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Billet de blog 9 janvier 2021

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Covid 19: la vaccination comme ultime solution face à la maladie?

En l'absence de traitement sûr et décisif pour enrayer la pandémie de Covid 19, la vaccination semble une stratégie indispensable pour espérer vaincre la maladie. Mais les campagnes de vaccination en cours présentent des défis logistiques importants, qui rendent hypothétiques leur réussite, dans certains pays notamment.

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L'épidémie de Covid 19 continue de faire des ravages dans le monde: après plusieurs millions de personnes décédées du virus, et plusieurs dizaines de millions de personnes contaminées, depuis le début de la pandémie mondiale, il y a voici un an, la planète retient son souffle. Aucun traitement curatif ne semble avoir fait ses preuves, pour juguler efficacement la maladie. Ni l'hydroxychloroquine, un médicament initialement destiné à soigner le paludisme, et qui même associé à l'azythromycine, n'a pas réussi à apporter la preuve de son efficacité, après notamment des études cliniques réalisées en double aveugle , par exemple dans le protocole Discovery. Ni les antiviraux, comme remdesevir. Certes les hopitaux, en France et en Europe, ont su s'adapter et pu s'améliorer, dans la prise en charge de la maladie, grâce à l'utilisation appropriée des antiinflammatoires, chargés de prévenir l'orage cytokinique, et des anticoagulants, pour limiter la constitution d'embolies et de thromboses,  consécutives à la maladie. Mais si l'on meurt moins de cette maladie, dans les réanimations, cette maladie continue à faire des ravages, en France et dans le monde. Aux Etats Unis, qui n'a vu la présidence Trump ne prendre aucune mesure de prévention (distanciation sociale, port du masque obligatoire, geste barrière), Trump lui-même dénonçant les mesures de confinement prise par les gouverneurs démocrates, la maladie a déjà causé le décès de plus de 350000 personnes. Au Brésil, le président Bolsonaro, lui-même nie la nécessité des gestes barrières et de distanciation sociale, n'a recommandé, pour chasser le virus, que la pratique de la "prière et du jeûne", et récuse également les pratiques de confinement prises par les différents gouverneurs de son pays. La maladie a provoqué dans ce pays, pas loin de 200000 morts, en faisant le 2e pays le plus touché de la planète, quant à cette pandémie. La situation est également très préoccupante, dans des pays comme la Russie, pays dans lequel les chiffres officiels des personnes décédées et/ ou atteintes ont longtemps été sous estimées, mais également l'Iran, où le nombre de personnes réellement contaminées semble être 10 fois supérieur à ce que les autorités déclarent officiellement. L'Iran ne semble, depuis le début de la pandémie n'avoir pris aucune mesure de confinement, pour protéger sa population, et ses services hospitaliers, prétextant à la fois des questions religieuses (la fréquentation des lieux de culte), mais également les sanctions économiques américaines qui paralysent déjà gravement son économie. En France, malgré deux mesures de confinement, notamment, et un couvre feu imposé depuis plusieurs semaines, et la fermeture des bars et restaurants, mais aussi des salles de spectacles, depuis plusieurs mois, l'épidémie repart à la hausse: avec près de 25000 contaminations par jour, contre 11000 avant Noël, la situation semble très difficilement contrôlable, et l'hexagone comptabilise déjà 66000 décès liés à la maladie. Même l'Allemagne qui semble contrôler plus efficacement la maladie, avec "seulement" 22000 décès, depuis le début de la pandémie, grâce à ses moyens hospitaliers (lits de réanimations, équipement de matériel médical), et sa gestion très décentralisée des prises de décision, en matière de santé, en coordination étroite avec l'état fédéral, à la différence de la France, a dû imposer de nouvelles mesures de confinement à la population, malgré le coût économique de ses mesures.

  Dès lors, l'ultime recours semble venir de la vaccination: la vaccination aurait, selon les spécialistes, d'indéniables atouts pour freiner voire endiguer la maladie, ou du moins sa progression: elle permet d'espérer à chaque personne vaccinée de voir ses chances d'attraper une forme grave de Covid 19, fortement diminuée: c'est donc un traitement préventif qui peut apporter une forme de protection individuelle, à la personne vaccinée, l'immunité collective ne pouvant néanmoins être atteinte, que si les deux tiers d'une population donnée, sont traitées. Le principe de la vaccination est simple: introduire dans l'organisme humain, un virus atténué, ou une portion de virus (une partie de son matériel génétique par exemple), sans que cela provoque l'irruption de la maladie, mais en stimulant chez l'organisme hôte, la production d'anticorps spécifiques contre cette maladie, de façon à produire chez la personne vaccinée une forme d'immunité contre la maladie: lors d'un contact ultérieur avec le virus, après contamination par une tierce personne, ces anticorps produits après injection du vaccin, pourront neutraliser le virus, lors de cette contamination ultérieure, et empêcher l'irruption de la maladie, ou d'une forme grave de la maladie. En à peine un an, près de 120 projets de vaccins, à travers le monde, ont été lancés, et des résultats positifs et spectaculaires, après des essais cliniques en double aveugle probants sur l'homme, ont été constatés. Le vaccin Pfizer/Biotechn et le vaccin Moderna, notamment, ont pu obtenir le feu vert de l'Union Européenne, laquelle a autorisé, dans tous les pays européens membre de l'UE le même jour, le lancement de la campagne de vaccination, le 27 Décembre denier d'abord le vaccin Pfizer/Biotechn, et fourni à ces derniers les doses de vaccins nécessaires. Les États Unis avaient donné le feu vert à cette campagne de vaccination le 14 Décembre, précédé, de la Grande Bretagne, quelques semaines plus tôt.

  Deux questions peuvent se poser quant aux vaccins: la question de sa pertinence scientifique, quant au traitement (son efficacité, la présence ou non d'effets secondaires indésirables, la techniques de fabrication utilisées). Mais aussi, la question éminemment politique et logistique, quant à sa diffusion et son injection à l'ensemble de sa population ou du moins à une frange non négligeable et conséquente de la population.

 Sur la question scientifique, plusieurs techniques de fabrication du vaccin ont été utilisées: les labortoires Pfizer/Biotechn et Moderna utilisent la même technique d'ARN messager, une nouvelle technique, qui permet d'utiliser et d'injecter dans le corps humain, un fragment d'ARN messager (copie d'ADN), permettant la fabrication par les cellules hôtes de la personne qui a reçu l'injection du vaccin, des anticorps nécessaires à la fabrication à la neutralisation de ce virus. L'ARN messager ne s'intègre pas au matériel génétique des cellules hôtes touchées, et notamment pas au noyau de ces cellules hôtes, et ce fragment d'ARN messager est ensuite détruit, par les enzymes de ces cellules, après avoir fait fabriquer, par ces cellules hôtes les anticorps nécessaires à la neutralisation du virus. D'autres pays, ont produit et commercialisé des vaccins, en  utilisant une autre technique, après des essais cliniques en trois phases, sur des patients volontaires. Le vaccin russe, sputnik utilise un ADN vecteur du Sarscov 2, injecté par le biais d'un autre virus, à des patients volontaires. Le vaccin chinois, lui, est composé d'un virus Sarscov 2 entier, mais atténué préalablement, selon des techniques très anciennes de fabrication de vaccin, avant d'être injecté à l'Homme. Le vaccin Pfizer/Biotechn, dont la commercialisation a été autorisée, et qui a déjà donné lieu à des campagnes de vaccination en Europe, en Angleterre et aux États Unis, a déjà fait preuve de son efficacité: les essais cliniques avaient déjà montré la pertinence de son autorisation de mise sur le marché, quant à son efficacité contre la maladie. À l'issue de sa commercialisation et de sa mise sur le marché, après déjà trois millions de personnes vaccinées, peu d'effets secondaires ont été constatées, et notamment pas d'effets secondaires graves indésirables.

   Sur la question éminement politique, si la commission européenne, en Europe, fournit aux états membre les doses de vaccins nécessaires pour vacciner leur population, elle laisse à chaque États membre la responsabilité d'organiser la logistique nécessaires à la diffusion et l'injection de ces vaccins à l'ensemble des populations respectives. Et les défis techniques à relever sont importants: le vaccin Pfizer/Biotechn nécessite des congélateurs adaptés, pour une conservation prolongée à très basse température, pendant de nombreux jours, avant son injection aux patients. La question des stratégies vaccinales et des moyens mis en oeuvre pour vacciner la population est également en question: faut-il inciter les patients à se rendre chez leur médecin traitant? Installer des nombreux et grands centres de vaccination en ville, pour aller chercher les personnes à vacciner? Prioriser les personnes à risque dans un premier temps, avant de généraliser cette vaccination à l'ensemble de la population? Et quelles personnes à risque, en premier? Quelle logistique mettre en oeuvre, dans le transport et la conservation de ces vaccins? Toutes ces questions techniques peuvent avoir un impact quant à la réussite de ces campagnes de vaccination, notamment dans les différents pays qui la mettent en oeuvre. Et des différences notables de traitement peuvent apparaître. L'Allemagne semblait préparée depuis un moment à cette campagne de vaccination: elle avait annoncé dès la fin du mois de Novembre l'installation de ces centres de vaccination et de ces congélateurs nécessaires à la conservation des vaccins à basse température, et piaffait d'impatience, devant la Commission Européenne, avant le lancement officiel, par celle-ci, d'une campagne de vaccination coordonnée dans toute l'Europe. En France, bien que la campagne de vaccination a commencé en même temps que les autres pays européens, le manque d'anticipation quant aux mesures logistiques et techniques à prendre, pour mener à bien cette campagne, est manifeste. Douze jours après le début de cette campagne de vaccination, l'hexagone n'avait vacciné qu'environ... 45000 personnes, dix fois moins qu'en Allemagne, et très loin d'autres pays développés de l'Union Européenne ou d'ailleurs: Les hésitations stratégiques du gouvernement français apparaissent au grand jour, et l'improvisation est manifeste. Après avoir expliqué, dans un premier temps qu'il ne créerait pas de "vaccinodrome" ou de grand centre de vaccinations, mais inciterait les français à aller se faire vacciner de préférence chez leur médecin traitant, le gouvernement français change de pied au bout d'une semaine, et déclare qu'il installera cent centres de vaccination, dans un premier temps, puis trois puis 600 centres, progressivement, contredisant manifestement  la stratégie initiale qu'il avait annoncé. Après avoir indiqué  qu'il ne vaccinerait en priorité, dans un premier temps, que les résidents et les médecins des EHPAD, sous la contrainte d'un consentement écrit et d'un protocole contraignant, et les autres publics prioritaires ensuite, le gouvernement français se retrouve, au bout de quelques jours, contraint de modifier sa stratégie, en précipitant et en élargissant la généralisation de ces vaccinations à toutes les personnes de plus de 75 ans, et à toutes les personnes de plus de 50 ans travaillant dans le secteur de la santé. Mais les élus locaux bien que demandeuses de ces nouvelles mesures pointent du doigt le manque de concertation du gouvernement avec les collectivités locales, et le manque de précision, de la part du gouvernement, quant à la mise en place concrète de ces mesures: où se situeront et quels seront ces centres de vaccination désignés par le gouvernement? Malgré la bonne volonté et l'attente de certaines collectivités locales et leur désir de coopérer efficacement, l'inquiétude est manifeste. Cette lenteur dans la mise en application du plan de vaccination, confirme de fait le manque d'anticipation du gouvernement français, constaté notamment lors de la production de masques, juste après le premier confinement, et dans la production et la généralisation de tests de dépistages de la maladie, au cours des mois qui ont suivi le premier confinement, au printemps dernier. Certes la situation en France, n'est pas pire qu'au Brésil, pays dans lequel le président Bolsonaro, malgré la décision de son gouvernement, et notamment de son ministre de la santé, de promouvoir le vaccin chinois, explique, sans rire, à ses concitoyens que le vaccin va provoquer l'apparition de "femmes à barbe", ou transformer les personnes vaccinées en "alligators". La situation en France n'est peut-être pas pire qu'en Iran, qui, en proie à l'intégrisme religieux des mollahs, et à des sanctions économiques terribles, depuis le retrait américain, en 2018, de l'accord onusien sur le nucléaire iranien, a interdit, par la voie du guide suprême, l'importation dans son pays, par les États Unis, la France ou la Grande Bretagne, d'un vaccin pour sa population, au nom d'une certaine défiance naturelle à l'égard d'ennemis diplomatiques, en arguant du précédent de "l'affaire du sang contaminé". Mais il faudra bien des efforts, en France, à l'instar d'autres pays développés, pour mener à bien, cette entreprise titanesque de vaccination de l'ensemble d'une population, prélude nécessaire au coup d'arrêt de la progression de la maladie, voire à son extinction et/ou son éradication!

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