C'est assez simple: un prophète annonce toujours ce qui aura lieu, car il se contente de dire que ce qui fut vrai hier est vrai aujourd'hui et sera vrai demain. Mais comme son auditoire croit que la vérité d'hier n'est pas celle d'aujourd'hui, il ne peut croire que celle d'aujourd'hui sera celle de demain, alors il ne le croit pas. Les faux-prophètes disent que la vérité d'aujourd'hui n'est pas celle d'hier, donc celle de demain ne sera pas celle d'aujourd'hui, ce qui est nécessairement faux, mais comme il dit ce que peut accepter son auditoire, il est cru. Et bien sûr, quoi qu'il annonce, ça ne correspond jamais à ce qui advient, d'où la déception certaine de ceux qui l'ont cru. Mais comme ils persistent dans leur croyance imbécile, ils ne mettent jamais en cause cette croyance et reportent leur propre erreur sur les prophètes, tant les vrais que les faux.
Les vrais prophètes ayant prédit le vrai, et le vrai étant toujours décevant pour les croyants, ce sont les vrais prophètes qui subissent le plus de reproches, au motif que si ce qui advient est si décevant c'est de leur faute. On les qualifie alors de “prophètes de malheur”, ce qui est imbécile: il ne prophétisent ni le bonheur ni le malheur, l'un comme l'autre se produisent, qu'on le prophétise ou non, ils prophétisent le vrai mais le vrai est toujours décevant, donc les croyants, déçus, en sont malheureux. Et mettent leur sentiment de malheur au débit des prophètes.
Qu'est qu'on y peut? Rien. Les imbéciles sont d'une malheureuse constance dans leur imbécillité...