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Billet de blog 15 janvier 2014

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L'étrange capitulation (Laurent Mauduit) maintenant avérée

Dans son ouvrage d'avril dernier , le journaliste économique et co-fondateur de Médiapart annonçait précisément ce qui allait se passer. Cette dernière conférence du chef de l'Etat confirme que la politique de son prédécesseur sera bien poursuivie, à la différence de tous les précédents Gouvernements socialistes qui jusqu'à présent « tentaient dans un premier temps d'honorer leurs promesses avant de renoncer, voire de se renier » prévenait Laurent Mauduit. Il est parfois rageant de voir à quel point l'immédiateté de l'information pèse à ce point sur nos mémoires, pour que nous soyons aussi choqués par ce qui ne devrait pourtant pas nous surprendre.

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Dans son ouvrage d'avril dernier , le journaliste économique et co-fondateur de Médiapart annonçait précisément ce qui allait se passer. Cette dernière conférence du chef de l'Etat confirme que la politique de son prédécesseur sera bien poursuivie, à la différence de tous les précédents Gouvernements socialistes qui jusqu'à présent « tentaient dans un premier temps d'honorer leurs promesses avant de renoncer, voire de se renier » prévenait Laurent Mauduit. Il est parfois rageant de voir à quel point l'immédiateté de l'information pèse à ce point sur nos mémoires, pour que nous soyons aussi choqués par ce qui ne devrait pourtant pas nous surprendre.

C'est notamment en page 53, 54, 55 : «  François Hollande laisse néanmoins transparaître pour la première fois un projet dont il n'a jusque là jamais parlé : « Nous devons trouver les nouveaux modes de financement et les nouvelles organisations de notre modèle social » et il ajoute : « L'équilibre de nos comptes et la compétitivité de notre pays ne sont pas seulement des impératifs économiques. Ce sont des obligations sociales. {…} Voilà pourquoi je considère nécessaire une réforme du système du mode de financement de de la protection sociale pour qu'il ne pèse pas seulement sur le travail {…} ». En quelque sorte, la boucle est bouclée : annonce Laurent Mauduit ; d'emblée l'Elysée et Matignon font clairement comprendre que la politique économique de la nouvelle équipe va puiser son inspiration dans la doxa néolibérale des officines patronales. Mais cela paraît tellement invraisemblable que la presse ne veut pas voir ce qu'elle a sous les yeux. Sur Médiapart, l'auteur de ces lignes est peu seul, à l'époque (juillet 2012), à résumer ce qui se joue dans un article intitulé : sur la pente dangereuse du social-libéralisme ». http://www.mediapart.fr/journal/economie/100712/sur-la-pente-dangereuse-du-social-liberalisme

 L'annonce hier de l'abandon de la solidarité patronale sur le financement de la politique familiale n'est donc pas une surprise. Les cadeaux accordés aux patrons non plus ! Le pacte de responsabilité et les comités Théodule vont faire avaler cette couleuvre.

 Quelle sera la riposte à cette décision ? Prenons les paris ! Je suppose qu'une, voire plusieurs journées nationales d'actions et de mobilisations seront proposées par une partie des syndicats, auxquels se joindront quelques forces de gauche. Il est probable qu'une intersyndicale soit mise en place et que de jolies manifestations soient organisées dans nos rues. Comme d'habitude en sommes avec les résultats que l'on connait depuis une dizaine d'années. Comme pour l'accord national interprofessionnel (l'ANI), le chef de l'Etat nous fait le coup de la négociation entre partenaires sociaux. Nous savons déjà que la CFDT jouera sa propre capitulation pour garder le leader ship du dialogue avec le Gouvernement et le Medef – ce qu'elle s'apprête à faire vendredi à l'occasion des négociations de l'Unédic - après avoir fait le coup de la réconciliation chronique avec une CGT totalement déboussolée et aphone, mais dont les militants se sentiront une fois de plus trahis, tandis que leur confédération boudera encore quelques semaines avant à nouveau de jouer son syndicalisme rassemblé avec la même CFDT.

Tout cela n'est qu'affaire de trahisons et de renonciations pathétiques. Pendant ce temps-là, le code du travail est détricoté, la protection sociale est démantelée lentement mais sûrement, la réforme de l'inspection du travail ne présage rien de bon et les élections prud'homales sont appelées à disparaître, malgré la molle réaction syndicale. Je ne reviens pas sur les réformes de notre retraite...

 Coté politique, c'est la même méthode. L'ancien premier secrétaire du parti social-démocrate, le parti socialiste (paix à son âme) fait le coup d'engager la responsabilité de son Gouvernement devant les députés. Vaste blague ! Les quelques récalcitrants socialistes feront comme d'habitude et prenant leur courage à pleines mains voteront la confiance en se disant que ce n'est qu'un mauvais moment à passer. Comme ils ont la majorité et que certains centristes verront une belle opportunité pour de futurs postes, le vote de confiance n'aura pas de suspense.

Pour la Gauche, la vraie, celle du Front de gauche dans sa pluralité, la politique annoncée par François Hollande doit être l'occasion de montrer sa force et de peser sur la vie politique du pays. Encore faut-il pour cela renoncer à quelques chamailleries stériles sur les compositions des listes électorales pour les municipales, comme pour les européennes. Un travail d'autocritique apaisé et collectif est peut-être nécessaire et une nouvelle stratégie politique doit être à la hauteur du mal social-libéral. C'est tout le défi qui nous est présenté et cela dans l'urgence, puisque les prochaines élections cristalliseront tous les débats . Saurons nous l'affronter ?

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