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Le webinaire organisé, conjointement par Europe Écologie les Verts et France Nature Environnement, le Mardi 26 Janvier dernier, a permis de mettre en lumière un projet politique concernant le traitement de la question de l'eau à Paris: un enjeu majeur dans les années à venir, dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique et le respect de la biodiversité.
Avec la présence de plusieurs acteurs politiques et de la société civile (Dan Lert, adjoint au maire de Paris, chargé de la transition écologique et de l'eau, Christine Nédelec, présidente de France Nature Environnement paris et Ile de France, François Béhar, chargée de mission de France Nature Environnement, pour l'Agence de l'Eau Seine Normandie, ou encore Pierre Marie Tricaud, de l'Institut Paris Région, notamment, et quelques autres), ce colloque avait pour mission d'aborder trois chapitres importants, traitant de la question de l'eau à Paris.
Dans un premier temps, les participants ont mis en exergue, une ancienne revendication des associations de défense de l'environnement: la volonté de faire ressurgir la Bièvre dans la capitale. Dan Lert et Françoise Béhar ont tenté d'inscrire cette proposition dans un cadre plus global d'une politique écologique: la nécessité de lutter contre la sécheresse, les canicules et les vagues de froid, liées au dérèglement climatique, en instaurant notamment des ilots de fraicheur et de végétalisation dans la capitale: Dan Lert a cité notamment la déclaration de la maire de Paris, en 2019, qui prévoyait d'instaurer un objectif de 100 pour cent d'énergies renouvelables en 2050, et une baisse sur 10 ans, d'ici 2030, des gaz à effet de serre, sensiblement égale, à ceux qu'ont été ces baisses, au cours des 15 dernières années. Il a cité le plan Climat de 2018, adopté en 2018 au Conseil de Paris, qui vise à accélérer la transition écologique. Françoise Béhar, qui représentait l'agence de l'eau Seine Normandie a rappelé les enjeux du programme "eau", soulevés par la présence de la Seine, qui traverse 4 départements: notamment la gestion des eaux fluviales, le rafraichissement de la ville par l'eau, la résurgence de la Bièvre, et l'utilisation de l'eau potable et non potable. les participants ont rappelé ensuite les enjeux historiques et géographiques de la résurgence de la Bièvre, à Paris et dans la région parisienne. Son origine à Guyancourt, dans les Yvelines, son tracé qui la faisait originalement se jeter dans la Seine, près de la gare d'Austerlitz, sa disparition à Paris, vers 1912, et sa couverture par les remblais et l'urbanisation, suite à des épisodes de pollution urbaine. pierre Marie Tricaud et Christine Nédelec ont rappelé l'historique des projets de réouverture, depuis une vingtaine d'année: longue de 36 km et couverte sur 11 km, de résurgence partielle, à ciel ouvert, ont déjà eu lieu, notamment à Fresnes, sur plusieurs centaines de mètres, dans un jardin, mais également à L'Hay les Roses, sur 700 mètres. Un 3e point de réouverture est en train d'être mis en place, à Arcueil. A Paris, un projet de réouverture avait été proposé, en 2001, puis abandonné en 2003, après une étude de faisabilité technique qui prévoyait un coût de 50 millions d'euros pour la réalisation des travaux. Le lancement d'une étude de faisabilité technique a été relancée par la mairie de Paris, ces derniers mois. L'enjeu de cette résurgence de la Bièvre n'est pas seulement local, mais international: la ville de Séoul, en Corée du Sud, n'a-t-elle pas financé, ces dernières années, la résurgence d'une rivière, pour un coût de 600 millions d'euros? Et la ville de Saint Étienne n'a-t-elle pas mis en place récemment un projet similaire? La stratégie consiste à favoriser quelques points stratégiques de résurgence de cette rivière, sur quelques centaines de mètres, dans la capitale, (Square le Gall, parc Kellerman, rue de Censier, par exemple), et de permettre au lit de la Bièvre, de se jeter, de manière réversible, par temps sec, dans la Seine, afin d'éviter tout risque de pollution.
Le deuxième point abordé dans ce colloque aura été le projet de baignade dans la Seine, d'ici quelques années, et la nécessité d'assainir cette rivière. Aicha Jarry, représentant la SIAAP a rappelé les enjeux de ce programme: la capacité de traitement des eaux de la Seine n'existe que depuis 2005. avec la mise en oeuvre d'une directive cadre sur l'eau qui date de l'an 2000. Il s'agit d'une part d'enrayer les prévisions de baisse du débit de 30 pour cent de la Seine, d'autre part, assainir cette rivière, par une politique de dénitrification, pour aboutir à un objectif de baignade, d'ici 2024, date des Jeux Olympiques, afin de satisfaire un objectif d'adaptation nécessaire au changement climatique. Elle a rappelé les sources récurrentes de pollution des eaux de la seine, dans la capitale: les contaminations par temps de pluie, les déjections canines, les rejets liés aux mauvais branchements effectués par des particuliers, et la confusion qui s'ensuit entre les eaux de pluie et les eaux usées, ou encore le rejet d'eaux usées par les bateaux. L'enjeu de cet assainissement des eaux de la Seine consiste à lutter contre ces sources de contamination, et non pas à accroitre les stations d'épuration, en nombre suffisant. il faut également traiter la question de la désimperméabilité des sols, en établissant des liens avec les aménageurs urbains, responsables de la bétonisation, pour prévenir tout risque à ce niveau là. L'enjeu de la baignade dans la Seine dépasse très largement le cadre des Jeux Olympiques, et doit bénéficier, à terme, à toute la population parisienne, comme le prouve l'adoption du Plan Baignade de 2018. Cette possibilité de baignade doit bien sûr être réversible, notamment en cas d'orage, source de pollution.
Le troisième point abordé dans ce colloque a été la protection des eaux de captage de la Seine: la représentante d'Eau de Paris a expliqué ce projet. La ville de Paris a pour ambition de remunicipaliser l'eau, actuellement sous la responsabilité de 4 entité, dont 2 société d'économie mixte(Véolia et Suez, notamment), pour améliorer le contrôle de la qualité de l'eau du robinet, notamment l'eau à boire. Elle a rappelé que le système d'alimentation de l'eau a été réalisé avant la création de l'électricité, avec des usines de traitement des eaux de Paris, qui se situaient à Joinville et à Orly, et la constitution d'un réseau d'eau potable et d'un réseau d'eau non potable. Les eaux sont captées à Sens et canalisées dans des aqueduc enterrés pour être dirigées vers Paris. depuis 1990, des conseils ont été prodigués aux agriculteurs d'ile de France, pour leur proposer d'utiliser moins de produits azotés, et limiter l'augmentation des teneurs en nitrates dans les eaux. Les usines de traitement des eaux datent des années 2000 et ont pour objectifs de chasser les pesticides. Par ailleurs Eau de Paris met en avant l'enjeu foncier, en mettant en location des terres, qu'elle met à disposition des agriculteurs, pour accroître les baux d'agriculture biologique, et limiter ainsi les risques de pollution.
Ainsi se retrouve résumé le projet politique de l'eau dans la capitale, dans le cadre d'un enjeu écologique plus large d'adaptation aux enjeux climatiques au 21 siècle!
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