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Le Vendredi 29 Septembre avait lieu, place de la Bastille, une cérémonie de commémoration du massacre des prisons de l'été 1988, en Iran, en présence de militants des droits Humains, comme les présidents de l'Association France Liberté, ou des Nouveaux Droits de l'Homme, ainsi que de militants de l'OMPI. L'occasion de rappeler comment 30000 prisonniers politiques, à cette époque, ont été exécutés, sur une simple fatwa de Khomeiny, pour refus de faire allégeance au régime de Téhéran, ou pour simple appartenance, réelle ou supposée, au mouvement de l'OMPI. La réalité de ce massacre est devenu un enjeu majeur, en Iran, suite à la publication, en Août 2016, d'un enregistrement audio de l'époque, dans lequel l'ancien dauphin de Khomeiny, l'Ayatollah Montazéri manifestait sa colère, contre la fatwa édictée par le guide Suprême, et condamnait ce massacre en cours, en tançant vertement des membres de ce comité de la mort auxquels il s'adressait. Amnesty International a reconnu que ce massacre était un "crime contre l'humanité" resté "impuni. Quant à la rapporteure spéciale de l'ONU sur la situation des droits de l'Homme en Iran, madame Asma Jahangir, elle est la première personnalité onusienne a reconnaître, depuis 29 ans, que "les familles des victimes ont le droit de connaître la vérité sur le sort de leurs proches, et d'intenter une action en Justice".
Une action en justice, c'est ce qu'avait tentée madame Maryam Akbari Montfared, l'an dernier, du fond de sa prison, après avoir été condamnée, en 2009, à 15 ans de réclusion criminelle par la cour révolutionnaire de Téhéran, pour "inimitié avec Dieu". Son crime: avoir eu des contacts avec les "hypocrites" de l'OMPI. L'an dernier, madame Montfared avait déposé plainte pour qu'une enquète internationale de l'ONU soit déclenchée, afin de traduire en Justice les membres du "comité de la mort", qui ont participé à ce massacre en 1988, et qui, pour certains occupent toujours des fonctions importantes, au sein de l'exécutif, comme l'ex ministre de la justice monsieur Mostafa Pour-Mohammadi, remplacé récemment à ce poste, par monsieur Alireza Avaî, et ancien membre du comité de la mort, dans la province du Khouzistan, ou encore monsieur Ehbrahîm Raîssi, ancien procureur général, en 1988, qui a été nommé à la tête d'une puissante fondation par le Guide Suprême, et qui était le candidat favori de ce dernier, lors de la précédente élection présidentielle! Madame Montfared a des raisons d'en vouloir à ces dignitaires du régime, puisque des membres de sa famille ont été exécutés lors de ce fameux massacre de 1988, et le défi qu'elle a lancé aux autorités de son pays lui vaut aujourd'hui une prolongation de sa peine de prison de trois années supplémentaires, comme cela l'a été signifié à son frère. De nombreux membres de victimes de ce massacres ne savent pas où leurs proches exécutés sont enterrés, car leurs dépouilles n'ont jamais été remises à leurs familles respectives, et les exécutions ont été réalisées dans le plus grand secret. Et alors que 5000 victimes ont déjà été recensées et identifiées par les associations de victimes, la crainte des militants des Droits humains réside dans la possibilité, pour les autorités iraniennes, de camoufler ou détruire ces charniers, signe d'autant de preuves de ces exécutions, ce qui aurait pour conséquence d'empêcher les familles des victimes d'effectuer leur deuil.
En attendant, la répression se poursuit, rendant illusoire une inflexion ou une "modération" du régime: l'ancien porte parole du syndicat des enseignants, monsieur Mahmoud Beheshti, a été, à nouveau condamné d'une peine de 5 ans d'emprisonnement, pour "rassemblement et complot contre la sécurité nationale" et "propagande contre l'Etat", une accusation courante, permettant de stigmatiser les opposants politiques, ou les activités syndicales. Un autre activiste, condamné à trois ans d'emprisonnement pour "insulte au Guide Suprême et propagande contre l'Etat", à cause du contenu de sa page facebook, a entamé une grève de la faim, après l'arrestation récente de sa femme. De même, trois autres activistes et écrivains ont été condamnés à des peines de prison et à des amendes, pour avoir créé un groupe, dans lequel ils étaient soupçonnés "d'agir contre la sécurité nationale" et de "publier de fausses informations sur internet".