
Représentations sociales des mères célibataires
« Qu’est-ce-qu’elle a fait pour se retrouver au SMIC ? Est-ce qu’elle a bien travaillé à l’école ? Est-ce qu’elle a suivi des études et puis si on est au SMIC et bien il ne faut peut-être pas divorcer non plus dans ces cas-là, si tu veux à un moment donné quand on se rajoute des difficultés sur des difficultés et des boulets sur des boulets on se retrouve dans des problèmes. ». Julie Graziani lundi 4 novembre 2019 sur LCI dans l'émission 24h Pujadas.
Les propos de la chroniqueuse, proche de Marion Maréchal Le Pen, s’inscrivent dans une idéologie radicalement patriarcale selon laquelle les femmes ne peuvent vivre sans la protection d’un homme, qu’importe leur sécurité ou celle de leurs enfants.
Ce genre de propos renvois à nier toutes les thèses sociologiques traitant de la reproduction sociale. Ils occultent tout le patriarcat et le sexisme véhiculé dans notre société. Tenir ces propos, c’est tout bonnement nier les inégalités subies par les femmes et, en conséquence, par les mères célibataires. Mais c’est aussi valider l’idée que le célibat et la précarité sont un choix pour la femme et non une discrimination subie.
Préjugés sexistes de la mère
Toujours aujourd’hui, les femmes restent cantonnées au rôle d’éducation des enfants. Dans 75% des cas de ruptures d’union, ce sont les mères qui en obtiennent la garde. Il reste assez rare que les pères demandent la garde des enfants, et qu’ils l’obtiennent. Les femmes restent plus amenées à faire des sacrifices pour la garde de leurs enfants et détiennent une meilleure connaissance de leur quotidien. Les mères présentent des dossiers plus solides, une meilleure connaissance du quotidien de l'enfant et une meilleure implication là où le père confie en général ses enfants à sa propre mère en cas de galère.
Les mères grandes perdantes de la parentalité
Les mères sont les grandes perdantes de la parentalité. Au moment de l'arrivée des enfants, on observe un changement massif du comportement des femmes sur le marché du travail, et quasiment aucun pour les hommes. On note par exemple que les mères exercent beaucoup plus de temps partiel que les hommes. Et même quand la femme est mieux rémunérée, c'est elle qui aménage son temps de travail. Les hommes préférant visiblement gérer leur carrière plutôt que leurs enfants.
La charge mentale quant à l’éducation pèse ainsi beaucoup plus chez les femmes que les hommes. 65% du travail familial est exercé par les femmes. Nous sommes encore très loin de l’égalité du travail familial entre les femmes et les hommes. Et quand la journaliste Titiou Lecoq a raconté dans une vidéo pour l’Obs comment, dans l’espoir de faire plier son conjoint, elle avait refusé d’emmener son fils chez le pédiatre « parce que ça n’était pas son tour », la vague de haine sur twitter ne s’est pas laissée attendre. Les propos tournant principalement autour de « retirez lui son enfant », occultant une fois encore toute la responsabilité du père. Rejetant une nouvelle fois la faute sur la mère.
Les femmes priorisent donc plus facilement l’éducation des enfants sur leur temps de travail. Il est ainsi plus accepté pour une mère de quitter son lieux de travail pour ses enfants. Et tout cela a un coût : sur leurs parcours et leur ascension professionnelle, sur leur rémunération et sur leurs choix de vie. Des concessions que la plupart des hommes ne connaissent pas. Il y a donc significativement une inégalité de genre dans le travail familial, fondé sur la base d’un sexisme ordinaire.
Dès lors, ce sexisme mène à la précarisation professionnelle, sociale et symbolique et vient freiner structurellement l’accès à de meilleures rémunérations, de meilleures positions sociales, et une meilleur niveau de vie pour les femmes. Les hommes, quant à eux, ne sont pas (ou peu) freinés par ce rôle d’éducation et peuvent se consacrer plus librement à leur réussite professionnelle.
« Sexisme amène précarité », c’est ce à quoi s’attachera Orsinos dans la 3ème et dernière partie du mois des daronnes. Sortie prochainement.
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