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Billet de blog 2 septembre 2020

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Procès de l'attentat contre Charlie Hebdo et l'Hyper Casher: un procès historique!

Le procès de l'attentat contre Charlie Hebdo et l'Hyper Casher de Vincennes démarre aujourd'hui. Ce procès filmé qui doit durer deux mois s'annonce d'ors et déjà historique. L'occasion de répondre aux nombreuses questions qu'il pose, sur le plan judiciaire, mais aussi philosophique.

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Aujourd'hui, 5 ans et demi après les attentats contre Charlie Hebdo et l'Hyper Casher de Vincennes, démarre un procès historique: celui de la tuerie de l'équipe de rédaction du journal satyrique Charlie Hebdo et des clients et employés du magasin Hyper Casher de Vincennes du 7 et 15 Janvier 2015. Ces jours là, trois tueurs fanatiques, les frères Kouachi et Ahmédy Coulibaly, envoyés par des organisations djihadistes, ont exécuté froidement, d'une part, des journalistes, pour les punir de leur liberté d'expression, d'autre part pour manifester leur haine antisémite, dans une logique de "guerre des civilisations" néfaste et catastrophique.

  Charlie Hebdo est un journal satyrique, qui officiait depuis les années 70, (le précédent était Hara Kiri), et dont les unes se caractérisaient par la défense de la laîcité, et une forme d'irrévérence, à l'égard de tous les fondamentalismes, intégrismes et/ou obscurantismes religieux, qu'ils soient catholiques, islamistes, etc. L'affaire des caricatures du prophète Mahomet participe de cette lutte contre le fanatisme religieux, ou "au nom de dieu", on s'autorise à tuer et à assassiner, par vengeance, en déniant au commun des mortels, la volonté de se fier à la "justice des hommes". Les tueurs du 7 Janvier 2015, n'affirmèrent-ils pas que c'était pour "venger le prophète", brocardé dans les unes de Charlie, qu'ils exécutèrent l'ensemble de l'équipe de rédaction de ce journal. Cette triste affaire nous ramène plus de deux cents en arrière, avant la Révolution Française, ou Voltaire s'ingénia à dénoncer l'affaire Calas, dans son "traité sur la tolérance": Calas, torturé à mort et exécuté, par la justice royale, pour avoir été soupçonné, probablement à tort, d'avoir assassiné son propre fils (après avoir maquillé un possible suicide) parce que celui-ci voulait abjurer la foi protestante, pour le catholicisme. Voltaire qui défend ici la philosophie des Lumières contre l'obscurantisme, et dénonce le sort réservé aux "apostats" et aux "blasphémateurs" par les fanatiques religieux, qui ne leur proposent que les châtiments corporels ou la mort, décrits par Michel Foucault, dans "naissance des prisons": cette vision totalitaire de la monarchie absolue de droit divin que Voltaire dénonce, est malheureusement encore aujourd'hui incarnée par des régimes et /ou idéologies obscurantistes, sur notre planète (Iran, etc) De même, à travers cette défense de Charlie Hebdo, se trouve mise en exergue, le droit à la critique, que l'on ne doit pas confondre avec une forme de complaisance  avec le racisme et/ou l'antisémitisme. Ce procès contre les auteurs de l'attentat de Charlie et de l'Hyper Casher, doit donc nous amener à nous démarquer nettement de certaines formes de totalitarisme, qui ont vocation à interdire toute forme de critique, de remise en question, quelle soit politique, civile, religieuse, etc. Le procès de ces attentats sera aussi celui de l'antisémitisme, puisque les victimes de l'Hyper Casher payèrent au prix fort leur sympathie supposée à l'égard de la communauté juive. Cet épisode tragique nous rappelle, immanquablement, l'attentat de Mohamed Mérah contre l'école juive Ozar-Hatorah de Toulouse, en 2012. Mais il nous prévient également que le fanatisme, s'il prend souvent le visage de la terreur "islamofasciste", peut également emprunter à d'autres figures, comme celle des "suprémacistes blancs", comme nous le rappelle l'attentat de Chirchurch, en Nouvelle Zélande, il y a deux ans, terreur dont furent également victimes, en leur temps, les militants pour "les droits civiques", notamment aux États Unis: le fascisme à combattre n'a pas de frontière, et est un monstre à plusieurs têtes.

  14 complices présumés des trois tueurs de l'Hyper Casher et de Charlie seront jugés pendant deux mois: procès de la haine et du fanatisme. Espérons que ce procès historique répondra à la plupart des questions qu'il soulève: le niveau de culpabilité des prévenus, la possibilité de condamner ou non les prévenus encore en vie, même par contumace, le droit à la réparation pour les parties civiles, et enfin, le rôle pédagogique et exemplaire d'un tel procès, pour une réflexion morale, philosophique et citoyenne, qui affirme la nécessité d'une forme de liberté contre l'oppression fanatique et/ou religieuse, mais une liberté limitée dans le temps et l'espace, par le Droit, comme l'expliquerait Kant. Le "je suis Charlie" s'inscrit donc dans cette démarche d'un débat général pour la liberté, la liberté de "croire ou de ne pas croire", la liberté de conscience, mais aussi le droit à la critique!

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