P maurel (avatar)

P maurel

téléenquéteur dans un institut de sondage: militant des droits humains

Abonné·e de Mediapart

155 Billets

1 Éditions

Billet de blog 13 novembre 2016

P maurel (avatar)

P maurel

téléenquéteur dans un institut de sondage: militant des droits humains

Abonné·e de Mediapart

"Le client" d'Asghar Fahradi: un drame domestique en Iran...

Asghar Fahradi, dans son nouveau film, critique à nouveau les travers de la société iranienne, minée par la violence des situations économiques et sociales désastreuses, mais aussi par les tabous d'une société patriarcale volontiers tyrannique. A travers ce drame familial, Fahradi depeint la descente aux enfers brûtale d'un couple moderne, au départ sans histoire ni problème.

P maurel (avatar)

P maurel

téléenquéteur dans un institut de sondage: militant des droits humains

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Asghar Faharadi, avec la parution de son nouveau film, "Le client", s'attaque à nouveau à la critique sociale, en Iran. Il puise à nouveau sa source d'inspiration, en analysant les rapports entre les hommes femmes, au sein même du couple, dans la société iranienne. Il y critique, dans son film, les pesanteurs religieuses d'une société patriarcale, à travers la description de ces rapports entre les  hommes et les femmes, ainsi que les conditions de vie économiques déplorables des iraniens, à Téhéran, qui oppriment les travailleurs, et leur fait courir des risques incommensurables.

Emad et Rana représentent , dans le film, un couple de "bobos" iraniens, éduqués et bien intégrés: le mari est professeur dans un lycée et apprécié de ses élèves. Le couple joue également, comme comédiens, dans une troupe de théâtre, représentant sur scène la pièce d'Arthur Miller " mort d'un commis voyageur à Téhéran". Un drame va perturber la vie de ces iraniens modernes: l'immeuble, dans lequel ils habitent, menace de s'effondrer, suite à des travaux d'urbanisme imprudents se déroulant à proximité, et ils doivent être évacués en catastrophe de leur logement, avant d'être hébergés, en urgence, par un de leurs amis, jouant dans la même troupe de théâtre. A peine installé dans le nouveau logement, Emad découvre que l'ancienne locataire n'a pas vidé toutes ses anciennes affaires. Peu de temps après, son épouse Rana est agressée très violemment par un inconnu, alors qu'elle prenait une douche, dans l'appartement, et qu'Emad n'était pas encore rentré du Lycée. Le mari va alors mener une enquète pour connaître l'identité de l'agresseur et les raisons de son geste. Il découvre alors que l'appartement, dans lequel il s'est réfugié, avec sa femme, a été occupé auparavant par une prostituée, et que l'agresseur présumé n'est autre qu'un ancien client de cette prostituée, qui a surpris Rana dans sa douche, après avoir sonné, et être entré, la prenant pour l'ancienne locataire.

 Emad n'a de cesse de vouloir retrouver l'agresseur et vouloir se venger, après que Rana a refusé de déposer plainte, par peur d'affronter le regard désapprobateur des autorités policières et/ou judiciaires. Asghar Fahradi dépeint alors un mari tyrannique, à la colère froide, obnubilé par sa volonté de faire subir à l'agresseur une terrible humiliation, devant la famille de celui-ci. Après avoir découvert le véhicule du " suspect", il donne rendez vous à celui-ci, chez lui, sous un prétecte fallacieux, puis le séquestre, et convoque sa famille. Rana désapprouve totalement l'initiative d'Emad: celui-ci s'entête dans sa démarche vaine, alors que l'agresseur de sa femme s'avère être un vieil homme cardiaque et pitoyable, et risque de perdre la vie si des soins médicaux ne lui sont pas prodigués rapidement, et/ou si les secours n'arrivent pas en urgence.

 Asghar Fahradi met en scène un drame familiale terrible, qui voit se profiler la descente aux enfers d'un couple apparemment sans histoire. Il y critique, dans ce film le capitalisme sauvage iranien, qui fait prendre des risques insensé aux iraniens, et qui lui rappelle " la violence" de la société américaine des années 50, dit-il dans une interview. De même, il met en évidence et dénonce, dans ce film, un climat moralisateur excessif qui pousse le personnage principal du film à radicaliser son obsession de la vérité et son désir de vengeance. Ce drame pourrait se dérouler en occident, mais il prend  néanmoins une résonnance particulière, en Iran, où règne, dans le code pénal, la "Loi du talion" et un principe, "le prix du sang". D'aucuns interpréteront, d'un point de vue métaphorique, l'effondrement de l'immeuble, au début du film, comme une forme d'affaissement de la société iranienne, minée par des  situations sociales, économiques, inhumaines et des pesanteurs religieuses excessives, et dont les valeurs seraient érigées sur de mauvaises bases.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.