Pourquoi je n’ai pu m’empêcher de « bondir » sur le chien viverrin.
Parce que le citoyen que je suis est plus qu’agacé qu’on le prenne pour un « benêt» prêt à voir une lanterne là où il n’y a qu’une vessie gonflée à l’esbroufe ; un super contaminateur là où il y a un pauvre chien en cage. Pour un peu on nous ferait prendre le marché pour un incubateur à microbes, les caries du toutou pour le garde-manger du virus, le mystère de l’origine pour une chimère (ah non, j’oubliais, il n’y a jamais eu de chimère conçue à Wuhan !!).
Car ce que démontre Jesse Bloom - spécialiste de l'évolution de virus, généticien du centre de recherches en cancérologie à Fred-Hutchinson - est que la preuve scientifique avancée pour désigner le chien viverrin comme hôte intermédiaire probable, n'est pas du tout ce qu'elle est censée être : crédible !
Une fois de plus, le sensationnalisme qui ressort de la découverte du chien viverrin nous égare et fait passer la science au rang de « mystificateur ». Les médias n’ont rien appris du Covid et continue à amplifier et déformer la parole scientifique, oubliant que les savants sont des humains attirés parfois par la lumière. Sinon comment expliquer les propos hasardeux de plusieurs des participants aux travaux qui ont mené au chien viverrin, avant même leur parution, du type :
« C'est une indication très forte que les animaux du marché étaient infectés. Il n'y a vraiment aucune autre explication qui ait un sens ». Un autre auteur a déclaré au New York Times : « Ce n'est pas un animal infecté. Mais c'est le plus proche que vous pouvez obtenir sans avoir l'animal devant vous ».
Ce à quoi rétorque Jesse Bloom : « quand on regarde avec prudence, ces données ne sont pas suffisantes pour conclure quoi que ce soit sur la présence d'animaux infectés ».
A partir simplement d’interviews de protagonistes impliqués dans cette affaire, les journaux ont présenté la découverte du chien viverrin comme une avancée majeure dans l’affaire de l’origine du virus. Ce fut un énorme succès médiatique pour cette thèse ; succès usurpé car comme souvent, rien n’était prouvé.
Tout d’abord, la méthode employée par le groupe scientifique mené par Worobey pour bénéficier de cette couverture médiatique était plus que contestable. Son but était clairement de prendre de vitesse tout le monde en publiant son rapport d'analyse - avant même de publier un article scientifique vérifié par des pairs, et avant que les scientifiques chinois, à l’origine des données, ne l'aient fait. Ce, en violation directe des conditions de GISAID (le 21 mars 2023, la base de données a d’ailleurs désavoué Florence Débarre).
Avec un peu plus de sérieux, les chercheurs de Worobey auraient attendu la publication des chercheurs chinois, et comme Bloom, auraient alors pu travailler à partir d'un ensemble de données plus complet. Et si leur analyse avait eu le temps d’être vérifiée par des pairs, ceux-ci auraient constaté que l'écouvillon Q61 – le seul écouvillon trouvé pouvant prétendument être annoncé comme positif pour le SRAS-CoV-2 - contenait une quantité importante de matériel génétique de chien viverrin, mais en fait, de très faibles quantités de matériel génétique du SRAS-CoV-2.
Et plus inquiétant encore, les pairs auraient remarqué que « cet échantillon a été testé négatif par RT-qPCR et semble avoir été qualifié de positif sur la base du fait qu'il contient 1 des ~ 200 000 000 lectures mappées au SRAS-CoV-2 » comme l’a rapporté Bloom dans sa préimpression sur bioRxiv, fin avril.
Or Sergei Pond, un virologue informatique à l'Université Temple sans lien avec Bloom, nous dit qu’« une lecture sur 200 000 000 est complètement insignifiante sur le plan statistique ».
Selon lui, Il n'y a donc aucune preuve basée sur l'analyse génétique qu'il y avait du SRAS-CoV-2 dans cet échantillon – et donc sur le chien viverrin.
Et Bloom surenchérit en nous disant que même si on en avait trouvé, cela ne sera pas significatif, puisque le plus grand mélange de matériel viral et animal trouvé sur le marché, impliquait des espèces qui n'étaient presque certainement pas infectées par le SRAS-CoV-2, comme les poissons.
D’autre part, au moment où les échantillons ont été collectés – au minima un ou deux mois après le début de l’épidémie – le SRAS-CoV-2 était déjà partout sur le marché de Wuhan, probablement sans rapport avec la vente des animaux et des produits d'origine animale, nous dit-il encore.
Et Sergei Pond ajoute « Même si vous aviez une transmission d'animal à humain sur le marché en décembre, au moment où vous avez collecté des échantillons en janvier, elle aurait pu facilement se propager des humains aux animaux ».
Mais alors pourquoi d’autres scientifiques, qui ne peuvent ignorer ces éléments, ont-ils essayé de nous faire croire que le fameux chien viverrin était une véritable avancée pour l’hypothèse zoonotique ?
Mon sentiment est que le chien, comme le pangolin jadis, est encore une marionnette qu’on gesticule devant nos yeux pour détourner notre attention de ce qu’on ne veut pas qu’on voit. Car le 8 mars – peu avant que ce fameux groupe, dans lequel on trouve les mêmes personnes déjà en conflits d’intérêt avec le NIH dans le passé - publie ses travaux, Robert Redfield - ancien chef du CDC américain - a témoigné sous serment devant la commission d’enquête de la Chambre des États-Unis en faisant cette déclaration :
« Sur la base de mon analyse des données, j’étais arrivé [au début de la pandémie] à la conviction – et je le crois toujours – que le Covid-19 était plus probablement le résultat d’un accident de laboratoire que d’un débordement naturel ».
Le virus contenait un code génétique humain à un niveau important, a expliqué Redfield. « C’était très inquiétant pour moi. Ce virus m’a semblé conçu. ». Autre indice important pour Redfield : contrairement aux virus Sars et Mers, qui n’ont jamais appris à se propager d’une personne à l’autre, le virus pandémique était dès le départ trop contagieux pour les personnes.
Au début de la pandémie, il l’a dit à Anthony Fauci, au directeur de l’OMS Tedros Ghebreyesus et à Jeremy Farrar, alors directeur du Wellcome Trust. Il a alors été écarté de l’équipe constituée autour de Fauci qui a élaboré la fameuse version « naturelle » qui a été « imposée » pendant plus d’un an.
Cette affaire de chien viverrin semble démontrer que le NIH et les NIAID continuent vraisemblablement -à pousser des scientifiques à peser sur l’hypothèse zoonotique - en prenant toujours le risque de saper la confiance du public dans la recherche scientifique. Ont-ils d’autre choix que de détourner les regards qui pourraient se reporter sur le financement des recherches à Wuhan.
Pourtant, en dehors de Redfield, d’autres groupes d’influence semblent se poser sérieusement la question de la fuite de laboratoire. Le 19 et 20 avril dernier, une conférence très spéciale, le « Pathogens Project », dédiée à la sécurité des laboratoires de virologie, a été organisée sur les bords du lac Léman.
C’est donc bien qu’après l’émergence de Sars-Cov-2, on s’inquiète de ce qui se fait dans ces labos.