Sur la trace de SARS-CoV-2 et de l’origine du Covid :
Quand la science « sauve c’qui peut » (l’être encore)
Réponse à Florence Débarre Directrice de recherche au CNRS – Episode (2)
Accusé levez-vous ! une mythologie … complotiste.
Pour Florence Débarre il « s’est développé toute une mythologie complotiste impliquant le laboratoire de Wuhan et ses collaborateurs ».
De quoi parle exactement Mme Débarre ?
Dès février 2020, une lettre d’opinion publiée dans le magazine renommé The Lancet condamne fermement les théories conspirationnistes suggérant que la Covid-19 n’a pas une origine naturelle. Le mois suivant, un article de la revue scientifique - non moins renommée, Nature, « Proximal Origin of Sars-Cov-2 » - dont l’auteur principal est Kristian Andersen, professeur au Scripps Research Institute à La Jolla - lui aussi affirme qu’il est fortement improbable que le virus ait pu être fabriqué artificiellement.
Dans sa tribune du Monde du 23 janvier dernier, Florence Delabarre argue que Proximal Origin…, « n’a pas eu le pouvoir de censurer toute discussion de l’origine du virus ».
Richard High Ebright, directeur de laboratoire à l'Institut de microbiologie Waksma, estime, au contraire, que cette publication a eu un impact primordial car « ce faux récit est devenu la réponse dominante rapportée au public. Et cela s’est poursuivi pendant plus d’un an. Personne n’a plus osé dire que c’était une possibilité », déclara-t-il dans une interview.
Effectivement, après les articles de Nature et The Lancet, tout ce qui n’allait pas dans le sens de la zoonose, avait été classé fakenews dans les médias et les réseaux sociaux. Selon Edward Snowden, ceux qui osaient évoquer l’hypothèse de la fuite étaient coupables de « crime de désinformation », et impliqués dans un mouvement qualifié de « complotiste ».
Pourtant tous les virologues qui ont participé aux débats du type d’expériences présumé être mené au laboratoire de Wuhan depuis près de deux décennies, n’ont pu que logiquement envisager la possibilité d’une fuite de laboratoire.
D’autre part, pour les chercheurs, deux points en particulier, dans l’article de Nature posaient des problèmes sur le plan de l’argumentaire scientifique :
Tout d’abord, l’affirmation que la séquence du génome de Sars-Cov-2 ne montrait pas les traces d’une manipulation génétique en laboratoire. Et deuxièmement, la proposition du pangolin comme hôte intermédiaire entre la chauve-souris et l’homme, à l’origine de l’infection.
Ces arguments étaient difficilement tenables, car tout chercheur en virologie sait qu’il existe des méthodes permettant de modifier des séquences virales sans laisser de trace. Et très vite, on a réalisé que le taux d’identité entre les séquences du pangolin et celles du Sars-Cov-2 n’atteignait que 90,3 %. Or, le génome du Sars-CoV de 2003 et celui de la civette dont il descendait, partagent 99 % d’identité.
Pour expliquer l’existence de Sars-Cov-2, Jason Wei - journaliste au Progrès Scientifique dans le roman Le lab de tous les dangers (Thiery Didiers -Ed. Baudelaire nov 2022) - écrit alors : « il aurait fallu attraper un pangolin volant avec des ailes de chauve-souris pour qu'on puisse expliquer la recombinaison du virus. Moitié fer à cheval, moitié à écailles ».
Cela étant, ces deux erreurs d’argumentation, émanant d’un scientifique tel Andersen étaient au minima, surprenantes.
A cela s’est rajouté la découverte des e-mails qu’Anthony Fauci, le directeur de l'Institut National des Allergies et Maladies infectieuses- NIAID - a échangé au mois de février avec différents scientifiques ; échanges rapportés dans The Telegraph, par James Comer, un membre du Congrès républicain. Dans un des premiers mails, Andersen semble envisager sérieusement la possibilité que le virus ait été manipulé génétiquement dans un laboratoire.
Le 2 février, dans un autre mail, Jérémy Farrar - directeur de la fondation de recherche biomédicale Wellcome Trust – déclare, lui aussi, qu’« une explication probable était que le coronavirus avait rapidement évolué à partir d'un virus de type SRAS au sein d'un tissu humain dans un laboratoire à faible sécurité ». Robert Garry de l'Université du Texas, Andrew Rambaut, de l'Université d'Edimbourg, pensaient également que le virus ne pouvait pas avoir évolué naturellement.
Pourtant, Andersen, Garry et Rambaut seront trois des cinq co-signataires de « Proximal origin… ». Qu’est-ce qui a bien pu provoquer leur revirement dans le Nature de mars 2020 ? Ont-ils pu être influencés par les enjeux en présence ?
Collins, directeur des NIH n’a-t- il pas écrit dans un mail que « les voix du complot domineront rapidement, causant de grands dommages potentiels à la science et à l'harmonie internationale » ; Farrar, du Wellcome Trust, abondant dans son sens. Or, ces deux organismes sont les plus gros financeurs de la virologie.
Quoiqu’il en soit, Florence Débarre nous dit que cette « histoire ne repose que sur des spéculations » et pose cette question : « pourquoi Anthony Fauci aurait-il forcé des chercheurs qui suspectaient une origine de laboratoire à écrire un article allant contre leur conviction, et non pas avoir demandé simplement à d’autres scientifiques ? Par ailleurs pourquoi les chercheurs auraient-ils accepté cette mascarade ? Ils ne travaillent en plus pas tous aux Etats- Unis et ne sont pas tous dépendants du NIH ».
On a envie de répondre à Mme Débarre que Fauci a choisi ceux-là justement parce qu’ils avaient un lien particulier avec le NIAID et les NIH, son autorité de tutelle. Car ces organismes financent des recherches partout dans le monde (et cela, elle ne peut l’ignorer). Ces scientifiques-là, en particulier, ont tout à perdre d’une fuite de laboratoire (et tout à gagner d’aller dans le sens des NIH - Andersen a touché en 2021, une nouvelle subvention conséquente).
Plus loin, Florence Delabarre nous affirme que « l’on ne trouve aucune trace d’intervention directe d’Anthony Fauci sur le contenu du document qui deviendra Proximal Origin of SARS-Cov-2.
Dans cette affaire, pourquoi peut-on avoir des doutes sur l’intégrité de Fauci ?
En raison des informations livrées dans le livre de Robert. F Kennedy, Jr : « Anthony Fauci, Bill Gates et Big Pharma - Leur guerre mondiale contre la démocratie et la santé publique ». Il est vrai cependant, que le neveu de John est étiqueté complotiste, et Fauci est ancien Conseiller médical en chef du président des États-Unis.
Et Florence Débarre ne peut pas ignorer qu’il a été démontré dès octobre 2021 dans le journal américain The Intercept qui a obtenu la communication de 900 pages de documents, que les NIH ont financé des expériences à hauts-risques appelées « gain de fonction » à l’Institut de virologie de Wuhan (WIW) pendant des années, alors même qu’était établi en 2014, un moratoire sur ces expériences aux Etats-Unis.
Elle ne peut pas ignorer non plus – parce que ces travaux ont été publié en 2015 – que ces expériences avaient d’abord débuté à l’Université de Caroline du Nord où Ralph Baric avait inventé une méthode qui permet d’assembler des éléments de différents virus sans laisser la moindre trace d’intervention humaine sur le génome. Avec Shi zhengli, chercheuse responsable à l’institut de Wuhan, ils ont construit ensemble un nouveau virus chimère capable d’infecter en laboratoire des cellules humaines.
Mme débarre ne peut pas non plus ne pas être informée des inquiétudes du virologue Simon Wain-Obson - codécouvreur du VIH- qui s’est exprimé en ces termes : « personne ne peut prédire l’issue de ces expériences de gain de fonction. Ni Madame Shi Zhengli ni monsieur Ralp Baric. Supposons qu’il y ait une fuite, personne ne peut prédire la trajectoire de ces virus. Et même si le risque est faible, les conséquences peuvent être gigantesques. »
Les NIH avaient alors décidé que ces risques devaient être transférés en Chine, dans l’Institut de Shi Zhengli, avec un financement – en 2017 - passant par un intermédiaire, Ecohealth Alliance, l’ONG dirigée par Peter Daszak (le seul scientifique américain à avoir participé à l’enquête menée par l’OMS- cherchez le conflit d’intérêt).
Le problème est que les publications de Shi Zhengli révèlent que certaines expériences ont été menées dans des laboratoires de niveau de sécurité P2, et non de niveau de sécurité maximale P4 comme en Caroline du Nord.
Toutes les personnes des agences de financement qui ont approuvé le financement de l’Institut de virologie de Wuhan avaient donc de forts intérêts, en 2020 (comme aujourd’hui) à nier la possibilité d’une fuite dans un laboratoire de Wuhan.
D’autant que depuis 2016, on ne sait pratiquement rien de ce qui s’est fait à l’Institut de Virologie …
Article à suivre…Episode (3) : Accusé, levez –vous… Le laboratoire cache des virus.