Personne ne peut être un “bon parent” seul dans son coin. On dit qu'on apprend de ses erreurs, c'est souvent vrai mais quand ces erreurs on les commet à l'encontre de ceux dont on a la responsabilité, une fois commises elles sont irréparables. La manière ni bonne ni mauvaise d'éviter cela est de partager sa responsabilité, d'être réciproquement “le gardien de son semblable”. Raison pourquoi un parent de doit jamais, dans la phase critique allant en gros de la naissance d'un enfant à ses six ou sept ans, reporter sa responsabilité sur “un autre” mais sur “un semblable”, précisément sur plusieurs semblables.
Une des plus perverses propositions du gouvernement actuel en France est l'obligation scolaire dès trois ans, elle implique que l'on confie l'éducation de ses enfants à des “irresponsables”, des personnes qui ne seront pas estimées responsables du devenir de ces enfants alors qu'elles seront en charge d'eux dans la période la plus cruciale, celle qu'on nommera proprement phase de socialisation. De la naissance à environ trois ans, un jeune humain apprend les comportements de base, je prends souvent l'exemple de la propreté, on ne naît pas “propre”, on le devient, on apprend à contrôler ses sphincters, à ne pas chier et pisser n'importe quand et n'importe où, ça n'a rien d'inné et ça prend un temps assez long, deux ou trois ans. On apprend aussi à parler, ce qui prend à-peu-près le même temps. Physiologiquement, et notamment pour le cerveau, un humain est à-peu-près achevé vers trois ans. Pour le cerveau, il passe en trois ans d'environ quatre cent grammes à environ un kilo, par après il gagne encore deux cent à trois cent grammes. Pour l'essentiel le gain en poids est du au développement de sa part non neuronale, en particulier le réseau de synapses qui mettent en relation les neurones; par la suite le réseau de synapses continue d'évoluer mais sans augmenter beaucoup, il se modifie pour créer de nouvelles relations. Le reste du corps est pour l'essentiel fonctionnellement fini vers trois ans et la croissance ultérieure le modifie en volume mais assez peu en structures. Certaines fonctions ne se développeront que quand le volume corporel sera proche de celui d'un individu adulte. Au passage, le fait que l'environnement humain actuel contribue à une “maturité sexuelle” à un âge bien plus bas qu'il y a seulement une trentaine d'années est un gros problème, les individus ne sont physiologiquement pas prêts à ce processus à huit ou neuf ans, il devrait ne se déclencher qu'à partir de onze ou douze ans. Ne faites pas manger de “veau aux hormones” à vos très jeunes enfants, ce n'est pas bon pour eux, lesdites hormones auront le même effet que sur le veau: hâter artificiellement certains processus physiologiques.
J'abrège: j'ai plutôt confiance dans nos enseignants mais la méthode efficace pour éduquer les enfants à la socialisation, donc dans la période qui, le plus souvent, va de trois à six ou sept ans, est de le faire avec le soutien mutuel de plusieurs adultes, non pas pour qu'ils contrôlent les enfants mais pour qu'ils se contrôlent les uns les autres, qu'ils se contrôlent avec bienveillance, en soutien mutuel. Du coup, j'évoque l'autre proposition perverse dans le même domaine, les petites classes d'environ douze enfants dans les premières années du primaire: ici la solution efficace n'est pas de petites classes avec un seul enseignant mais des classes plus grandes (à mon jugé, une trentaine d'élèves) avec deux enseignants et deux ou trois autres adultes, de préférence des parents, qui ne soient pas toujours les mêmes dans la même classe.
Conclusion, ne laissez pas venir vos enfants à ceux qui n'ont pas votre confiance, vos responsables politiques: ils les feront à leur image.