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Billet de blog 5 avril 2024

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Les êtres souverains, nouvelle et dangereuse tendance complotiste d'extrême droite

Un nouveau mouvement, quelque part entre le complotisme (terre plate, chemtrails, 11 septembre, etc.), le suprémacisme blanc et les mouvances d'extrême droite s'installe en francophonie. Petit aperçu des idées que ce mouvement véhicule.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le mouvement des citoyens souverains (sovereign citizens en version originale car cette idéologie nous vient des États-Unis) arrive en Belgique et en France. Si j'en entendais parler depuis quelques années aux États-Unis (le mouvement existe depuis les années 70 environ) la circulation assez large de cette vidéo sur TwiXtter montre que le mouvement arrive en France. Voyons ensemble quelques explications de leurs théories puis nous ferons une petite explication de texte de ce que ce monsieur raconte.

© 𝕯𝖗𝖆𝖈𝖆𝖇𝖎𝖙𝖈𝖍

La fiction de base de ce mouvement politique / de cette théorie du complot : vous avez le droit de ne pas consentir à participer à la société. Si vous voulez ne pas obéir aux lois, ne pas payer vos dettes, vos amendes ou vos impôts, ne pas être arrêté·e ou jugé·e, c'est possible ! Il suffit de vous déclarer citoyen·ne souverain·e de votre propre corps.

Vous trouverez aisément sur internet toutes sortes d'articles détaillant l'histoire de ce mouvement, les divers arnaqueurs qui l'ont bâti, mais passant sur ces détails, l'origine en est simple : comme les lois sont incompréhensibles par le commun des mortels, les "grifters" (arnaqueurs, gourous, etc.) prétendent simplement qu'ils ont trouvé des trous dans les textes légaux qu'on peut exploiter (des contradictions ou "loopholes" en anglais) et ils vont vous donner (et vous vendre, évidemment) ces astuces. Un petit peu comme les pubs "cette vieille astuce de grand mère rend les médecins fous" l'idée est de vous vendre un truc que vous aviez sous le nez depuis le début et dont vous n'aviez pas idée, simple à mettre en place et qui va vous changer la vie, vos sortir de vos dettes ou ennuis juridiques avec très peu d'efforts.

Et il est aisé de croire à cette première fiction : personne, ni nous évidemment, mais ni les juges, ni les députés, ni les avocats ne comprend la loi en entier. Chacun n'en connaît que des pans. Il semble évident qu'il y ait des trous quelque part dans l'amalgame de textes, de décrets, de lois, de textes, d'actes empilé depuis des siècles, raturés, corrigés, amendés, qui nous sert de droit. Au delà même de ce constat, les contrats, les lois sont écrites dans un jargon très particulier et assez vieillot (pour qu'il soit stable malgré le temps qui passe) dans lequel les mots n'ont pas toujours leur sens courant. On pourrait comprendre qu'il soit tentant de retourner ce jargon contre l'état, contre le pouvoir, surtout quand on est un peu désespéré. Nul n'est sensé ignorer la loi, mais parfois, vu sa difficulté d'accès, il peu sembler aussi que nul n'est sensé la connaître.

On notera tout de suite que les citoyens ou êtres souverains ne sont pas originellement une émanation de l'extrême droite qui s'est dit un matin qu'elle allait investir dans une nouvelle arnaque intellectuelle, c'est simplement une suite logique que ces gens, persuadés d'être des victimes d'un système bâti contre eux dans lequel "tout le monde vous ment" (et dans certaines acceptions, que le monde est évidemment, comme à chaque fois, dirigé par les juifs) se rallient aux franges extrêmes des suprémacistes blancs.

Illustration 2

Dans le tableau ci-dessus, issu du rapport Understanding Law Enforcement Intelligence Processes du National Consortium for the Study of Terrorism and Responses to Terrorism de l'université du Maryland, aux États-Unis, les citoyens souverains sont considérés comme posant une plus grande menace que les jihadistes extrémistes. Si parfois les croyance qu'on va exposer peuvent prêter à sourire, gardons quand même en tête que ces gens ne sont pas à prendre à la légère. Leur logique sécessionniste les pousse souvent à s'armer et leur impression d'être opprimés peut les rendre dangereux. Le mouvement a déjà plusieurs attentats à son actif, des enlèvements, et c'est d'ailleurs dans les cours de justice qu'on les retrouve souvent, ce qu'on verra bientôt.

Grille de lecture

Dans son acception française, le mouvement s'est donc largement bâti sur l'idée que la France est une compagnie privée, dans laquelle nous serions tous né·e·s et qui possèderait nos identités. Nous humains, ne serions pas simplement des individus, mais que cette entité Française aurait ouvert à nos noms des entreprises qui sont en contrat avec elle. Pour marquer cette distinction, le nom de votre société est écrit en majuscules sur vos pièces d'identité, et c'est cette société qui est en contrat avec l'état. Une sorte de dévoiement du concept de "contrat social".

De l'époque où les papiers d'identité était écrits à la main, on a conservé l'idée que le nom de famille devait être en majuscules, pour éviter qu'une personne à l'écriture cursive illisible ne rende votre passeport indéchifrable. On en a conservé l'habitude de demander aux élèves d'écrire leur nom EN MAJUSCULES sur leur copie et de les taper en majuscules sur les papiers d'identité, passeports, permis de conduire, etc. simplifiant par exemple la distinction i majuscule et L minuscule, rien à voir avec des compagnies ou des sociétés. Ils appellent cette identité crée par l'état "votre personne fictive" par opposition à votre vraie existence de personne libre et souveraine.

Vous pouvez donc refuser d'être associé·e à cette société qui porte votre nom en capitales, soit en vous achetant sur les sites des ces arnaqueurs des faux papiers, ou de nouvelles identités, ou des certificats de détachements de votre société (qui n'est pas vous puisque vous, qui portez le même nom, mais en minuscule, êtes un être souverain et pas une société). Pour prouver que l'état est une société, le mouvement utilise une astuce : montrer qu'il existe bien une société appelée "République Française Présidence" qu'on peut effectivement bien trouver immatriculée, qui possède un numéro SIRET, un numéro de TVA intracommunautaire, etc. 

Si cette société existe c'est parce qu'il faut bien que la France aussi paye. Pour qu'elle paye ses traiteurs, ses employés, ses factures, achète du homard à M. De Rugy ou paye un siège en première classe aux costumes d'Emmanuel Macron, il faut qu'elle puisse émettre des factures, payer la TVA, etc. Donc, elle a besoin d'un SIRET, c'est la règle pour tout le monde, y compris pour la France en tant que pays. On aurait pu dire "ah, c'est cocasse" eux ont choisi de dire "si vous refusez d'entrer en contrat avec la France, alors vous êtes libres de ne pas obéir à la loi", et la France ne peut plus vous contrôler ou vous réclamer de l'argent ou des impôts. Oui, vous reconnaîtrez peut être des accents d'occultisme à base de "si je connais le nom d'un démon j'ai le contrôle sur lui" et leur tactique est donc de changer de nom, pour des noms tout en minuscule, parfois avec des signes de ponctuation pour rompre le contrôle de l'état.

On les entend dire en boucle dans la vidéo "on ne contracte pas, on ne contracte pas". Dans leur idée, les gendarmes, les policiers sont des gens armés, payés par des entreprises privées pour voler les honnêtes gens à partir d'une fiction juridique. Ils les appellent parfois des pirates ou des mercenaires. La preuve ? Regardez, donnez moi le nom de votre gendarmerie je vais vous montrer que ça n'est pas l'état, c'est aussi une entreprise privée avec un SIRET ! Oui, la gendarmerie aussi doit se racheter une agrafeuse de temps à autre et elle a donc, elle aussi, besoin d'un SIRET et d'un numéro de TVA. En criant "on ne contracte pas, on ne contracte pas" ou "on ne consent pas à contracter" leur idée est d'empêcher un pacte de s'établir, le contrat de s'appliquer à eux, et donc de les protéger de la loi.

Vous reconnaissez peut être cette tactique de ces posts Facebook qui circulent depuis des années "PAR LA PRESENTE JE REFUSE DE DONNER MES PHOTOS A FACEBOOK" comme si ces incantations pseudo-juridiques pouvaient vous protéger. S'ajoutent à cela le refus donc de la légitimité de l'état : devant les tribunaux (puisque, petit tips pour nos lecteurs, si vous refusez de payer vos amendes, à un moment, c'est là que vous finissez) ils répètent la même chose : vous n'êtes pas légitime, je me présente ici comme mon nom en minuscule, vous n'avez pas de droit sur ma personne car je suis un citoyen souverain, etc.

Leur origine étasunienne a donné lieu à divers courants, souvent à base de constitution, de Magna Carta, de droit maritime qu'on voudrait leur appliquer contre leur gré. C'est pourquoi on les entend dire et insister qu'ils sont dans une VOITURE et pas dans un véhicule, car s'ils étaient dans un véhicule alors ils feraient du commerce et donc les contrats de l'état s'appliquerait à eux. On les entend parfois hurler à une juge ou un policier qu'ils voyagent et qu'ils ne conduisent pas et encore quelques autres précisions incantatoires.

Pourquoi ces gens ont raison

On peut, pour comprendre d'où ils viennent et ce qui leur arrive, leur donner raison sur 3 points.

  1. On ne choisit pas le pays dans lequel on vit. Je n'ai pas choisi de naître en France, on ne m'a pas laissé le choix, je pourrais changer de nationalité, mais ce serait le même problème, je n'ai pas le droit de ne pas avoir de nationalité. C'était l'un des problèmes majeurs des délires autour de la déchéance de nationalité : le droit international interdit la création d'apatrides. Le fait que tous les pays du monde se soient ensemble mis d'accord pour décider qu'on n'avait pas le droit de ne pas appartenir à l'un d'eux peut effectivement provoquer des sentiments mitigés. Quand bien même vous quitteriez la France, où iriez vous ? Il n'y a pas de territoire libre où vous installer, qui n'appartienne à aucun pays et à personne. Ce sentiment d'être contrôlé, de n'avoir pas d'autre choix que de participer à une société qu'on a pas choisi, qui nous met des amendes, nous réclame des impôts, qui décide de plein de choses à notre place... On peut comprendre qu'il fasse naître des frustrations.
  2. La loi est effectivement très difficile à comprendre pour le commun des mortels. Si on vous envoie des agios, des lettres de notaires de 3km de long, qu'on vous réclame des surcoûts, des arriérés, qu'y pouvez-vous ? Si vous êtes endetté·e, si vous êtes pauvre, il suffit de vous dire qu'il existe une sortie pour que vous fonciez tête baissée. On retrouve beaucoup de gens qui ont des démêlés avec la justice américaine dans les Sovereign Citizens. Une justice qu'ils ne comprennent pas, des administrations, des bureaucraties qui leurs semblent complètement étrangers et qui sont parfois violents. Peut être physiquement, mais aussi symboliquement. Vous êtes un adulte, mais quand la juge vous dit "vous m'appelez votre honneur, vous vous taisez, c'est moi qui décide quand vous pourrez parler" c'est aussi perçu comme une violence injuste de ce système incomprehensible.
  3. Nous avons, en tant que société, un consensus mou sur la façon dont notre société doit tourner, mais tout ça, ce ne sont que des mots. Des mots parfois étranges ou étrangers, entremêlés de latin ou de chiffres, art L-245 alinéa 5 du traité du code du décret de la loi rectificative... Si ces mots là peuvent faire tant, s'ils peuvent bâtir une société, alors pourquoi est ce que d'autres mots ne pourraient pas aussi la détruire, ou la rendre plus juste ? 

Evidemment, si expliquer n'est pas excuser, l'on peut toutefois répondre à ces 3 points :

  1. Si effectivement on ne choisit pas son pays de naissance, les gens sont libres de changer de nationalité. Quant à savoir si l'on peut devenir apatride, nous avons bâti notre richesse et notre survie sur l'interdépendance. Sans elle, pas de routes, pas de voitures, pas de vêtements, pas de nourriture, pas de téléphones ou d'internet, etc. Sauf à aller vivre sur un radeau à la dérive en eaux internationales, nous profitons tant de nos sociétés qu'il serait bien étrange d'en tirer tant de bénéfices tout en refusant d'y participer. Ces gens ont raison sur leur espoir d'un pays sur lequel on a plus de contrôle, plus de démocratie.
  2. Faire des règles de droit claires nettes et inattaquables, c'est impossible (et croyez moi, c'est mon métier d'écrir des règles). Les humains passent leur temps à essayer de se glisser dans les interstices et les non-dits des règles. C'est même le principe de la justice : si les lois se suffisaient à elles-mêmes, on pourrait demander à la police de les appliquer. Non, il faut sans arrêt clarifier, réécrire, amender, et même là, il faut quand même se perdre en infinies négociations sémantiques dans les tribunaux. Ces gens ont raison sur leur envie de clarté de la loi, et on devrait apprendre à mieux communiquer la loi, et peut être, parfois, la simplifier.
  3. Le langage est une technologie vraiment très imparfaite. mais nous n'en avons pas d'autre. Il faut expliquer les choses, trouver des consensus, des ententes, et faire avec ces imperfections. Toutefois, ces gens ont raison : les lois, les textes, tout cela ça n'est que des mots, des accords entre humains, et on ne devrait pas avoir peur de créer, avec d'autres mots, un monde meilleur. Des lois injustes il y en a eu, il y en aura, et cela doit nous enjoindre à les rendre meilleurs plutôt qu'à jouer à chat perché en espérant qu'elles ne s'appliquent pas à nous.

Les délires

Je l'ai dit avant, au sujet de mon précédent article "Pourquoi les gens de droite sont en train de devenir complètement zinzins" et je le redirai : le français a une faille énorme sur ce décalage à la réalité. Car s'il faut bien laisser les fous et les malades mentaux en dehors de ça (on rappelle qu'on ne choisit pas plus d'être malade mental qu'on ne choisit d'attraper une grippe ou de naître aveugle) il faut bien dire qu'il y a quelque chose de tentant à dire que ces gens sont divorcés de la réalité commune. Mais ils ne sont pas fous, pas malades, pas maboules, pas dingues. Ils sont ailleurs, et nous n'avons pas vraiment de mot pour désigner ces états. C'est pour cela que j'utilisais "zinzin" ou "fêlés" dans mes articles sur ces gens qui semblent bouder la raison. Simplement parce que je n'ai pas d'autres mots. Si vous avez des idées, les commentaires sont ouverts et je les lis attentivement.

Oui, ces gens sont dans des logiques quelque part entre le mouvement politique et la dérive sectaire. Une comparaison que Michael Kimmel fait dans son livre Healing from Hate, sur les proximités entre logiques cultuelles et groupes extrêmistes. Ils sont finalement, la pointe dégénérescente des groupes "anti-systèmes" croyant s'être entièrement détachés du système. On les voit  parfois s'armer, partir à l'étranger comme dans le très bon article d'Anthony Mansuy pour Society, et devenir dangereux. Comme une personne refusant d'enlever un bandeau de ses yeux dans un magasin de porcelaine, il est fort probable qu'ils fassent de plus en plus de dégâts. Et comme on peut le voir sur cet photo, où un panneau publicitaire annonce "Fraude au nom légal, la vérité, il est illégal d'utiliser un nom légal", prise au Royaume Uni, le mouvement s'amplifie. Aux USA aussi, le mouvement avance, et on retrouve de nombreux Sovereign Citizens dans les insuréctionnistes du 6 janvier qui ont envahi le capitole américain.

Comment réagir ? Je serais bien en mal de vous donner des conseils. Pour beaucoup, cela fait rire. Comme certains regardent hilares un enfant courir et se casser la binette dans l'équivalent moderne de vidéo gag, la réaction de nombreux d'internautes est l'hilarité face à ces gens qui se "prennent le mur de la réalité en pleine face". Il existe des compilations Youtube de plusieurs heures d'auditions, d'arrestations de citoyens souverains qui se font casser la fenêtre de leur voiture, tazer, humilier par les juges, condamner pour des infractions mineures. Comme leur croyance est basée sur le language, ils sont constamment en train d'avoir des comportements anti-sociaux : de parler sans interruption, d'interompre, de débiter leur jargon pseudo-juridique en coupant la parole aux juges, et cela produit sur cerain un étrange effet cathartique de voir ces gens se faire mettre au sol parce qu'ils hurlent, renversent les meubles ou se débattent dans une salle d'audience face au juge.

On entend parfois dire que ces tactiques du rire sont efficace car le ridicule est parfois un vrai moyen politique de lutte contre les idéologies d'extrême droite. A en croire d'autres, le fait même de se prendre le réel en pleine face : les arrestations, les condamnations devant les tribunaux, devrait les ramener à la raison. Peut-être est-ce déjà arrivé, mais je n'en ai pas trouvé trace. Au contraire. De ce que j'ai vu, ces gens perçoivent tout cela comme une encore plus grande injustice et s'enfoncent dans leurs croyances.

Comme toutes les sectes, comme tous les mouvements de haine, le point commun qui pousse les gens à rejoindre ces mouvements et à s'y enfoncer est le plus souvent l'absence de communauté, de connexions humaines. Pour avoir eu quelques amis proches qui sombraient de plus en plus dans divers complotismes, on se sent complètement impuissants. Tout ce que l'on peut souhaiter aux membres de ces mouvances c'est qu'ils s'en sortent. Comme souvent, ces groupes d'extrême droite utilisent des idées de gauche pour recruter. On voit dans l'une de leurs vidéos "ils [les dominants] ont détruit l'hopital, la justice, l'éducation". A mon sens, s'il y a des solutions individuelles, ce qu'on peut faire de manière systémique, c'est de les rendre inutiles : de bâtir un monde plus démocratique, une société où l'on se sente entendus, où l'on ait envie de rester par choix, qui prenne soin des individus.

Voilà, c'est tout un programme comme dirait l'autre, mais j'espère au moins que vous en avez appris un peu plus sur les êtres souverains et qu'ils ne progresseront pas trop dans le monde francophone. Comme ces groupes se nourrissent de la misère extrême, particulièrement des faillites médicales aux États-Unis, où une jambe cassée peut vous ruiner et vous endetter à vie, prennons soin de nos filets de sécurité sociaux, renforçons les, et n'oubliez pas d'écrire votre nom en minuscule.

Et si vous avez apprécié cet article, n'hésitez pas à me suivre sur TwiXtter où j'en écris d'autres :)

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