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Billet de blog 18 mai 2015

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Fast and Furious Misogynes

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Fast and Furious Misogynes

pourrait être le titre de la majorité des block busters qui sortent au cinéma ces derniers temps. Un scénario rapide, un déchaînement d’actions, et non pas d’aventures, des booms et des bangs qui agitent nos oreilles et rétines blessées.

Bon, il parait qu'il en sort des féministes en ce moment (le dernier Mad Max ndlr)... N'ayant pas encore eu l'occasion d'aller voir ce grand chef d'oeuvre, j'affirme ma position en occultant de fait ce qui semble faire pour certains cas d'école.

Fast and Furious, film fast use ? pourrait être le titre de cet article.

Film à usage unique, qui donne envie de rire, de pleurer, de se battre et de baiser, à prendre sur place pendant deux heures dix-sept. Fast and Furious c’est donc l’essence du film que l’on consomme, fabriqué pour un public que l’on prend pour des débiles activant à doses de fesses, de seins et de gros muscles des réactions automatiques qui seront réactivées plus tard à la vue d’une pub, lors d’une bouchée de Mac Fleury, le portefeuille dégainé.

Dans une logique consumériste, je pourrais très bien présenter une paire de fesses au cœur de mon article, comme ça, espérant ainsi attirer suffisamment de « clics » pour faire exploser les statistiques de mon site.

Ces images destinées à activer chez le spectateur des réflexes de consommation, peuplent aussi un imaginaire, le plus souvent, celui des enfants et des adolescents. Parce que dans la salle, les spectateurs qui admiraient l’arrière train de Michelle Rodriguez, avaient pour la plupart entre dix et vingt ans.

Le fast use, c’est rapide, ça fait frisonner, mais paradoxalement ça s’installe aussi dans le temps. Car un cerveau sollicité sans cesse pour consommer est un cerveau endormi qui fonctionne par réflexes, mécanisme qui s’introduit dans les interactions sociales. L’être humain moderne semblerait vouloir tout tout de suite et maintenant, impatient, avide de richesses et de frisson, indépendant, à l’écoute de ses moindres désirs. L’être humain moderne est formaté pour consommer. Bien sûr, je pousse la caricature à l’extrême ou du moins à l’extrême de la logique des créateurs de blocks busters.

L’imaginaire se construit autour d’une représentation de la société de l’instant, une société qui vit sur une organisation sociale digne de l’époque des cavernes. Je m’explique (attention spoilers). Nous sommes arrivés en retard à la séance et, contrainte par obligation professionnelle à regarder ce film, je dois vous avouer que ma critique est fondée sur quelques regards levés sur l’écran (mais avais-je besoin d’en voir plus ?). La première image que j’ai donc vue est celle d’une femme physiquement parfaite, recouverte de tatouages (pour le côté rebelle) portant pour seuls vêtements un soutif, un string et une jupinette, tenir un drapeau pour annoncer le départ d’une course de voitures, se pencher en avant et là NAUSÉE. Ma nausée. Ça va être long et je n’ai pas été la seule à me sentir irritée par l’hécatombe d’images de la femme dégradantes puisque plusieurs jeunes filles ont passé comme moi l’intégralité de la séance penchées sur leurs téléphones.

Je vous passe le catalogue des images sordides (celle qui sort de l’eau en maillot de bain, celles qui presque nues et recouvertes de peinture dorée servent littéralement de statues humaines dans un penthouse à Dubaï… ) et des réflexions machistes (« avec une plastique pareille ça reste pas scotché devant un ordi » oui « ça » c’est bien une femme)… Il semblerait que ce ne soit aujourd’hui qu’un détail et j’aimerais me concentrer sur l’aspect ouvertement misogyne du film. Si de nombreux block busters présentent une image dégradante de la femme, il compensent sans cesse avec des figures de femmes fortes, courageuses voire féministes, un classique du mi-ange mi-démon.

Fast and Furious ne se cache pas de présenter une société faite par les hommes et pour les hommes. Non, je ne parle pas de la passion masculine pour le tunning puisqu’elle, elle est partagée par de nombreuses femmes dans ce film mais du fait par exemple, que les bureaux de la police ne soient occupés que par des hommes. Et je ne parle même pas d’un poste à responsabilité ! Les quelques femmes qui entourent la gente masculine, et notamment l’actrice Michelle Rodriguez, une rideuse, si elles affichent une force de caractère (véritables tigresses en robes de soirée) sont sans cesse sauvées par leurs homologues (ironie) masculins. On notera tout de même un échange dialogué entre les deux personnages féminins principaux aux allures féministes (alors que les deux femmes sont en danger lors d’une course poursuite, l’une demande qui les sauvera et l’autre lui rétorque qu’elles sont seules et qu’elles ne doivent compter que sur elles-mêmes) est complètement bousillé par l’arrivée christique de leur sauveur masculin.

Les hommes y sont représentés comme des chiens (oui le mot est lancé par un personnage féminin mais sur le ton de la franche camaraderie) qui mâtent salement les femmes sur la plage sans doute castées chez Victoria Secret. C’est même une petite fille qui reprend son papa alité à l’hôpital sur une blague graveleuse à l’attention de l’infirmière. Dans ce film, les femmes ne sont pas vraiment séductrices ou du moins, carnivores… Maîtrisables, elles affichent un regard apeuré lorsque les hommes montrent de l’agressivité. La peur du viol est même exprimée par Ramsey, la jeune hackeuse enlevée (je ne sais plus pourquoi… ), lorsqu’un homme de la brigade des supers conducteurs de voitures vient la délivrer et c’est une autre jeune dubaïote qui affiche un regard apeuré lorsque pour faire diversion un homme l’attrape par le bras, l’affiche devant tout le monde lui parlant de ses divins « obus ». La femme est donc sexy mais timide…

Les exemples de misogynie sont légions dans ce film et je pense qu’il n’est pas nécessaire d’en donner davantage (femmes aux foyers dont la seule occupation est de craindre pour la vie de leurs maris, hommes qui ne pleurent jamais, femmes jugées trop belles pour être intelligentes… ) Ce que j’aimerais écrire pour conclure c’est que ce genre de film n’est pas q’une daube de plus au cinéma, surtout pour les enfants et adolescents en construction, c’est une brique de plus sur le mur imposant de la misogynie qu’il est grand temps de faire tomber.

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