Aller encore un an. La course au pouvoir reprend de plus belle. Comme si elle avait été suspendue au cours des quatre années qui viennent de s’écouler. C’est tout le problème de ce pays et de sa classe politique. Le débat permanent peut se révéler nécessaire dans l’absolu, mais ce à quoi nous assistons depuis 2007 n’est en rien du débat politique. Quand avons-nous droit à cette simple question ; quel choix de société voulons nous faire ?
A droite la seule posture qui tienne c’est que la grande majorité silencieuse (le Peuple) pèse plus que la minorité la plus riche. C’est donc dans cette majorité qu’il faut ponctionner pour soulager la minorité au pouvoir économique considérable. Une forme de corruption passive et permanente avec en plus l’utilisation de la peur du bouc émissaire désigné. Un jour les fonctionnaires, un autre jour, les journalistes, puis les enseignants et enfin les immigrés. Cette stigmatisation peut aller très loin, jusqu’à l’insupportable quitte à ce que le parti de droite majoritaire implose tout seul.
A gauche, c’est la course à l’idée politique qui pourra être crédible aux yeux du Peuple. Il faut qu’elle soit neuve et osée et surtout sans faire la moindre auto critique des erreurs du passé, tout en promettant des lendemains qui chantent.
Oui mais voilà, dans ce grand jeu de la course au pouvoir, la récompense ne dure que cinq ans. Donc, les idées politiques ne sont réfléchies que sur le laps de temps, quitte à s’affranchir du seul esprit qui fait la force des idées de gauche, la solidarité.
Pourtant, c’est elle qui régie nos organismes sociaux. C’est elle qui régie l’impôt. C’est elle qui guide notre système de santé, elle enfin qui propose un système économique fiable, dans laquelle l’entreprise à sa place. Revenir à cette fondamentale et généreuse idée serait donc impossible ? La solidarité et le paritarisme ne sont pourtant pas des gros mots.
Lors de la défense du droit à la retraite, - car il s’agissait bien de cela et non d’une simple histoire d’âge – les partis de gauche furent aux culs des organisations syndicales. Résultat, 3 millions de personnes dans les rues, lorsqu’il en fallait le triple.
Aucune proposition politique réellement forte n’est sortie de cet évènement. Les syndicats ont dû supporter, le mépris du Gouvernement, qui se drape dans le manteau d’une vierge effarouchée lorsqu’on l’accuse de tricher sur la consultation. Aujourd’hui, un ancien premier secrétaire du PS, candidat amaigris à la présidence de la République, ne trouve rien de mieux que de proposer encore des exonérations de cotisations, pour dit il, inciter les entreprises à embaucher les plus jeunes et conserver les plus anciens. Pareil pour le nucléaire, il suffit de rajouter le mot « tout » au milieu de sortir progressivement du… nucléaire, en espérant que personne ne s’en aperçoive pour adopter une attitude plus écolo. Toujours la même histoire avec le PS. Il prend des postures indignées pour ensuite revenir sur ce qui fait sa propre indignation. C’est ainsi qu’il refuse avec raison de voter une loi sur la réforme des retraites, mais qu’il risque d’être ensuite le premier à l’appliquer s’il parvient au pouvoir.
La volonté de pouvoir, légitimé par ces élections présidentielles n’est plus en lien avec cette grande idée né de nos révolutions. 1789, 1830, 1848 et 1946 pour sa constitution, ont bâtis le socle de notre République qui reste la garantie de la démocratie. Il est désolant de voir aujourd’hui que les programmes politiques de ceux qui auront une réelle chance d’accéder au pouvoir cherchent en permanence à s’en amender. A force de contorsions, de petits arrangements, de retournement de veste et de pratiques personnelles douteuses, ils réussissent à faire le lit de propos et de pratiques antidémocratiques. L’extrême droite l’a bien compris et surfe sur ces dangereuses déviances en utilisant les peurs sans fondements, d’une population devenu inerte par dégoût politique. En commençant simplement à se demander si le FN est un parti comme les autres, politiques et journalistes nous mettons le doigt dans un engrenage qui pourrait bien nous entraîner dans de sombres abîmes.
Ce qui porte atteinte, aux fondements de notre République que sont la liberté, l’égalité et la fraternité, doit être dénoncé et combattu. "La meilleure forteresse des tyrans est l’inertie du peuple" écrivit Machiavel. Il est peut être temps d’avoir des idées ou alors de revenir à l’application stricte et sans concession de nos fondamentaux républicains. Il ne nous reste qu’un an.