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Billet de blog 6 juin 2020

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COVID 19: plan de relance de l'UE: le réveil de l'Europe!

En proposant un plan de relance de 750 milliards d'euros, chargé de mutualiser les dettes des États membres de l'Union Européenne, pour faire face à la crise du COVID19, la Commission Européenne vient de franchir une nouvelle étape dans l'Histoire de l'Europe, et s'apprète à accomplir un progrès significatif dans l'émergence d'une solidarité du continent à l'égard des plus fragiles de ses membres!

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Le 27 Mai, la Commission Européenne, en la personne de sa présidente, madame Ursula Von der Leyen, a proposé, au Conseil européen, l'adoption d'un plan de relance de 750 milliards d'euros, pour aider les pays et les régions les plus durement touché(e)s par la crise du COVID 19. Ce plan s'étalerait sur 6 ans, de 2021 à 2027. Il serait composé, pour 500 milliards d'euros de subventions attribués aux États membres, afin de mutualiser leurs dettes, accumulées pendant la crise, et pour 250 milliards de prêts aux états, remboursables à des taux d'intérêts choisis sur le marché. La Commission Européenne emprunterait sur les marchés, sur fonds propres et commencerait à rembourser en 2028. Cette proposition issue d'une initiative franco-allemande fait suite à une volte-face spectaculaire de l'Allemagne, qui avait jusqu'à présent, refusé énergiquement tout principe de coronabonds ou mutualisation des dettes, au nom de l'orthodoxie budgétaire. Par ailleurs, alors qu'en Février, les 27 s'étaient montrés incapables de trouver un accord sur un budget européen, la Commission avance cette fois, le principe d'un budget commun de l'UE de 1100 milliards d'euros par an, sur la période 2021/2027, portant ainsi à 1850 milliards d'euros la relance budgétaire totale nécessaire au financement de la crise financière née de la pandémie du COVID 19. Et pour la première fois de l'Histoire de l'Union Européenne, celle-ci serait dotée de fonds de ressources propres, par le prélèvement de taxes, avec la création d'une taxe sur le numérique, d'une taxe carbone sur les importations, ou encore d'une taxe sur les entreprises, le tout alimentant le budget européen! Le but consiste à soutenir les Etats de l'UE, les entreprises, ou encore l'économie réelle, comme la transition écologique, pour laquelle un fonds de 40 milliards a été instaurée.

  Ainsi, pour la première fois, l'Europe semble inventer un système de solidarité entre les États membres, et une sorte de fédéralisme économique, par le transfert de fonds européens aux États membres, à l'instar de ce que fut le fédéralisme américain, peut après la déclaration d'indépendance des États Unis, au 18e siècle. Certes, la proposition de madame Von der Leyen est un premier pays, et semble le fruit d'un compromis entre les aspirations des pays du Sud de l'Europe, très affectés par la crise sanitaire, et des pays du Nord de l'Europe, plus "frugaux", comme les pays Bas, l'Autriche, la Suède, et la Croatie, à priori réticents à consentir à des dons en faveur des pays les plus en difficultés. Mais la négociation est bien engagée, et une première base de discussion a été actée entre les 27 États membres. Le Parlement Européen, quant à lui, devant lequel madame Von der Leyen a présenté son plan, a accueilli, plutôt favorablement, dans l'ensemble, ces propositions, avec des nuances, à l'exception du groupe d'extrême droite "Identité et Démocratie", dans lequel siège le Rassemblement National. Le jour d'après semble ici donc propice à inventer un nouveau mode de fonctionnement de l'Europe, basé sur plus de solidarité, de mutualisation, à l'échelle d'un continent, même si "nous n'en sommes qu'au tout début d'un processus démocratique" comme l'ont acté les dirigeants d'Europe Écologie les Verts, en France. Là où la crise financière de la Grèce, il y a quelques années, n'avaient réussi qu'à imposer une cure d'austérité à un pays fautif, la catastrophe sanitaire planétaire, cette année, semble enclencher, pour la première fois, un mécanisme de solidarité inédit, qui tourne le dos à l'orthodoxie budgétaire, et semble nous préserver, in extrémis, du précipice. Reste à finaliser la négociation, et à parachever le vote des parlements, au niveau des États, pour espérer mettre en place un nouveau mode de fonctionnement plus démocratique de l'Europe, car plus proche des peuples, et moins replié sur les égoïsmes nationaux! Le jour d'après, c'est peut-être la naissance du réveil de l'Europe....

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