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Billet de blog 27 juin 2025

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Taxer les billets d’avion de luxe : une mesure de justice sociale et climatique

Chaque année, des centaines de millions de billets d’avion sont vendus en classe affaires dans le monde, auxquels s’ajoutent des millions de vols en jets privés. Ces voyages, parmi les plus polluants, ne sont presque pas taxés à l’échelle internationale.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Chaque année, des centaines de millions de billets d’avion sont vendus en classe affaires dans le monde, auxquels s’ajoutent des millions de vols en jets privés. Ces voyages, parmi les plus polluants, ne sont presque pas taxés à l’échelle internationale. Pourtant, une taxe modeste sur ces billets pourrait générer des milliards de dollars pour aider les pays les plus vulnérables à faire face aux chocs climatiques, aux crises sanitaires et aux besoins de leurs populations.

Cette taxe solidaire innovante est l’une des solutions qui avait émergé, en juin 2023, du Sommet de Paris pour un nouveau pacte financier mondial, au cours duquel le  Président Macron déclarait qu’aucun pays ne devrait avoir à choisir entre la lutte contre la pauvreté et la préservation de la planète. Deux ans plus tard, où en est-on? La situation des pays du Sud, notamment ceux qui sont parmi les plus pauvres et les plus vulnérables, a t-elle fondamentalement changé?  

Le Pacte de Paris pour les peuples et la planète (4P) qui a été adopté à la fin du sommet de juin 2023 s’est fixé un cap ambitieux : permettre aux pays du Sud de faire face à la triple urgence de la pauvreté, de la dette et de la crise climatique, sans avoir à choisir entre éduquer leurs enfants, soigner leur population ou rembourser leurs créanciers. Le 4P devait enclencher un « choc de concessionnalité », selon les mots d’Emmanuel Macron.

Depuis, plusieurs avancées importantes doivent être reconnues. La création d’un Secrétariat permanent du 4P, hébergé par l’OCDE, a permis de structurer une gouvernance inclusive, animée par une communauté de 72 États. Des coalitions thématiques ont été lancées, comme celle sur les clauses de dette résiliente face au climat (CRDC), désormais adoptées par la Banque mondiale, la France et quelques autres créanciers. Un outil puissant pour aider les pays à avoir accès aux liquidités nécessaires en cas de catastrophes naturelles. Un groupe de travail sur les contributions de solidarité mondiale explore de nouvelles pistes fiscales, comme la taxe sur les billets d’avion ou la taxe sur les transactions financières. La coordination s’améliore, la parole se libère, des idées nouvelles émergent. 

Mais ces avancées tardent à se concrétiser. Or, ce sont bien des moyens financiers dont manquent les pays en développement. Les promesses ne suffisent plus : ce sont des transferts réels de ressources dont les États du Sud ont urgemment besoin, et plus on attend, plus les besoins explosent Les discussions sur les taxes internationales progressent, mais aucune mesure n’a encore été adoptée, ni votée, ni dotée.

Pire encore, dans certains domaines, la dynamique est à la régression. L’aide publique au développement (APD) recule dans de nombreux pays donateurs. En 2025, dix pays européens ont annoncé des coupes pour un total de 18 milliards de dollars, amputant les capacités d’intervention multilatérales, avec des coupes qui vont jusqu’à 40% en France et au Royaume-Uni, sans même parler des Etats-Unis. Comment parler de solidarité, ou de « choc de concessionnalité » si les flux financiers diminuent ? 

Vingt ans après l’instauration de la première taxe de solidarité, portée par le Brésil et la France, et alors que le Brésil acceuillera la COP30 à Bélem en novembre 2025, les membres du 4P ont une occasion historique de renforcer la taxation de l’aviation, en ciblant en priorité les classes affaires, premières ainsi que les vols en jets privés, aujourd’hui largement sous-taxés dans le monde. Faire contribuer davantage les gagnants de la mondialisation, ceux qui polluent le plus, aux solutions pour soutenir les perdants de la mondialisation, qui polluent le moins, est un impératif de justice sociale et de justice écologique. C’est aussi une condition de l’acceptation des efforts demandés aux citoyens pour limiter le réchauffement climatique.

La Conférence internationale de l’ONU sur le financement du développement, qui se tiendra à Séville prévue du 30 juin au 3 juillet 2025 sera un test décisif. Le 4P et les chefs d’Etat qui le portent, en premier lieu Emmanuel Macron, y joueront leur crédibilité. S’ils ne sont pas capable de faire bouger les lignes budgétaires, il ne sera qu’un énième exercice de communication institutionnelle sans impact réel. Mais s’il parvient à mobiliser de nouveaux financements, à flécher des ressources vers les pays les plus exposés, à renforcer la justice fiscale mondiale, alors il pourra marquer un tournant. 

Aggrey Aluso, Directeur Executif, Resilience Action Network Africa
Jammie Drummond, Fondateur, Sharing Strategies
Debora Gaspar, PhD, Federal Rural University of Rio de Janeiro 
Maé Kurkjian, Directrice Plaidoyer France, ONE
Mick Sheldrick, Co-fondateur et Directeur des Affaires Publiques, Global Citizen
Eloise Todd, Co-fondatrice et Directrice Executive, Pandemic Action Network

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