Maryam Akbari Monfared a été emprisonnée en 2009, en Iran, parce qu'elle était membre de l'OMPI, et donc suspecte "d'inimitié à l"égard de Dieu". En fait, d'après le juge qui l'a condamnée, Maryam Akbari Monfred devait "payer pour les agissements de son frère et de sa soeur, au sein de l'OMPI" . Le frère de Maryam, Reza a expliqué que le système judiciaire iranien, dans la République Islamique, rejette le principe démocratique d'"individualisation" des peines, pour affirmer, au contraire, la notion de " collectivité" et de familialité", dans les condamnations, comme dans tous les régimes dictatoriaux ou totalitaires! C'est ce qui explique la sévérité de la punition infligée à la jeune femme, condamnée à 15 ans de prisons! Juste avant son procès, elle n'a pu échanger que quelques mots avec son avocat.
Quelle n'a pas été la surprise des autorités judiciaires de découvrir que Maryam Akbari Monfared a décidé, du fond de sa prison, de déposer plainte contre des dirigeants iraniens, et pour demander à l'ONU, une enquète afin de poursuivre les auteurs du massacre des prisons de 1988, au cours duquel plus de 30000 prisonniers politiques furent exécutés, en quelques mois! La raison de cette décision est simple: Maryam Akbari Monfared a vu, en 1988 un de ses frères et sa soeur exécutés, très jeunes, Or les corps des prisonniers exécutés, l'été 1988, ont été jetés dans des fosses communes, selon les témoins oculaires, sans cérémonie, ni sépultures clairement identifiées. Il s'agit donc pour les plaignants, familles des victimes, de demander la vérité sur ces massacres, tenter d'obtenir des poursuites contre les auteurs des massacres, et aussi espérer pouvoir faire leur deuil.
Rappelons qu'en Août dernier, le fils d'Hossein Ali Montazeri a mis en ligne, sur internet, un enregistrement, vieux de 28 ans, mettant en cause des membres des comités de la mort, chargés d'exécuter la fatwa de l'Ayatollah Khomeiny, demandant l'exécution expresse de tous les opposants politiques emprisonnés à l'été 1988: lors de cet enregistrement, l'ayatollah Montazéri, ancien dauphin du Guide Suprême, prend ses distances avec son ancien mentor, condamne fermement la dernière initiative de celui-ci, et le fait vertement savoir à ses contradicteurs, qui doivent mettre en oeuvre les basses manoeuvres de Khomeiny. La publication de cet enregistrement a provoqué une intense émotion, au sein du pouvoir iranien, l'été dernier, et ce d'autant que la plupart des membres des comités de la mort en 1988 sont toujours en fonction, à l'heure actuelle, au sein même du pouvoir iranien, comme le ministre de la justice, monsieur Mostafa Pour-Mohammadi, ou encore le chef de la Cour Suprême de Discipline pour les juges, par exemple. Une peur panique s'est emparé du pouvoir iranien, qui oscille entre bravade cynique et mauvaise conscience, face à ce scandale, jusqu'alors tabou et gardé secret, mais révélé au grand public. le fils de feu Hossein Ali Montazéri est bien sûr passé en jugement, pour avoir révélé le secret posthume de son père.
De la sorte, l'initiative de madame Maryam Akbari Monfared a le mérite de mettre en lumière les préoccupations des familles des victimes, face à ce crime contre l'Humanité: la volonté de dénonccer ce crime, et espérer qu'un jour la vérité éclatera et/ou que justice puisse être rendue. La Résistance Iranienne aurait recensé une centaine de personnalités impliquées dans ce massacre, et toujours bien placés au sein de l'appareil politique de l'Etat iranien, encore aujourd'hui. Au cours de ce massacre, des familles entières ont été exécutées, dont des femmes et des enfants, ou des adultes très jeunes, dont le seul tort était, soit de représenter des opposants au régime des mollahs, soit d'être apparentés à ces opposants! Ce qui expliqua la fureur de Montazéri, devant la radicalisation expresse du régime de khomeiny. L'initiative de madame Maryam Akbari Monfared se déroule dans un contexte particulier: le nombre d'éxécutions, en Iran, depuis l'élection du président Rohani, en 2013, n'a jamais été aussi élevé, malgré la résistance des femmes et des opposants. En 2014, il y a deux ans, une iranienne de 26 ans, madame Reyhaneh Jabbari, avait été exécutée, pour avoir tué, en légitime défence, un ancien membre des services de renseignement iranien qui l'avait violée....