A l’attention du Président de la République,
Selon Unicef, en 2023, 70 % des jeunes de 15 à 19 ans contaminés par le VIH dans le monde étaient des filles. En Afrique subsaharienne, ce chiffre monte à 90 %. Pourquoi sommes-nous encore les premières impactées ? Pourquoi avons-nous si peu accès aux moyens de prévention, à l’information, au dépistage et aux traitements ? Pourquoi devons-nous toujours nous battre pour des droits élémentaires à la santé et à la protection ?
Nous ne sommes pas plus fragiles biologiquement. Le problème est politique et social. Nous sommes plus exposées, car nos droits sont constamment bafoués. Parce que nous subissons, dès le plus jeune âge, les violences sexistes et sexuelles, les mariages forcés, les grossesses précoces, le silence imposé autour de notre corps, de notre santé, de notre sexualité. Parce que dans trop d’endroits du monde, nous n’avons pas accès à l’éducation, ni à des services de santé adaptés, ni même au droit de dire non.
La France a toujours été un pays engagé pour la solidarité internationale et la santé mondiale. En 2025, elle a l’opportunité de continuer à nous protéger du VIH/sida dans le cadre de la huitième reconstitution des ressources du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Ainsi, nous lui demandons solennellement de renouveler sa contribution au Fonds, soit 1,596 milliard d’euros sur les trois prochaines années. Ce soutien est vital. Il peut faire la différence pour des millions d’enfants et d’adolescentes. Entre 2002 et 2023, la contribution française a permis de sauver 7 millions de vies.
Cette contribution est d’autant plus essentielle qu’elle pourra financer des traitements prometteurs et porteurs d’espoir. Selon Hakima Himmich, figure essentielle de la lutte contre le VIH/sida, “nous n’avons jamais été aussi proches de mettre fin au sida”. Cette réussite tient en partie au fait que les nouveaux outils de prévention n’ont jamais été aussi nombreux, et efficaces. Parmi eux, le lenacapavir suscite un immense espoir. Ainsi, financé à juste hauteur de ses besoins, le Fonds mondial apporte des solutions ciblées pour les populations les plus touchées, pour nous.
Nous ne voulons plus être les invisibles des politiques de santé. Nous voulons vivre, apprendre, aimer — et ne pas mourir à cause d’une maladie évitable.
Soutenez-nous. Protégez-nous. Donnez-nous une chance.
Signé : des adolescentes unies pour la justice et la santé mondiale.
Liste des signataires :
- L, 16 ans ; E.M, 15 ans ; V.R, 15 ans ; J.J, 16 ans ; M.J, 18 ans ; E.M, 16 ans ; A.L, 16 ans ; D.S, 18 ans ; AS.F, 18 ans ; F.A, 18 ans ; M.S, 17 ans ; A.D, 18 ans ; E.H, 18 ans ; H.L, 19 ans ; O.C, 18 ans ; A.B, 18 ans