La réaction du député Front de Gauche André Chassaigne, le 15 janvier lors des questions d'actualité au Gouvernement, devant la représentation Nationale peut être le début d'une véritable lutte à gauche contre la politique imposée par le président de la République. A condition de se reprendre, de se restructurer autours d'objectifs précis et sans que les erreurs des uns et des autres n'alimentent de stériles conflits et autres chamailleries lors des élections municipales.
« La modulation de l'imposition des cotisations des entreprises. Cela veut dire moins d'impôts pour les entreprises qui investissent et créent de l'emplois et plus pour celles qui versent de juteux dividendes à leurs actionnaires.
L'augmentation des salaires et des pensions pour soutenir la demande intérieure, dans l'intérêt bien compris de tous, y compris des entreprises. L'abaissement du surcoût du capital qui pèse pour plus de 90 milliards d'euros sur notre économie et pénalise l'investissement.
Pourquoi, Monsieur le Premier ministre, pourquoi ne pas reprendre ces propositions pour conduire une politique de gauche, sortir de la crise, créer des emplois et répondre aux attentes de ceux qui ont voté pour le changement ? » proposait et demandait André Chassaigne.
Dans cette question tout est limpide et les composantes du Front de Gauche pourraient s'en emparer dès aujourd'hui. Pour cela, il est vrai qu'il faudra passer au-dessus des récriminations des uns envers les autres :
Le Parti de gauche et la gauche unitaire considèrent que les communistes ont agit comme des traîtres dans certaines communes en se fourvoyant sur des listes socialistes. Les communistes sont convaincus que les écologistes et le parti de gauche les détestent, alors que dans le même temps certains de leurs propres élus choisissent de garder leurs postes avec des listes socialistes et du coup ne respectent pas le vote des militants ceux-ci préférant une liste Front de Gauche. Les écologistes – de gauche - ont le cul entre deux chaises et détestent souvent les communistes sans vraiment savoir pourquoi avec force de procès d'intentions. J'en passe et des meilleures. Chacun dans son coin trouve toujours de quoi baver sur les autres et au bout du compte la perte de temps en conjectures stériles profite bien entendu aux pouvoirs en place.
Pourtant, avec l'annonce de la politique de ces prochaines années, les choses apparaissent désormais clairement. Soyons optimiste, c'est une opportunité ! La majorité parlementaire sociale démocrate, centriste, de droite et d'extrême droite, pousse la seule composante réellement à gauche dans une opposition franche, mais isolée. Le compromis n'est plus permis et ce n'est pas avec les 11 % du vote de la dernière présidentielle que le Front de gauche sera d'une efficacité redoutable. Non, il n'y a pas de réussite lorsque que le combat contre une politique se solde par un échec et que cette politique est mise en place. La lutte contre la réforme des retraites de 2010 n'a pas été à la hauteur de l'enjeu. Les sois-disant trois millions de personnes dans les rues n'étaient pas assez et le mouvement syndical a abandonné la lutte, au moment ou le blocage du pays se profilait. La trouille et les petites tractations de couloirs ont eu raison de nos retraites.
Les élections présidentielles et législatives ont été perdues. Les manifestations ou les démonstrations de force, même avec des chiffres gonflés pour s'approcher du symbole, n'ont servi à rien.
Il faut se résoudre à admettre l'évidence, le Front de gauche est trop faible pour peser sur quoi que ce soit et le mouvement syndical qui devrait l'accompagner est minable. Le pire c'est qu'il est toujours content de lui-même et qu'il ne fait plus de politique. Je sais pertinemment que certains coups de mentons et commentaires acerbes mépriseront ce billet, que je vais me faire allumer, être vilipendé, que l'on me reprochera de donner des leçons et que sais-je encore, mais je m'en tamponne et cela ne changera pas ce qui est.
La Gauche du front est molle et inefficace... Si une véritable inflexion des politiques menées n'est pas engagée. En gros, nous sommes très loin d'une révolution, même citoyenne ! Je ne vois pas, je n'entends pas de réaction à la hauteur du chaos indispensable, que cette Gauche pourrait initier. Car aujourd'hui, il n'y a pas vraiment d'autres alternatives. La Révolution, comme la grève ne se décrète pas, c'est une certitude. Mais les manifestations du samedi ou les sempiternelles journées nationales d'action font l'effet d'un pétard mouillé.
Pour autant, devant ce constat assez désolant, doit-on baisser les bras ? Je ne le pense pas, sinon à quoi servirait un tel billet ? Les élections à venir, ne sont qu'intermédiaires, dans lesquelles les réalités locales auront la primeur. Elle ne devraient mobiliser qu'une partie des militants, au lieu de servir de foire d'empoigne et de gesticulation. Chaque ville, chaque municipalité est unique et l'histoire de l'une n'est pas égale à l'histoire de l'autre et de toute façon la démocratie locale est menacée par le concept des métropoles. Pour quelle raison dans ce cas s'empoigner nationalement sur des désaccords locaux ? Ou l'inverse, je ne sais plus vraiment. Autant aller vite, pour passer rapidement à autre chose et ne pas attendre une élection pour réagir. Car c'est là toute la stratégie des sociaux démocrates. Nous occuper, pendant qu'ils mettent en place leur politique néfaste. J'invite les lecteurs de ce billet à lire l'excellent ouvrage de Laurent Mauduit paru en avril dernier « l'étrange capitulation ».
Tout, depuis le début a été planifié !
Pour illustrer mon propos un exemple : L'accord national interprofessionnel conclu en 2012 prévoyait l'obligation faite aux employeurs de mettre en place des contrats collectifs d'assurance de santé. C'est fait ! Il a été pensé bien avant l'élection présidentielle. La dernière loi de finance rectificative met en place pour les revenus 2013 – donc pour les impôts à payer en 2014 – la fiscalisation de cette même participation mutualiste des employeurs, considérant qu'il s'agit là d'un revenu imposable.
C'est exactement le même coup que celui d'un certain Michel Rocard avec sa CSG, qui a réussi le tour de force à faire cotiser les salariés pour le système de protection sociale, tout en les imposant sur le montant de cette cotisation. C'est la CSG non-déductible, que chaque salarié peut observer sur son bulletin de salaire. En 2014 le montant du revenu imposable sera ainsi supérieur au montant perçu en 2013.
La vraie gauche est-elle capable de relever le défit et d'anticiper avec de nouvelles propositions ? André Chassaigne, dans son interpellation à l'Assemblée ouvre une voie. Il ouvre nos voix, celle d'un Peuple qui est tétanisé par ce qu'il subit. Le moment est venu de se rassembler à nouveau dans le même état d'esprit que celui de 2009 et de laisser les rancoeurs et petites aigreurs aux égouts que d'ailleurs nous souhaitons garder publics. En sommes-nous capables ? J'en suis sûr ! Moi, voyant cela de ma petite fenêtre, je suis rien. Sans pouvoir, comme coincé dans mon quotidien et mes propres emmerdements, mes joies, mes peines, mes ami(e)s et ma famille. Du pouvoir je n'en veux pas, du militantisme, j'en fais un petit peu... J'observe, je juge certainement avec tort, je me trompe, sûrement, comme tout un chacun. Je ne demande pas grand chose, juste qu'un mouvement naisse, re-naisse peut-être, que j'y participe avec d'autres qui attendent l'étincelle, pour qu'enfin il y ait une avancée sociale dans ce pays et cela grâce au Front gauche et à sa belle pluralité.
http://www.andrechassaigne.org/Conference-de-presse-du-President.html