C’est devant la Grande Bleu aux côtés de Brigitte qu’il a pesé chaque mot de ses vœux républicains, une tradition initiée par le Grand Général (1,96 m).
Pudique comme un moine Shaolin en pleine cérémonie du thé, il ne dira pas un mot sur sa victoire express contre ce vilain virus qui l’a obligé à porter un pull à col roulé qui, Dieu soit loué, n’a pas gratté son coup gracile mais qui l’aura contraint à s’isoler loin de l’être aimé pour mieux sauver ce sujet à risque des sombres périls de l’épidémie qui progresse à la vitesse d’un cheval au galop (euh...).
Marqué par ce jour sans fin, tu lui trouve petite mine, sans punch et sans enthousiasme, comme déjà vidé de sa substance « divine » de Roy bientôt déchu...
Il a beau te promettre que « quoiqu'il arrive » tu sauras faire face aux crises en 2021, te répéter en mantra à la manière du bon docteur Coué que « L'espoir est là », il a beau s’approprier une figure de rhétorique en égrénant une litanie de prénoms de Français, dans un hommage maladroit et emprunté aux héros des premières et deuxième lignes... rien n’y fait... Aucune émotion ; même l’image de Lucas 11 ans qui fait don de sa tablette à une « ainée » bientôt vaccinée par Mr Vaccin prêt à livrer en express son Ephad avec son Berlingo réfrigéré plein à craquer de doses facturées 12 € l’unité par Pfizer.
En l’absence de grand chef, la mayo ne prend pas.
Quand sa Sérénissime Altesse aux mains moites t’affirme - dans une formule empruntée à la collection Arlequin - que c’est « avec l’émergence du printemps que le matin Français renaîtra » tu comprends que l’agenda caché est déjà acté et que tu vas revoir prochainement la tronche de JC pour t’annoncer que c’est plié pour la réouverture prochaine des restau, des ciné et des salles de sports.
Avant d’attaquer ton « pot au feu du couvre-feu », tu te proposes pour positiver ton P’tit réveillon, de jouer à un petit jeu de société et de noter sur 20 l’année 2020 en cherchant les points positifs de cette intense expérience existentielle imposée à la planète par un Pangolin ayant préféré conserver l’anonymat.
Ok tu t’es débarrassé des 3 % de Maastricht et des agences de notations financières qui évaluaient tous les jours le risque de non-remboursement de ta dette ! Ok Trump n’est presque plus Président, la Nouvelle-Zélande et l’Argentine ont dépénalisé l’avortement, le pape s’est prononcé en faveur du mariage homosexuel, l’Écosse a rendu les protections périodiques gratuites !
De là à donner la moyenne à cette année de merde, non, non, et non ! Pas plus de 5 ou 6 grand max. En même temps (ah, ah), mieux vaut garder un peu de marge vers le bas : pour te donner la banane, l'OMS t’a déjà prévenu de te préparer à d'autres pandémies « pires » que celle du Covid-19.
Éclairé à la pôvre flamme de ta bougie (l’électricité augmente de 2 % à partir d’aujourd’hui) et devant l’écran TV où se succèdent des images d’avenues et d’esplanades vides illuminées par les gyrophares des véhicules des forces de police ordonnant à la population de rester chez elle, tu prépares la carte de vœux que tu vas envoyer à tes amis avec quelques formules en forme de bonnes résolutions dont tu doutes encore un peu plus être en capacité de les appliquer à toi-même.
A la recherche d’une inspiration, tu viens de découvrir avec stupéfaction la carte de vœux envoyée à ses troupes par ce grand fan d’Audiard, de Socrate, Aristote et Épicure, le préfet « Didier je ne suis pas du même camp Lallement » citant des propos de Léon Trotski, un expert en matière de répression sanglante n’en déplaise à ta mère qui fut Trotskiste dans ses jeunes années et n’a rien trouvé de mieux, ironie de l’Histoire, que d’épouser un anarchiste (Papa si tu me lis...) : « Je suis profondément convaincu, et les corbeaux auront beau croasser, que nous créerons par nos efforts communs l'ordre nécessaire. Sachez seulement et souvenez-vous bien que, sans cela, la faillite et le naufrage sont inévitables ».
« Non Cher Monsieur, nous ne sommes pas dans le même bateau » !
Courage et force à nous !