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Billet de blog 4 juillet 2022

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Iran: encore une combinazione scandaleuse du régime des mollahs!

Dans une décision incroyable et soudaine, quoique prévisible, le gouvernement belge vient de rédiger un projet de convention avec la République Islamique d'Iran, prévoyant le transfert de 4 terroristes iraniens vers leur pays d'origine, en échange probable de prisonniers occidentaux injustement condamnés: un scandale de plus...

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Dans un article du journal en ligne belge l-post media, publié le Samedi 2 Juillet dernier, intitulé " Transfèrement d'Assodollah Asadi vers l'Iran: des avocats fustigent un projet de loi perfide", on apprend de drôles d'histoires sur les compromissions du régime iranien, et sur la complaisance de certains gouvernements occidentaux, parfois prêts à capituler face aux pressions intolérables de Téhéran: c'est la journaliste d'investigation Ales-sandra d'Angelo, ancienne avocate au barreau de Bruxelles, qui a découvert le pot aux roses! Selon elle, Le 29 Juin dernier, le gouvernement belge, sous la houlette du 1er ministre Alexander De Croo, le ministre des Affaires étrangères David Clarinval, et le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne, a finalisé un projet de convention inquiétant entre la Belgique et la République Islamique qui prévoit le transfert possible des 4 terroristes iraniens, Assadollah Assadi, Amir Saadouni, Nassina Naami, et Mehrdad Arifani, lourdement condamnés le 4 Février 2021 (peine confirmée en appel le 11 Mars 2022) pour tentative d'attentat le 30 Juin 2018, vers leur pays d'origine, alors qu'ils n'ont jusqu'à présent purgé que 4 années de leur peine de prison!

S'étant spécialisée sur les questions de Police/Justice, Alessandra d'Angelo, auteure notamment d'un livre sur l'attentat de charlie Hebdo et ses suites, intitulé Ma liberté d'expression et eux , en 2015, et d'un autre livre sur l'univers carcéral, en 2016, la résilience à l'enfermement, et sur l'échec du système carcéral en terme de réinsertion, dans Case prison, jeud'échec , détaille, dans son article du journal belge, les enjeux de la formidable manipulation téléguidée par le régime de Téhéran avec le consentement explicite du gouvernement belge. Si l'on revient au coeur de cette aventure, nous savions déjà que le 3e consul de l'ambassade iranienne à Vienne, en Autriche, Assadollah Assadi, jouait en fait le rôle, sur place, d'un agent du service des renseignements des mollahs. Sur ordre du Conseil Suprême de Sécurité nationale iranien, suite à une réunion à laquelle participait le Guide Suprême iranien, l'ancien président de la République, Hassan Rohani, et l'ancien ministre des Affaires étrangères Zarif, ce diplomate de haut rang, avait transporté une bombe dans l'avion le conduisant de Téhéran à Vienne, en Juin 2018, qu'il avait transmise, peu de temps après, au Luxembourg, à un couple de ressortissants belgo-iraniens, lesquels s'étaient faits arrêtés dans une voiture à Bruxelles, en possession de la bombe, alors qu'ils s'apprêtaient à se rendre à Villepinte, dans la banlieue parisienne, là où se déroulait un meeting des Moudjahidine du peuple d'Iran, au cours duquel plusieurs dizaines de manifestants d'opposants et de leurs sympathisants se réunissaient pour demander un changement de régime à Téhéran. A l'époque, le diplomate iranien s'était fait interpellé en Allemagne, et avait été remis aux autorités belges quelques mois plus tard. Un 4e larron, ancien dissident, retourné par la République Islamique d'Iran, était venu compléter la moisson des forces de police, après une coopération internationale rondement menée, suite à l'alerte lancée par les services de renseignements américains. Quelques années plus tard, le tribunal fédéral d'Anvers avait rendu son verdict, le procureur, Georges Henri Pottier, soulignant, d'une part, "la responsabilité de l'État iranien", dans cette tentative d'attentat, et d'autre part, "l'absence d'immunité" dont disposait le diplomate iranien, car opérant sa mission terroriste en dehors du pays dans lequel il devait exercer ces fonctions de 3e consul, et en dehors de toute mission diplomatique. A l'époque cette prise de position du tribunal belge avait provoqué la colère de Téhéran qui s'était bruyamment manifestée à l'égard des autorités gouvernementales belges. Les 4 malfaiteurs terroristes écopèrent alors de peines, allant de 20 ans à 15 ans de prison.

Quelle n'est pas notre surprise d'apprendre, de la part du gouvernement belge, dans son projet de Convention bilatérale entre les deux gouver-nements, le possible transfert de ces 4 sinistres individus en Iran: dans son article 13, cette convention prévoit même une possible "amnistie, une réduction de peine, ou une grâce", de la part des deux parties!! Les deux avocats des parties civiles du procès d'Anvers, composées de 25 personnes, dont l'ancienne otage des FARC franco colombienne, Ingrid Betancourt, Maître Georges Henri Beauthier et Maître Rik Vanreusel, se sont empressés de dénoncer, dans un courrier adressé au gouvernement belge, cette manoeuvre honteuse: la convention devrait normalement être présentée le mardi 5 Juillet en Commission des relations extérieures, et votée le Jeudi 7 Juillet! La présidente élue du Conseil National de la Résistance iranienne, Maryam Radjavi, a estimé que cette initiative du gouvernement belge risquait d'inciter les autorités iraniennes à devenir plus aggressives, dans les années à venir, en Europe, en matière d'actions terroristes.

Pour comprendre, cette initiative incroyable du gouvernement belge, il faut se remettre dans le contexte de la stratégie opérée par le gouverne-ment iranien, auprès des démocraties occidentales, depuis une dizaine d'années: le régime des mollahs a pris pour habitude de prendre littérale-ment en otage des ressortissants binationaux, en les condamnant à de lourdes peines de prison, sous des prétextes totalement fallacieux et fantaisistes, dans le but de les utiliser comme monnaie d'échanges, pour faire libérer ses propres agents, condamnés en occident, pour leur collaboration active, à l'étranger, avec la République islamique, contre les intérêts de puissances ennemies. Les méthodes terroristes du régime de Téhéran n'est plus à démontrer: actuellement une dizaine de ressortissants binationaux sont emprisonnés en Iran: l'universitaire irano-suédois Ahmedreza Djalali a été condamné à mort en 2017, pour "espionnage", le français Benjamin Brière, condamné à une peine de 8 ans de prison, également pour "espionnage". Quant à la chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkha, elle a été condamnée à 5 ans de prison pour "complot contre le système" et "atteinte à la sureté nationale", en 2019, et réincarcérée, depuis Janvier dernier, après avoir été placée sous bracelet électronique pendant un an pour rendre visite à sa famille!! Son mari, Olivier Marchal, emprisonné également, avait été libérée quelques années auparavant, suite à un échange avec des prisonniers enfermés en occident.

On comprend maintenant le but de cette décision à venir inattendue et sournoise du gouvernement belge. D'autant que cette condamnation historique d'agents iraniens par un tribunal belge se double d'une autre affaire retentissante, actuellement en vigueur en Suède, à Stockholm: Hamid Noury, ancien assistant auprès de l'adjoint du tribunal de Gohardasht, dans la ville de Karaj, est soupçonné d'avoir participé, à l'été 1988, au "massacre des prisons", par le biais des "comités de la mort", massacre des prisons auquel aurait participé également l'actuel président de la République Ebrahim Raïssi. Entre le 10 Août 2021, et le 22 Avril 2022, pendant 8 mois, Hamid Noury, suite à la plainte d'une trentaine d'opposants iraniens auprès du tribunal de Stockholm, lieu de résidence actuelle, depuis de nombreuses années, de l'ancien activiste du régime des mollahs, a été jugé, par la procédure de compétence universelle, pour "meurtres", "crimes de guerre et crimes contre l'humanité" supposés: à l'époque, à la fin de la guerre Iran/Irak, suite à une dernière offensive des Moudjahidine du Peuple d'Iran contre la République Islamique, Khomeiny, ivre de colère, avait ordonné, en représailles, l'exécution extrajudiciaire de tous les prisonniers politiques: suite à un questionnaire d'une durée de quelques minutes, le sort de ces prisonniers était scellé: s'ils refusaient de prêter allégeance au régime des mollahs, ou s'ils manifestaient ouvertement de la sympathie pour les "hypocrites" combattants de la liberté, ils étaient immédiatement exécutés. Amnesty International a estimé à environ 30000 le nombre de militants et prisonniers tués en un seul été à cette occasion. L'avocate Shirin Ebadi, prix Nobel de la paix, et ancienne juge, sous le régime du Shah, a estimé elle-même à 5000 le nombre de victimes tuées à cette occasion, mais dans la seule province de Téhéran, selon une liste nominative exhumée par les opposants iraniens. Le verdict du procès d'Hamid Noury est attendu ce 14 Juillet!! En attendant, le gouvernement suédois a recommandé à ses ressortissants de ne pas se déplacer en Iran, jugeant trop dangereuse la situation, suite à des pressions exercées auprès des autorités suédoises par le régime iranien, jugeant illégaux le procès, et la détention d'Hamid Noury: ainsi bizarrement, Ahmedreza Djallali, le ressortissant suédo-iranien, comdamné à mort en 2017, croupit toujours en prison, alors que son projet d'exécution par le régime avait déjà été prévu l'année dernière: le marchandage honteux continue. Les démocraties occidentales demeurent fragiles et faibles face aux coups tordus et diaboliques des dictatures intégristes et terroristes! Et la complaisance face à la dictature religieuse n'a pas de frontière!

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