainsi, le jour où vous rencontrerez l'Être Parfait, signalez-le moi, que je puisse découvrir cette merveille, cette aporie, un être vivant qui n'est jamais dans l'erreur.
Je ne vous connais pas mais statistiquement vous avez une opinion partisane en ce qui concerne l'opposition Gilets Jaunes / Foulards Rouge, peut-être modérée, peut-être tranchée, mais partisane. Si par hasard nous nous rencontrions dans le cadre d'un débat réunissant des “plutôt jaunes”, des “plutôt rouges” et des “plutôt nuancés”, arriveront nécessairement des moments où il faudra opter pour une des trois tendances: si vous êtes plutôt jaune ou rouge, pensez-vous sérieusement que vous opterez pour la nuance? Soit précisé, dans les interactions directes je suis nettement moins rentre-dedans et nettement plus conciliant que dans mes écrits, spécialement ceux que j'ai rédigés ici. Nettement plus nuancé. Et soit précisé, j'ai plus d'une fois participé à des débats réunissant des “plutôt jaunes”, “plutôt rouges” et “plutôt nuancés”, et par expérience, les personnes plutôt nuancées ont beaucoup de mal à se faire comprendre, sinon par les personnes plutôt nuancées. Si maintenant je devais tenter de concilier des partisans des tendances jaunes et rouge non pas “plutôt” mais “très” l'une ou l'autre tendance, pensez-vous que je serais audible, ou pensez-vous que les pierres risquent de m'être lancées depuis les deux camps? Prophètes c'est chouette comme truc quand c'est dans les livres, dans la réalité c'est nettement moins chouette...
La réciprocité non violente, c'est une chouette idée sur le papier ou sur un écran...