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Billet de blog 6 juillet 2020

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"Les enfants du paradis" de Marcel Carné

75 ans après "les enfants du Paradis" de Marcel Carné, hymne en faveur d'un art populaire et démocratique, n'a pas pris une ride.

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Tourné entre 1943 et 1945 à Nice, et sorti à la Libération, "les enfants du paradis" de Marcel Carné relate l'histoire du mime Debureau, incarné par le personnage de Baptiste, et joué par Jean Louis Barreau, follement amoureux de la belle Garance, jouée par Arlety. Le drame passionnel mis en scène par Marcel carné se déroule à l'époque de l'univers théâtral et populaire du Paris du 19e siècle. Baptiste, sorte de pierrot lunaire, officie dans la troupe des funambules: il joue le rôle d'un personnage muet, le visage maquillé de blanc, qui mime des scènes de la vie quotidienne. Ses performances d'acteur font le bonheur du public parisien, et plus particulièrement, du poulailler, ce public réfugié au "paradis" du théâtre des funambules, c'est-à-dire représentant la catégorie la moins fortunée de la population, qui s'exprime bruyamment et avec enthousiasme, dans un désordre indescriptible. Garance, quant à elle, est une femme galante, de petite vertu, et de milieu social très simple, méprisée par les autorités policières qui voient en elle une représentante suspecte des classes dangereuses qui sévissent, mais courtisée par de nombreux amants.

Garance est une première fois sauvée de la prison par Baptiste, qui, sur scène, lors d'un spectacle de rue, découvre qu'elle est innocente d'un crime dont la police l'accuse: celui d'avoir subtilisé discrètement la montre en or d'un spectateur. Le mime Baptiste se découvre une passion pour la jeune femme, passion maladive qui causera sa perte. Mais Garance est également éprise du bandit Lasner, qui sévit régulièrement, avec son homme de main, pour rançonner régulièrement des parisiens, au prix parfois de méthodes sanglantes, lorsque la victime résiste, ou pour provoquer quelques bagarres gratuites, pour "s'amuser", dit-il, au coupe gorge". Un troisième protagoniste entre en scène: l'acteur dramatique Frédéric Lemaître, joué par Pierre Brasseur, beau parleur, qui rêve de jouer Sheakspeare, dans le théâtre voisin. Lui aussi semble admirer la jeune Garance, sorte d'Esméralda du cinéma. Mais Garance n'a d'yeux que pour Baptiste, son amour secret. Lors d'un énième méfait du bandit Lasner, Garance est suspectée à tort d'être complice d'un crime par la police. Mais un comte vient opportunément la sauver et demande à l'épouser. Garance disparait pendant plusieurs années, pour échapper à des poursuites, mais elle n'a jamais oublié Baptiste, ce prolétaire du théâtre. Un jour qu'elle revient à Paris, elle découvre que Baptiste, qui officie toujours aux funambules parisiens, a refait sa vie avec Nathalie, jouée par Maria Casarès, (actrice franco-espagnole qui fut l'amante d'Albert Camus) dont il a eu un enfant. Frédéric Lemaître, quant à lui, après avoir provoqué en duel les auteurs d'une pièce qu'il n'aimait pas, réalise son rêve d'acteur dramatique, mais se prête aussi parfois à des rôles plus populaires dans le théâtre des funambules de Baptiste, endossant à l'occasion le rôle d'Arlequin.

  Baptiste découvre que Garance est de retour à Paris. C'est alors que se joue le drame. Le comte, très jaloux, est éliminé par Lasner, qui ne lui a pas pardonné de l'avoir éconduit et fait jeter dehors de chez lui, par ses domestiques, comme un vulgaire manant, et probablement jaloux, lui aussi, de n'avoir pas été choisi par la belle Garance. Quant à Baptiste, il n'a d'yeux que pour Garance, cette jeune femme du peuple et courtisane, en même temps, au point d'en perdre la raison, et d'oublier son histoire avec Nathalie. Garance pressentant l'impasse dans laquelle elle se trouve, repart et disparait à jamais, pendant le carnaval parisien, provoquant le désespoir du Baptiste lunaire.

  75 ans après, "les enfants du paradis" n'ont pas pris une ride: sorti à la Libération, ce drame cinématographique témoigne de l'importance du théâtre populaire au 19e siècle, et son importance comme expression démocratique d'un art bigarré, multiple, digne de "la préface de Cromwell", mêlant le grotesque au sublime, et inversement. Il s'agit d'un retour au source d'une aspiration démocratique et émancipatrice, en faveur d'une éducation populaire. Le plus étonnant est que ce film, tourné clandestinement sous l'occupation, puis sorti à la Libération, put échapper à la censure, malgré les risques évidents pour l'équipe de tournage.

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