Annoncer ou proposer des exonérations de charges, pour régler le problème du pouvoir d’achat relève de la pure malhonnêteté. Dans son dernier discours de Charleville-Mézières, Nicolas Sarkozy nous fait encore le coup de la recette miracle. Outre cette histoire de prime de 1000 euros, dont personne ne comprend vraiment le mécanisme, l’idée séduisante faite aux petits patrons est scandaleusement hypocrite.
Petit rappel de sémantique
Le terme d’exonérations de charges, est une manipulation. La véritable expression qui prévaut, dans ce type de proposition doit être exonérations de cotisation sociales.
Depuis quand la solidarité est une charge dans ce pays ?
C’est une contribution, une participation au fonctionnement social et nécessaire à chaque individu. Or ces cotisations, font partie intégrante du salaire et du maintien de droits chèrement acquis par nos aînés. Exonérer les entreprises revient à diminuer la ressource qui permettra à chaque citoyen de ce beau pays, de prétendre à une prestation de santé, une pension de retraite, une indemnité de chômage ou une simple allocation familiale.
Désintox
Le pire dans cette histoire, est que si le discours lénifiant de ce sujet est reprit à droite, - ce qui paraît logique au regard des fréquentations entretenus par les responsables politiques et leurs amis chefs d’entreprises – il l’est aussi à gauche, tendance fleurs à épines (François Hollande par exemple). Lorsque Jean-Michel Apathie, célèbre chroniqueur de Canal + lors de l’émission le Grand Journal ce mardi 19 avril, explique à juste titre que le Gouvernement propose n’importe quoi, son analyse en revanche mélange tout et discrédite le propos ou la cause qu’il a voulu soutenir. Jean-Michel Apathie révèle une contradiction entre des exonérations de cotisations qui seraient selon lui un manque à gagner pour un Gouvernement dont le déficit abyssal à besoin de ressources et que c’est en partie pour cette raison que le gel des salaires des fonctionnaires serait nécessaire.
Que le Gouvernement propose par la voix du président de la République des exonérations de cotisations sociales, ne doit surtout pas être mis en relation avec le gel des salaires des fonctionnaires, - par ailleurs scandaleux - voulu par François Barouin, l’actuel Ministre du budget.
A quoi servent les cotisations ?
Il est dommage, pour ne pas dire inquiétant qu’un chroniqueur politique d’une telle envergure fasse une aussi grave erreur ou manque de précision. Non, les cotisations sociales ne sont pas des ressources de l’Etat hormis la CSG (contribution sociale généralisée) et la CRDS (contribution de la dette sociale) qui sont là pour palier au déficit de la sécurité sociale. Les autres cotisations sont des ressources de salariés et sont gérées par les organismes dont l’administration est paritaire c'est-à-dire, avec des représentants des employeurs et des salariés dont les organisations syndicales sont élues. Mélanger les finances de l’Etat avec les ressources des organismes sociaux participe d’une dilution de la parole qui a terme rend incompréhensible les mécanismes de financements. C’est sur ce manque de pédagogie que les Gouvernement successifs se sont appuyés pour nous faire avaler la pilule de l’exonération alors que dans le même temps ils inventaient la CSG et la CRDS pour palier le manque de recette. Le mélange de tout, l’approximation, la parole dominante sans contradicteur met en danger toute la structure de notre société.
Supprimer cette partie de salaire décalée est du vol !
Les caisses de retraites creusent leur déficit à cause de ce genre de propositions.
Les caisses primaires d’assurances maladie creusent leur déficit à cause de ce genre de propositions.
Entretenir l’idée que le salaire n’est pas le moteur d’un meilleur pouvoir d’achat et que donc il faut trouver d’autres ressources, - comme le souhaite L. Parisot présidente du Medef – en ponctionnant dans les cotisations, les heures supplémentaires, ou les caisses de l’Etat, revient à dire aux citoyens, démerdez-vous. Le courage politique, au contraire revient à inciter, pour ne pas dire obliger les chefs d’entreprises à augmenter le pouvoir d’achat, donc le salaire. Lors du conflit des retraites il était même étonnant de voir à quel point les organisations syndicales ont manqué de paroles pédagogiques sur ce point. La clef du système solidaire du pays repose sur la cotisation. Les manques de pédagogie et d’informations faites aux citoyens deviennent des carences, ce billet participera peut-être à donner un peut de vitamines. A vos plumes !