Deux évènements apparemment sans relation, sont porteurs de paradoxes étranges, dans lesquels se mêlent justice, crise sociale et acquis devant la loi. Dans ces deux actualités locales, les fondamentales Liberté, Egalité et Fraternité sont mises à mal. Vers quoi ce pays est-il en train de glisser ?
Ce mardi 17 décembre était sans doute un jour de paradoxes édifiants.
Les cinq militants CGT de Roanne, accusés d'un refus d'enregistrement génétique, dans les fichiers de la police nationale ont finalement été relaxés. En défendant la retraite à soixante ans en 2010, ils se sont retrouvés devant les juges et surtout un Procureur de la République qui avait bien décidé de les faire condamner coûte que coûte, malgré les retraits de plaintes qui pesaient sur leurs épaules de syndicalistes et la fin probable de leurs carrières professionnelles.
En effet, pour ces cinq fonctionnaires du secteur hospitalier et de l'armement, en cas de condamnation ils se seraient retrouvés sans emploi, puisque dans la fonction publique, l'inscription au casier judiciaire entraîne automatiquement la révocation. Ils ont d'abord été condamnés, mais à une dispense de peine. Ce qui ne s'invente pas, mais pourtant les a mené dans un commissariat pour que soit prélevé leur ADN. Leurs refus les conduisant de fait en garde-à-vue et à nouveau dans le box des accusés, pour finalement être relaxés ce 17 décembre, la justice estimant que devant l'absence de sanction, il n'aurait pas dû être pratiqué une inscription génétique.
Le même jour à Lyon, dans le 1er arrondissement, quelques deux cent personnes rassemblées devant le collège Truffaut, vide depuis plusieurs mois, mais chauffé et éclairé, ont demandé poliment, certes avec force de voix que la loi soit respectée. Que voulaient-ils ? Que personne de dorme dehors. Des femmes, des hommes, des familles entières, avec enfants scolarisés n'ont en effet que le choix de la rue ou l'aide des habitants, parce que la République les ignore, parce que Lyon, la ville bourgeoise, la grande et belle cité devenant mégalo-pôle préfère aujourd'hui son stade de foot et l'attractivité de ses évènements, plutôt que le logement décent de ses citoyens les plus pauvres, fusse dans un collège désaffecté. Le droit, rien d'autre, c'est que des citoyens lyonnais demandaient ce soir là. Ce droit, c' est l'application de l'ordonnance de 1945, confirmée par la loi de 1998 sur la réquisition des bâtiments vides. Ce droit c'est également celui de la loi et des articles L 345 2-2 et 2-3 « Toute personne sans abri en situation de détresse médicale, psychique et sociale a accès, à tout moment, à un dispositif d'hébergement d'urgence. « Cet hébergement d'urgence doit lui permettre, dans des conditions d'accueil conformes à la dignité de la personne humaine, de bénéficier de prestations assurant le gîte, le couvert et l'hygiène, une première évaluation médicale, psychique et sociale, réalisée au sein de la structure d'hébergement ou, par convention, par des professionnels ou des organismes extérieurs et d'être orientée vers tout professionnel ou toute structure susceptibles de lui apporter l'aide justifiée par son état, notamment un centre d'hébergement et de réinsertion sociale, un hébergement de stabilisation, une pension de famille, un logement-foyer, un établissement pour personnes âgées dépendantes, un lit halte soins santé ou un service hospitalier.
« Art.L. 345-2-3.-Toute personne accueillie dans une structure d'hébergement d'urgence doit pouvoir y bénéficier d'un accompagnement personnalisé et y demeurer, dès lors qu'elle le souhaite, jusqu'à ce qu'une orientation lui soit proposée. Cette orientation est effectuée vers une structure d'hébergement stable ou de soins, ou vers un logement, adaptés à sa situation. »
Habitants, commerçants, élu(e)s appuyés par les associations, le Front de Gauche et d'autres se sont ainsi présentés devant le collège, avec leur Maire, Nathalie Perrin-Gilbert en première ligne pour qu'une demande polie soit formulée au Préfet. La réponse fut celle du lacrymogène. En pleine face et brutale, par des forces de l'ordre aux comportements inacceptables. Violents, méchants, agressifs, ne faisant ni compromis, ni mesure. Sûrs d'eux-mêmes, sans discernement ni introspection. Une police qui commence à faire peur... Ne protège plus, mais agresse des citoyens venus pour faire respecter et appliquer le droit et la loi. Cette police là n'est pas à la hauteur de sa tâche et de ses devoirs, comme une injure à la République.
Devant ce spectacle affligeant, une question en forme d'inquiétude pointe dans les esprits. Que se passerait-il si notre armée désormais de métier et cette police-là, devaient obéir à un pouvoir politique en mal d'autorité et gangréné par la corruption ? Que se passerait-il si ja justice venait totalement aux mains des Procureurs obéïssants à ce même Gouvernement ? Ajoutons à cela à contrario du Maire du 1er arrondissement de Lyon, des élu(e)s préférant leur propre situation devant le vote démocratique des militants de leur parti, ou encore des organisations syndicales plus soucieuses d'elles-mêmes et des plans de carrières de leur représentants que de l'évolution de la société. Enfin, ajoutons à cela l'augmentation de la TVA uniquement pour la presse en ligne, qui par ce stratagème fiscal risque sa survie alors qu'elle démontre chaque jour son efficacité en dénonçant les affaires politico-judiciaire, sans bénéficier de subvention, sans appartenir aux banquiers ou aux industriels... Que sommes-nous en train de devenir ?
Mise à jour le Jeudi 19 décembre 2013.
Nathalie Perrin-Gilbert, Maire du 1er arrondissement de Lyon a été entendue ce matin par la police . Cet après-midi elle a été placée en garde à vue , pour sa participation à cette manifestation pacifiste alors qu'elle demandait la simple application légale de la réquisition d'un bâtiment public vide, mais chauffé et de surcroît sur le territoire de son mandat de Maire du 1er arrondissement de Lyon. En conflit avec Gérard Collomb, actuel Maire de Lyon, cette élue socialiste a eu le tort de dénoncer la politique municipale pratiquée par le Sénateur et subit depuis, les foudres des barons locaux à la botte du promoteur de la "super Métropole" et de la nouvelle décentralisation. A Lyon, Nathalie Perrin-Gilbert, qui a prit ses distances avec le parti socialiste devrait faire liste commune avec le Front de gauche. Les militants du parti communiste ont approuvé par un vote démocratique une liste Front de gauche intégrant le Pcf, mais certains élu(e)s communistes n'appréciant pas ce vote ont décidé de faire liste commune avec le Sénateur-Maire. Aujourd'hui, ce sont ces mêmes élu(e)s qui dénoncent l'engagement de Nathalie Perrin-Gilbert en y voyant une récupération... Accuser une élue de récupérer un mouvement lorsque l'on fait preuve d'autant d'opportunisme est assez savoureux ! Par ailleurs, dans la banlieue de Lyon ; à Bron une liste dissidente socialiste est menée contre la liste officielle, mais soutenue par le président du Conseil Régional. A Rilleux-la-Pape où l'ancien Maire, puis adjoint, mais surtout ancien secrétaire de la fédération du PS du Rhône fait également une liste dissidente (avec son fils) contre l'avis de son propre parti.
Il y a deux sortes d'élu(e) : Ceux qui se battent au quotidien et aux côtés de leur population et ceux qui visiblement ont du mal à décrocher, préférant conserver une petite notoriété ou certains avantages. Toutes ces histoires et ces petits arrangements nauséabonds, se font naturellement au détriment de la démocratie, et d'une population qui ne croit plus dans la parole politique.... A suivre