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Il y a 6 mois, avait lieu l'une des attaques terroristes les plus sanglantes d'après guerre, en Israël, mettant en cause le Hamas, qui tua sur le coup, 1160 civils, et prit en otage, pour l'occasion, environ 250 personnes. Il semble que cet évènement suscita la plus grande surprise, tant du point de vue des services secrets israëliens que des autorités américaines, qui n'avaient pas anticipé cette opération, contrairement à ce qui s'était passé, en Ukraine, il y a deux ans, lors de l'attaque de ce pays par Vladimir Poutine. Dès lors, l'état hébreu, par la voix de son premier ministre Benyamin Netanyahou prit la décision d'une offensive militaire contre la bande de Gaza: par la voix du chef d'état major de Tsahal et du ministre de la Défense, les palestiniens étaient qualifiés "d'animaux", qu'il fallait écraser et les dirigeants israëliens promettaient "d'éradiquer le Hamas". 6 mois plus tard, la guerre éclair contre la bande de Gaza comptabilisait quelques 33000 victimes décédées sous les bombardements incessants, dont environ 25000 femmes et enfants, selon les statistiques du Ministère de la Santé palestinien. De plus quelques 1,5 millions d'habitants de la bande de Gaza, étaient déplacées, après avoir perdu leur travail et leur logement, vers le sud de l'enclave, plus précisément dans la ville de Rafah, à la frontière de l'Egypte, hermétiquement close. Au cours de l'offensive israëlienne, la majeure partie des infrastructures palestiniennes, dont des écoles et des hôpitaux, a été détruite, et l'aide humanitaire internationale en faveur de cette population arrive au compte goutte, sous le contrôle tatillon des autorités de l'état hébreu, menaçant de famine ou de malnutrition les résidents de l'enclave.
Les partisans d'Israël évoquent, lors de cette attaque, les crimes de guerre du Hamas, d'une ampleur inégalée, lors de cette attaque du 7 Octobre, et la montée inexorable de l'antisémitisme, depuis cette date, notamment en France et dans le monde, que ce soit par le biais d'insultes, d'agressions, ou du harcèlement de citoyens de confession juive:c'est le cas notamment de la femme Rabin Delphine Horvilleur, qui exprime régulièrement sa compassion à l'égard des otages du Hamas, détenus depuis ce drame atroce. Les partisans des palestiniens, eux, évoquent, à travers les mesures de rétorsion de l'état hébreu contre la population de Gaza, une "vengeance" manifeste à l'égard de toute la population de l'enclave. Ils évoquent les crimes de l'armée israëlienne, bombardant à tout va, et détruisant tout sur son passage, et prônent "un cessez le feu permanent", pour mettre fin au carnage. Le 30 Janvier dernier, l'Afrique du Sud a d'ailleurs saisi la Cour Internationale de Justice (CIJ)), laquelle a statué et supplié l'état hébreu de "prendre toute les mesures nécessaires", pour prévenir un génocide", dont le risque serait imminent. De nombreux journalistes, opérant dans la bande de Gaza, et originaires, pour la plupart, de ce territoire, ont été tués dans l'exercice de leur métier, précisent les défenseurs des Droits humains. Rony Brauman, médecin sans frontière, qui dénonce sans vergogne l'offensive israëlienne, comme riposte démesurément disproportionnée, s'il ne nie pas,néanmoins la montée inexorable de l'antisémitisme, en France et dans le monde, à l'occasion de cet épisode tragique, au Moyen Orient, n'en rejette pas moins la responsabilité sur le gouvernement israëlien, qui selon lui, "mettrait en danger la sécurité ou la vie des juifs du monde entier", par son attitude intransigeante. Le gouvernement français a, quant à lui, dans un premier temps, épousé le narratif de l'état hébreu et de Benyamin Netanyahou, invoquant, au nom de l'antisémitisme, un nécessaire "soutien inconditionnel à Israël", en envoyant expressément à Tel Aviv la présidente de l'Assemblée Nationale, avant de reculer progressivement, face aux protestations de certains défenseurs des Droits humains, très actifs en France, et de prôner, à son tour, notamment à l'ONU, "l'établissement d'un cessez le feu permanent". Le gouvernement israelien n'a consenti jusqu'à présent, qu'à une trève d'une semaine, dans les combats, pour libérer une centaine d'otages, sous la houlette d'une équipe de négociateur, comprenant les Etats Unis et le Qatar. Et il fustige le rôle de l'UNRWA, l'agence internationale de l'ONU, qui fournit et finance les infrastruc-tures scolaires pour l'éducation des palestiniens dans les camps de réfugiés et la bande de Gaza, ainsi que l'aide médicale (hôpitaux, médicaments) indispensable pour la prise en charge sanitaire de ces populations. Par ailleurs, Benyamin Netanyahou n'a toujours pas renoncé à une offensive finale contre la ville de Rafah, pour terminer le travail engagé dans sa guerre punitive.
En reprenant le narratif des organisations de Défense des Droits Humains, on ne peut s'empêcher de constater que c'est en grande partie la politique coloniale d'Israël, depuis 75 ans, et notamment depuis la guerre des 6 jours de 1967, et la guerre du Kippour, 50 ans, jour pour jour, avant l'attaque funeste du 7 Octobre, et l'occupation, qui en a découlé, de la bande de Gaza, (avant son évacuation par les colons israëliens, en 2005), et de la Cisjordanie, qui crée des discriminations inadmissibles, et fait des palestiniens des citoyens de seconde zone. La bande de Gaza, est, depuis des années, séparée du territoire israëlien, d'un mur de séparation quasiment infranchissable, qui aggrave son dépérissement économique et la paupérisation inéluctable de sa population palestinienne. Par ailleurs la Cisjordanie est le théâtre de la colonisation à outrance, depuis des années, avec la création de blocs de colonies innombrables, interdites d'accès aux ressortissants palestiniens, et rendant pratiquement impossible, la création d'un état palestinien viable, pourtant promise par le partage de la Palestine, en deux entités distinctes, lors d'une session de l'Assemblée générale de l'ONU, en 1947, et qui resta lettre morte.
Mais en même temps, on ne peut s'empêcher d'évoquer la complicité probable du régime de la République Islamique d'Iran, dans l'attaque, par le Hamas, du 7 Octobre, et son cortège de crimes atroces. D'ailleurs Jean Pierre Perrin, dans un article publié en Novembre 2023, et intitulé La stratégie de l'Iran pour sauver le Hamas: une mystérieuse "chambre des opérations conjointes", ne signale-t-il pas l'existence d'une coopération manifeste entre le régime de Téhéran et ses affidés naturels que constituent "le Hamas, le Hezbollah, les milices chiites irakiennes, et les Houties du Yemen"? Et n'indique-t-il pas qu'une réunion impliquant tous ces protagonistes a eu lieu, près de 4 mois avant l'attaque du Hamas, pour finaliser une riposte et une stratégie adéquate contre "l'ennemi sioniste"? Dès lors, comment croire le gouvernement américain, indiquant, un peu rapidement, qu'à son avis, "l'Iran n'était pas impliqué", dans le crime du 7 Octobre? Même s'il y a des doutes sur le rôle précis joué par Téhéran, dans cette action terroriste retentissante et d'envergure, on ne peut croire manifestement à son innocence. En 2013, lors du Forum Social de Tunis, une salle de la faculté des sciences réunissait des membres du Majli (Parlement iranien), un professeur francophone de l'Université de Téhéran, et un auditoire clairsemé. Les ressortissants iraniens ont, à cette occasion, avoué sans difficulté qu'ils livraient bien des armes au Hamas, comme principale marque de "soutien au peuple palestinien", et qu'ils revendiquaient, selon une citation datant de la "guerre coloniale en Algérie", "tous les moyens à leur disposition, pour combattre un ennemi", y compris "l'instauration de tribunaux militaires".
Rêvons un peu: Si l'Organisation des Nations Unies décidait un jour de prendre en compte sa part du travail politique, à rebours de l'attitude passive de l'Europe et des pays occidentaux dans leur ensemble. Imaginons qu'elle prenne en charge, à son tour, l'administration politique de la la bande de Gaza et de la Cisjordanie, pour quelques décennies, avant l'instauration d'un véritable état indépendant au côté d'Israël, débarrassée de ses éléments extrémistes et suprémacistes les plus radicaux! Cela constituerait une alternative pour le moins séduisante à l'échec conjoint de l'administration coloniale d'Israël, soucieuse de son hégémonie sur les territoires occupés, de l'expérience autoritaire menée par le Hamas dans la bande de Gaza, et de l'Autorité Palestinienne, dont l'influence, par l'occasion, s'est révélée inexistante!