origine du virus et de la folie liberticide

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Billet de blog 24 avril 2023

origine du virus et de la folie liberticide

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L’ORIGINE (3) LE COMPLOT DU LABO

Le Covid nous a mené à la folie collective. Connaître la vérité est donc vital pour prévenir d’autres pandémies et d'autres hystéries. Qui est responsable de cette tragédie ? Surtout pas l'homme et le laboratoire de Wuhan, nous a-t-on dit. Suite de l’enquête…

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Réponse à Florence Débarre Directrice de recherche au CNRS (3)

Quand la science « sauve c’qui peut » (l’être encore)   

Accusé, levez –vous… Le laboratoire cache des virus

Quelles expériences ont-elles été menées à Wuhan ?

Les scientifiques qui entouraient Fauci et Farrar en février 2020, avaient envisagé d’abord une origine artificielle du virus car ils étaient préoccupés par une partie du coronavirus appelée site de clivage par la furine – FCS - une section de la protéine de pointe (S) qui l'aide à pénétrer dans les cellules et la rend hautement infectieuse pour l'homme, et que l’on ne trouve pas sur ce type de coronavirus habituellement.

Par la suite, l’argument principal – défendu dès « Proximal origin... » - des pourfendeurs de la théorie de la fuite de laboratoire, a été qu’aucun virus connu à ce jour n’aurait pu servir de support au FCS. Donc SARS-Cov-2 ne pouvait provenir d’un laboratoire.

Les adeptes de la théorie artificielle ont vu, au contraire, dans la présence du FCS, la preuve d’une construction en laboratoire non déclarée. Jason Wei l’écrit dans Le lab de tous les dangers : « les partisans de la théorie de la fuite de laboratoire sont sincèrement convaincus de l'origine animale du virus ; mais moins de son caractère sauvage. Les coupables pour eux... seraient des souris humanisées ».

Comme nous le dit Florence Débarre « pour que l’hypothèse d’une insertion artificielle de FCS tienne », il faudrait donc supposer « que les chercheurs de Wuhan nous mentent et cachent des virus ».

Mais quelle idée, Mme Débarre ! Les scientifiques chinois, depuis le début, sont d’une limpidité extrême. Vous avez vous-même déclaré dans votre interview du Monde que « l’imprécision des chercheurs de Wuhan lors de la présentation du virus RaT13, à l’époque le plus proche cousin connu de SARS-Cov-2, a été la source de nombreuses spéculations… »

De quelles imprécisions voulez-vous parler exactement ?

De celle de février 2020, où dans un article de Nature, Shi Zhengli publie la description du génome de SARS-Cov-2 en s'arrêtant exactement à la séquence qui fait du Sars-Cov-2 un coronavirus unique en son genre.  C’est-à-dire sans décrire le site de clivage par la furine ?

Ou celle, dans la même publication, qui annonce que son laboratoire est en possession de RaGT13 mais ne donne pas d’indications sur sa provenance ?

C’est Rossana Segreto, une microbiologiste de l’Université d’Innsbruck - future membre de DRASTIC, un collectif de scientifiques réunis sur Twitter pour explorer les origines du SARS-CoV-2 – qui va révéler que la séquence génétique de RaGT13 a en fait, déjà été partiellement publiée par Shi Zhengli en 2016 sous le nom de Ra4991.

Et c’est The Seeker, son collègue indien de DRASTIC, qui en appliquant ensuite une méthode de recherche sur les sites du Web chinois, va trouver le lieu de prélèvement de ce virus. Ensuite, dans Le lab de tous les dangers, « il est sur le point d'arrêter cette méthode quand il tombe sur le filon d’or : une thèse de maîtrise de 60 pages rédigée par un étudiant de l'Université Médicale de Kunming en 2013, qui parle des cas de pneumonie des mineurs de la mine ».

Lui, Rossana, et d’autres membres du collectif, finissent alors par démontrer que Zhi Zhengli a « camouflé » que RaGT13 - Ra4991 a été prélevé dans une mine de Mojian où 4 travailleurs sont morts d’une infection pulmonaire. Plus tard, The Seeker découvrira que l’équipe de Wuhan a rapporté finalement huit autres virus apparentés à RaGT13 de cette même mine.

Et dites-nous, Florence, pourquoi Shi Zhengli n’en a-t-elle alors révélé qu’un - RaGT13 - au monde scientifique en 2020 ? Ne pourrait-on pas imaginer que l’Institut de virologie puisse être en possession de virus encore plus proches de SARS-Cov-2 ?

Car, toujours par DRASTIC, nous apprenons que ces huit coronavirus ont servi à Shi Zhengli -grâce à la technique de Ralp Baric - à tenter par huit fois de construire des virus.  Richard Ebrigth complète cette information : « sur les huit tentatives, ils ont réussi à construire deux lignées de virus capables d’infecter des cellules humaines ».

Et plus inquiétant encore, The Seeker finira par mettre la main, en septembre 2021, sur « Project Defuse ». En mars 2018, 18 mois avant l'apparition des premiers cas confirmés de Covid-19, EcoHealth Alliance - le financeur de Shi Zhengli - a approché la DARPA - l'agence du département de la Défense des Etats-Unis en charge de la recherche des nouvelles technologies à usage militaire - pour une demande de financement.

Le Pr Roland Wiesendanger de l'université de Hambourg a décrypté cette demande. Pour lui, elle « documente l'intention des scientifiques de l'Institut de virologie de Wuhan d'introduire des sites de clivage par la furine dans les coronavirus. Les détails de cette demande de recherche intitulée « Defuse » correspondent à un mode d'emploi pour la création du SARS-CoV-2 ».

Florence Débarre, elle, reproche à la découverte de « Defuse », d’avoir relancé le complot de « l’hypothèse de manipulations génétiques délibérées », alors qu’en définitive, le projet n’a pas été financé et que « les manipulations en question devaient avoir lieu aux Etats-Unis et non à Wuhan ».

Mais Mme Débarre omet de dire que si elle avait eu l’accord de la DARPA, l’expérience se serait bien déroulée chez Ralph Baric, mais les particules de coronavirus de chauve-souris contenant de nouvelles protéines à pointes chimériques, devaient être libérées dans des grottes de chauves-souris de la province chinoise du Hubei, qui abrite la capitale Wuhan.

De là, à se poser la question si les scientifiques chinois ont tout de même réalisé une partie du projet, même sans les fonds de l'armée américaine, il n’y qu’un pas de « complotiste » à faire. 

D’autant que l’on a appris par Virginie Courtier - directrice de recherche CNRS, génétique et évolution, de l’Université Paris Cité - et Étienne Decroly - dans un article de The Conversation France de septembre 2022, que la capacité du WIV à construire des virus chimériques pour étudier les mécanismes de franchissement de barrière d'espèce n’est plus un mythe complotiste.  Ce type d'expérience a en effet été réalisé avec succès sur le Sars-CoV dès 2017. Un rapport intermédiaire d'activité, obtenu sous contrainte judiciaire (par le Freedom of Information Act, FOIA), a aussi confirmé que des virus chimériques Mers-CoV (expérience dite de gain de fonction) ont été construits en Chine.

 Ainsi, pour Richard Ebrigth, « la clé, c’est Wuhan ».

Mais pour vous, Florence, Wuhan est le lieu d’un hasard, une « extraordinaire coïncidence qu’a représentée la détection d’un nouveau coronavirus de type SRAS dans une ville hébergeant un grand centre de recherche travaillant sur ces pathogènes ».

En étant plus précise, vous auriez pu dire que Wuhan est certainement l’unique lieu dans le monde où trois laboratoires étudient les coronavirus, pour lesquels l’Institut de virologie détient une base de données recensant 22 000 échantillons ; base qui a été mise hors ligne le 12 septembre 2019 - période présupposée par plusieurs scientifiques comme étant celle réelle du début de l’épidémie.

Et bien que le SRAS de 2003 soit sorti par trois fois d’un laboratoire, vous ne voulez pas croire, Florence, à une fuite de l’un des labos de Wuhan. Pour vous, Sars-CoV-2 s’est échappé de la forêt car « on ne connaît que très peu de coronavirus présents dans la nature, donc il est possible qu’un tel pathogène existe, mais on recherche probablement une aiguille dans une botte de foin », avez-vous déclaré.

Une paille dans un champ de blé, voulez-vous dire ! Car pour faire exister votre pathogène, il faudrait, dans la faune sauvage, une recombinaison entre deux virus qui coinfecterait la même cellule au sein d’un même individu. Ce qui est forcément un événement rarissime… Et statistiquement, moins probable qu’une recombinaison qui se serait faite au bout de l’aiguille… d’une seringue.

Vous ne précisez pas que pour confirmer une origine naturelle, il faudra aussi que l’acquisition du site du clivage par la furine de ce pathogène, ait eu lieu avant le passage de la chauve-souris à l’homme ou un hôte intermédiaire. Ce qui complique encore la tâche de la nature.

En février 2022, une porte s’ouvre cependant pour vous, Florence. Le Pr Marc Eloit, responsable du laboratoire Découverte de pathogènes à l'Institut Pasteur, prélève dans une grotte laotienne, des coronavirus – nommés virus Banal - avec une identité nucléotidique de    97 % avec SARS -Cov -2. Deux mille kilomètres séparent cette grotte du Laos, de Wuhan, et trois pour cent d’écart, c’est encore environ un millier de mutations de différence, et certainement des années d’évolution. Mais cette découverte est la piste la plus sérieuse trouvée jusqu’alors, et vous laisse espérer.

Cependant, très vite, les équipes de Marc Eloit notent une différence de taille entre les virus Banal et leur cousin Sars-CoV-2 : justement, l’absence de "site de clivage par la furine" – le SCF. « Dépourvus de cette arme génétique, les virus Banal n’ont, en réalité, pas de potentiel pandémique. Ce qui a été confirmé par l'analyse de populations humaines, très exposées à ces virus, qui n’ont pas permis d'identifier d’infection », révèle Mar Eloit.

Pour que les « Banal » puissent être les ancêtres de SARS -CoV -2, il faudrait qu’ils aient circulé "à bas bruit" pendant des années, dans la population humaine, jusqu’à émerger lorsque l’un d’eux ait acquis, par le jeu des mutations, un SCF capable de le rendre plus transmissible. Les chercheurs ont alors testé ce scénario en laboratoire, mais aucun de leurs essais n’a permis l’acquisition du fameux SCF par l’un des virus Banal. « … il n’est pas devenu plus pathogène et n’a pas évolué vers un virus respiratoire », a conclu Marc Eloit. « De plus, au terme des six passages, son génome était plus éloigné de celui de Sars-CoV-2 qu’il ne l’était au début de l’expérience », a-t-il rajouté.

Finalement, Florence, cette porte s’est refermée aussi vite qu’elle s’était ouverte, et vous avez alors dû vous contenter de déclarer que cette découverte « prouve qu’il existe dans la nature des virus encore plus proches du Sars-CoV-2 que le fameux RaTG13 en dehors de la mine du Yunnan ».

Et le mystère de l’origine zoonotique est resté entier.

Article à suivre... Accusé, levez –vous… Le chien viverrin, coupable idéal ? (4)

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