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Billet de blog 9 décembre 2020

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Laïcité: 115e anniversaire de la loi de séparation de l'Église et de l'État.

Ce 9 Novembre marque le 115e anniversaire de la loi, qui consacre la laïcité, en France, c'est-à-dire, la "séparation de l'Église et de l'État". L'occasion d'en faire un bilan, à l'heure où les politiques sont tentés de la toiletter.

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Le 9 Novembre 2020 consacre le 115e anniversaire de la fameuse loi de 1905, en France, sur la séparation de l'Église et de l'État. Cette loi historique, clôture une "guerre" d'un siècle, opposant les partisans de l'Église catholique, volontiers conservateurs, voire réactionnaires, et les partisans, plus progressistes, d'une libération des institutions de la république de la tutelle de l'Église, qui a, pendant des siècles, dominée la vie publique.

La Révolution Française, déjà, en proclamant l'abolition des privilèges, le 4 Août 1789, décrétait l'imposition obligatoire du clergé et de la noblesse, au même titre que le tiers État. Mais la Révolution française procédait, également à la spoliation des biens de l'Église, notamment des lieux de culte, qui devenaient propriété de l'État. De la même, elle procédait à l'interdiction du financement des cultes. De même, la loi sur "l'école laïque, gratuite et obligatoire" de 1882, permettait une forme d'émancipation de l'individu, contre les congrégations religieuses, jugées conservatrice, voire réactionnaires. Malgré cette offensive du camp progressiste, la loi sur le concordat de 1801, consacrait le retour d'un certain conservatisme, puisque Napoléon prévoyait alors d'encadrer le culte catholique, et rétablissait la possibilité de l'État de subventionner les cultes, et rétablissait un certain pouvoir aux congrégations religieuses, notamment dans le domaine de l'enseignement: la loi Falloux de 1850, consacre d'ailleurs la "liberté de l'enseignement", et redonne du grain à moudre, à l'enseignement confessionnel, au détriment de l'enseignement public.

En 1905, la loi de "séparation de l'Église et de l'État", consacre, en France, notamment, d'une certaine manière, la défaite de l'Église catholique, après une farouche résistance de celle-ci, puisque le camp laïc l'emporte définitivement, et que cette loi de "séparation de l'Église et de l'État" ne sera jamais remise en cause. Mais la loi de 1905 est équilibrée: si l'article 2 de la loi explique que "l'État ne subventionne et ne salarie aucun culte", consacrant ainsi la neutralité de l'État en matière religieuse, l'article 1 de la loi nuance cet état de fait, en expliquant qu'elle consacre "la liberté de conscience", c'est-à-dire la "liberté de croire ou de ne pas croire", et donc une forme d'émancipation de l'individu, contre une forme de répression intellectuelle. De la sorte, se trouvent mis à bas des siècles de domination de l'Église catholique sur les institutions, en France. Les cultes doivent se constituer en associations, et se déclarer comme tels, sous peine de ne pas être reconnus par les autorités de l'État: les institutions de la République priment alors sur les institutions religieuses, ce qui laisse la possibilité aux autorités de l'État français, au détriment des autorités religieuses, de suspendre ou dissoudre, certaines associations cultuelles, lorsque celles-ci sont soupçonnées de troubler ou de remettre en cause l'ordre public, que ce soit par des prêches haineux ou suspects. A contrario, la loi de 1905, consacre à l'état, même si celui-ci se refuse à financer ou subvention quelque culte que ce soit, la responsabilité de rénover et/ou réhabiliter les lieux de culte qui demeurent sa propriété, notamment ceux qui ont été acquis avant la loi.

  Cette loi provoqua, à l'époque, une hostilité farouche de la papauté, qui voyait là un piège mortel tendu par les laïcs, pour contester son autorité et son pouvoir. Pourtant, si elle mettait à bas, plus d'un millénaire de domination catholique et papale, sur les institutions, en France, la loi de 1905 ne consacrait pas pour autant, l'athéisme pur et dur, dans l'exercice de la vie publique, puisqu'elle maintenait la liberté de culte, mais elle consacrait la victoire des valeurs humaines et profanes de la République, sur le pouvoir divin. Après avoir freiné des 4 fers pendant une vingtaine d'années, pour reconnaître la loi française, et avoir rompu les relations diplomatiques avec la France, le Vatican reconnaissait, vers 1924, sa défaite. La laïcité, en France, ne sera plus alors remise en cause ni contestée.

  Récemment, plusieurs polémiques ont secoué les institutions, notamment sur le financement des associations cultuelles, et également la formation des imams et/ ou des prêtres. L'imam de Bordeaux, Tarek Oubrou, notamment, a critiqué, la volonté de Nicolas Sarkozy, lorsque celui-ci était président et/ ou ministre de l'intérieur, mais également le souhait d'Emmanuel Macron, de contrôler et/ou de limiter les financements étrangers des lieux de culte, dans la mesure où l'État n'a pas de compétence dans le domaine religieux, même s'il doit permettre et favoriser, sans la financer, la formation des prêtres et des imams, en leur permettant d'acquérir les compétences philosophiques et religieuses nécessaires à l'exercice du culte qu'il pratique, et même si les associations cultuelles sont libres théoriquement de financement la construction et la rénovation de lieux de culte, quant les autorités territoriales elles, ont la liberté de mettre à disposition ou non, à ces associations cultuelles, des espaces ou des terrains, pour ces pratique cultuelles. La loi de 1905 permet déjà aux autorités de l'État de suspendre ou dissoudre les activités d'associations cultuelles qui menacent l'ordre public ou la paix. Que n'use-t-elles plus efficacement et plus énergiquement de cette disposition pour contrecarrer fermement les discours de haine et l'obscurantisme religieux?

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