Ô toi, pruine des fruits nettoyée au savon
Dans des éviers confinés d’homo covidus,
La victime oubliée d’une chasse au virus,
Ta poudre coule dans l’eau sans célébrations.
Ô la sage précaution que d’aseptiser
Les myrtilles emballées dans leur fin plastique
Pour ne pas risquer d’avaler le Fatidique,
Intrus minuscule ravi de nous crever.
Etait-ce ton destin de quitter cette peau
Du fruit chéri ? Sans syndicat et sans fanfare
Tu protégeais de ton givre, matins aux soirs,
La baie cultivée hors saison, allegretto !
Fidèle pellicule qui, ôtée du fruit,
Lui fait perdre sa saveur ; elle nous dit alors
La suave et douce odeur des peaux chéries dehors
Que nous regoûterons peut-être un vendredi.