La politique française semble immuable et se déroule selon un calendrier électoral bien réglé, trop réglé sûrement. Ainsi, la campagne de la prochaine élection présidentielle de 2022, dans deux ans, commencera assurément après les municipales du printemps prochain, desquelles le Gouvernement aurait bien voulu effacer la représentation politique de la totalité des communes inférieures à 9000 habitants et surtout pour lesquelles le parti aux initiales du président n’est que très peu représenté.
Un juge a su mettre fin à cette supercherie, qui consistait a effacer plus de 40% de l’expression électorale, mais pour combien de temps ? On peut se demander ce que l’exécutif inventera pour les départementales et les régionales de 2021 qui résonneront comme les répétitions générales du suffrage à la présidentielle. Re-découpages des cantons ? Noyautage des Régions contre promesse de dotations ? Tout est possible avec ces professionnels du lobbying. Dès aujourd’hui, les prétentieux-ses se manifestent déjà en se rêvant monarques, alors que la défiance du peuple n’a jamais été aussi grande et que les trahisons du pouvoir socialiste précédent pèsent encore lourdement dans l’esprit des électeurs de gauche.
La malhonnêteté intellectuelle et politique est telle, depuis huit ans maintenant, que plus aucune formation politique n’a de grâce aux yeux des français. Le cynisme est presque devenu une qualité. En cause, les régressions sociales qui n’ont cessé depuis les années 90, voire depuis 1983 et le fameux tournant de la rigueur. Quant à l’écologie, les mensonges et les fausses mesures ont fini par dégoûter un peuple qui ne semble pas avoir pris conscience de la véritable catastrophe qui se dessine. Ce pouvoir est hideux. Comment peuvent-ils croire à ce qu’ils racontent ?
Dors et déjà, sur nombre de sujets, ce Gouvernement a perdu la bataille des idées et sur sa réforme des retraites, rien ne nous aura été épargné jusqu’au bidouillage des chiffres et des arguments les plus fallacieux et la manipulation de la pauvre Cfdt qui se ridiculise un peu plus à chaque réforme sociale.Le cynisme est total. Même si le Gouvernement persiste et impose par la force ce texte que tout le pays refuse, les conséquences électorales seront fortes, mais ce pouvoir présidentiel pourrait encore s’en sortir avec le chantage et la peur à l’extrême droite en 2022.
Pourtant, l’amère expérience que le peuple français subit en ce moment et depuis bientôt trois ans, devrait nous inciter à retenir la leçon. La belle démocratie que nous avions jadis a accouché d’un régime autoritaire, certes pas encore totalitaire, mais dans lequel les libertés individuelles ont été rabotées comme jamais, avec lequel la brutalité policière s’exerce chaque jour et dans lequel les parlementaires de la majorité ne font preuve ni d’esprit critique, ni de conscience personnelle et se retrouvent comme les moutons de Panurge prêts à sauter dans l’eau croupie de réformes nauséabondes.
La prochaine élection présidentielle fera s’affronter, encore une fois, quelques bonimenteurs avec de belles promesses et au bout du chemin, le sempiternel chantage aux forces du mal pour lesquelles le terrain est déjà bien préparé. Une fois de plus nous allons nous faire avoir, pour choisir au bout du compte, le candidat que les français jugeront le moins pire, qui une fois élu mettra ses belles promesses à la corbeille et finira de saborder les conquêtes sociales que nos ainés ont si chèrement gagnés. En gros nous aurions le choix de tout perdre avec l’un ou de tout perdre avec l’autre, la seule différence se fera dans la forme que pourrait prendre cette perte. Rapide ou plus lente et plus ou moins brutale.
Une autre solution est possible. Refusons ce jeu de dupe. Refusons de participer à cette élection monarchique et touchons par l’abstention à la crédibilité présidentielle. Refuser la règle immuable de la cinquième République qui consacre le monarque, peut faire revivre la démocratie si au contraire la priorité de l’élection est toute autre. Les bulletins blancs ne sont pas comptabilisés, seul un vote sans valeur démocratique et par une forte abstention, avec par exemple 25% maximum des inscrits sur les listes électorales serait un véritable camouflet. Sans la valeur de l’être suprême, un-e député-e candidat-e à la législative qui suit, ne pourra pas se prévaloir d’une majorité présidentielle et devra forcément annoncer la couleur de ses futures positions ou des ses futurs votes à l’Assemblée Nationale. Sans la crédibilité du pouvoir présidentiel, le résultat de la législative devient aléatoire et la seule chance démocratique du peuple français réside précisément dans ce caractère aléatoire. Vu le contexte, les futurs-res députés-es devront être convaincants-es.
Le talon d’Achille de la cinquième République c’est justement son principal représentant, le président. Si celui-ci n’est plus légitime, le système s’effondre de lui-même, puisque tout passe aujourd’hui par ce monarque, qui s’assure une majorité à l’Assemblée, grâce à la vision politique surréaliste des socialistes, qui après avoir changé le calendrier électoral nous ont déposé le vilain petit canard dans les valises du président normal. Sans majorité présidentielle plus rien ne tient. Plus rien ne vaut.
Autre avantage du refus de l’élection présidentielle, la gauche qui semble à jamais désunie, n’aura même pas à se rassembler avec un seul candidat - seule chance de succès-, ce qui paraît bien impossible à réaliser aujourd’hui, tant les petites querelles, les rancunes et les haines recuites sacralisent les débatsLa commune d'Ivry sur Seine (94) est un exemple criant. Des communistes, à la France Insoumise en passant par les verts clairs ou les verts foncés, sans parler des roses pâles sans épines, pas une seule figure ne saurait être suffisamment populaire pour émerger de ce chaos pathétique. Du coup, en misant uniquement sur une législative ou chacun devra faire preuve de projets, de courage, de conviction, et surtout de libre arbitre, les citoyens auront plus de liberté de choix et la démocratie sera peut être restaurée.
« L’idée démocratique, pont nouveau de la civilisation, subit en ce moment l’épreuve redoutable de la surcharge. Certes toute autre idée romprait sous les poids qu’on lui fait porter. La démocratie prouve sa solidité, par toutes les absurdités qu’on entasse sur elle, sans l’ébranler. Il faut qu’elle résiste à tout ce qu’il plaît aux gens de mettre dessus.En ce moment on essaye de lui faire porter le despotisme ».
Victor Hugo, nous l’avait bien dit et c’est précisément ce que nous subissons.