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Le 22 Septembre dernier, les États Unis ont annoncé, suite à une séance plénière du Conseil de Sécurité de l'ONU consacrée à l'Iran, de nouvelles sanctions économiques, visant cette fois les banques iraniennes. Ces restrictions font suite aux nombreuses mesures de rétorsions américaines contre la République Islamique d'Iran, suite au retrait, par l'administration Trump, en mai 2018, de l'accord sur le nucléaire iranien, signé par 5 puissances de l'ONU +1. Cet accord, intitulé JPCOA et signé en 2015, instaurait un système d'inspection des installations nucléaires iraniennes, contre une levée des sanctions économiques à l'égard de la République Islamique d'Iran: contre la promesse de l'Iran de ne pas se doter de l'arme atomique, et de se cantonner à un usage strictement civil du nucléaire, par un procédé contrôlé d'enrichissement de l'uranium, ce pays se voyait autorisé d'exporter son pétrole, et de développer des échanges économiques et des transactions financières, dans le domaine du transport, de l'énergie. En se retirant de l'accord sur le nucléaire, en Mai 2018, les États Unis, rétablissait, de facto, un système de sanctions, contre l'Iran, mais également contre les entreprises européennes qui continueraient à commercer avec ce pays, par le mécanisme du snapchat. Dès l'instauration du retour des sanctions économiques par les américains, le rial, la monnaie iranienne, perdait brusquement 50 pour cent de sa valeur, et l'économie iranienne tombait dans une profonde récession, les entreprises européennes préférant se retirer les unes après les autres du marché iranien, par crainte, en guise de représailles, de se voir interdire l'accès à l'espace économique américain. Les nouvelles sanctions américaines risquent fort d'affecter la capacité de l'Iran à effectuer des achats de premières nécessité, comme l'achat de médicaments, pourtant crucial, en pleine pandémie de COVID 19, mais également l'achat de nourriture.
Durement touchée par l'épidémie, qui a vu 100 000 iraniens environ succomber à la maladie, depuis la pandémie, le pays subit également, de plein fouet, la répression orchestrée par le régime, contre sa population. L'asphyxie économiques du régime iranien, accentuée par les sanctions américaines a conduit, jusqu'à présent, à une révolte récurrente de la population, notamment en Décembre 2018, Novembre 2019, confrontée à des pénuries alimentaires, à une augmentation drastique du prix des carburants et des denrées de premières nécessités, à un sous investissement chronique dans le domaine social, éducatif, dans le domaine de la santé, au détriment du financement de fondations religieuses inféodées au régime, mais aussi à une fuite en avant dans l'engagement militaire, en Syrie et en Irak, notamment. Face au marasme économique et à la corruption des dirigeants, (le Guide Suprême iranien serait à la tête d'un empire financier de plusieurs centaines de milliards de dollars, qui contrôlerait une bonne partie de l'économie, le reste étant placé sous la coupe des Gardiens de la Révolution), ou la fuite des capitaux vers l'étranger, la population n'aurait d'autres choix que de se révolter, pour défendre sa dignité. Les manifestations qui ont touché 140 villes du pays en Décembre 2018 et Janvier 2019, mais aussi celles qui furent réprimées férocement, en Novembre 2019, ce qui provoqua, en quelques semaines, la mort de près de 1500 personnes, confirment ce sentiment de rejet du régime des mollahs par la population. Une tribune écrite par un collectif de 50 étudiants iraniens, réfugiés politiques en France, le 14 Septembre 2020, résume le sentiment de désespoir de nombreux citoyens iraniens: "la République islamique nous exécute et le monde nous abandonne", déclame-t-elle dans un article de blog du Huffington-post, suite à l'exécution, par l'Iran, en vertu de la loi du talion, du lutteur olympique Navid Afkari, accusé du meurtre d'un fonctionnaire en Août 2018, et alors que de nombreuses associations de défense des Droits de l'Homme, comme Amnesty International, notamment, soupçonnent les autorités d'avoir extorqué des aveux au condamné sous la torture, et de ne pas lui avoir fait bénéficier d'un procès équitable. "Alors que nous sommes étranglés par les sanctions américaines",(...) "l'Union Européenne semble nous oublier", en cherchant mordicus à maintenir "des relations commerciales et diplomatiques avec la République d'Iran", regrettent les réfugiés iraniens, nouvellement arrivés en France. La tribune résume ainsi le dilemne auquel se trouvent confrontés les militants des Droits de l'Homme. Alors que le monde célèbre le 18e anniversaire de l'appel pour une abolition universelle de la peine de mort, le 10 Octobre 2020, l'Iran célèbre un triste record: celui du 2e pays exécutant le plus de prisonniers dans le monde, après la Chine, et le premier, rapporté au nombre d'habitants: la peine de mort y est appliqué pour environ 35 chefs d'inculpation différents (dont apostasie, adultère, "en guerre contre Dieu", etc) et l'Iran continue d'exécuter des citoyens encore mineurs au moment des faits délictueux qui leur sont imputés, alors que toutes les conventions internationales proscrivent ce type de pratiques.