Cela fait plusieurs jours que je tourne autour du pot. Comment réagir, à ce que nous entendons ? A ce que nous voyons. Comment cela est-il possible ? Aujourd’hui, au 21eme siècle, en Europe, en France, dans cette France d’humanisme, de partage, dans cette France qui a du mal à panser ses cicatrices, de Vichy, de l’Algérie, que des hommes d’Etat recommencent à pourrir la moralité.
Tout cela pour quoi ? Pour leurs misérables pouvoirs. Des pouvoirs d’argent, de situation de nantis, des pouvoirs de destruction du modèle d’une société généreuse et solidaire, que nos parents, nos grands parents nous ont légué au lendemain de la seconde guerre mondiale. Peut-être l’une des plus abominables que le monde et l’Europe aient connu. Une Europe de la haine. Ces imbéciles recommencent à proférer, à proposer idées et pensées dégueulasses. D’autres mots sont impossibles à trouver en pareilles circonstances.
Non, je ne les nommerai pas. Je n’écrirai pas leurs noms, les lecteurs de ce billet les reconnaîtront. Mon mépris doit-être à la hauteur de cette indignation, de cette nausée envahissante. Ils osent ! Ils affirment ce que nous pensions anéantis. L’un, ministre de notre Etat, déclare le plus naturellement du monde que toutes les civilisations ne se valent pas. Ainsi selon lui, des hommes pourraient être au-dessus d’autres hommes. Il crée l’amalgame, mélange volontairement les systèmes politiques, les systèmes religieux ou culturels avec les berceaux du développement des consciences. De ce qui fait l’intelligence des êtres humains. Il crée le doute dans les esprits les plus faibles, pour stigmatiser, pour jeter aux chiens, pour donner en pâture aux populations avides de vengeance et de haine, des minorités choisies par son seul pouvoir minable.
Il jette à l’opprobre, le clandestin, le déchût de sa propre culture ou de son pays. Celui qui a fuit, la misère, la faim, la haine ou la tyrannie. Comme si un clandestin avait le choix. L’autre homme d’Etat, l’usurpateur, plus puissant encore et président promet de soumettre au vote, sous prétexte de démocratie, l’existence et les droits d’autres individus réduis à l’état de minorités. Il projette de stigmatiser par le vote, les chômeurs, les étrangers établis et reconnus. En faisant cela, il appelle lui aussi à la haine. Il appelle cette grande majorité silencieuse et soumise à rejeter ce qu’elle croit être la raison de ses peurs ou de ses difficultés les plus ordinaires. Il choisit volontairement d’appeler un Peuple éduqué à se comporter comme une vulgaire populace.
Quoi ! Parce qu’ils risquent de perdre leurs précieux privilèges ces minables personnages se croient autorisés à profaner la déclaration universelle des droits de l’homme si chèrement gagnée. Quoi ! Parce l’échéance électorale qui approche risque de mettre au pilori, leurs politiques destructrices, leurs magouilles, leurs triches et leur corruption, pour cela ils osent attiser et proposer la haine entre les individus et rallumer ainsi des braises des croix gammées d’un passé que nous avons jugé. Oui le député Serge Letchimy a eut raison de réagir comme il l’a fait à l’Assemblée Nationale en s’adressant au sinistre de l’intérieur. Aucun de ses mots n’est à retirer. « Vous privilégiez l'ombre. Vous nous ramenez, jour après jour, à des idéologies européennes qui ont donné naissance aux camps de concentration au bout du long chapelet esclavagiste et colonial. Le régime nazi, si soucieux de purification, était-ce une civilisation ? La barbarie de l'esclavage et de la colonisation, était-ce une mission civilisatrice ? » … Aucune excuse de quoi que ce soit ne doit être prononcée.
Que ce Gouvernement choisisse de quitter l’hémicycle en réaction à cela montre deux choses. D’abord, que le député a vu juste et touché là où cela fait mal. La seule réponse qu’il obtint alors, fut la fuite. Oui, la fuite et pas l’indignation. La fuite des fourbes et des lâches face à la vérité révélée. Ensuite et cela est beaucoup plus grave, cela montre également que la ligne de fracture politique entre droite et gauche se fait maintenant sur des valeurs humanistes et républicaines puisque l’ensemble des députés de la majorité ont suivi les chefs comme de vulgaires moutons. Cela indique que le fascisme est à la porte de notre démocratie. Nous devons avoir peur de ces gens là. Nous devons les avertir, les prévenir que l’incitation à la haine est punie dans ce pays qu’ils dirigent encore pour quelques mois. Nous devons leur dire, nous devons exiger des prochains détenteurs de pouvoirs que ces gens-là devront rendre des comptes. La démocratie ne peut plus faire l’impasse sur le nécessaire droit d’inventaire et de suites à donner aux mises en danger du Peuple.
Ouvrons les yeux et les oreilles sur ce qui se passe. Sans cela, nos enfants nous demanderont des comptes et ils auront raison. Nous avons perdu la mémoire du 9 février 1934. Ce jour-là, il y eu des morts et des centaines de blessés dans une manifestation qui devait être la défense des droits républicains face au fascisme montant de l’époque. A force de gourdins et de répression, la commémoration de cette manifestation, qui bien qu’interdite fut organisée régulièrement, mais a fini par être oubliée. Cette date devrait pourtant être gravée dans les mémoires syndicales et des partis de gauche notamment. Il n’en est rien visiblement. Il est peut-être temps de lui redonner vie et de réagir vigoureusement à ce qui se passe.