Salman Rushdie paie cher sa liberté d'expression: l'écrivain britannique, auteur des "Versets sataniques", avait vu édictée contre lui une fatwa de mort, de la part de l'Ayatollah Khomeiny, le 15 Février 1989, pour avoir abjuré sa foi musulmane et être devenu athée. Le code pénal iranien prévoit, en effet, la peine de mort pour quiconque se retrouve reconnu coupable "d'apostasie", et de "blasphème". Non content de promouvoir une interprétation totalement intégriste de la religion musulmane, à l'intérieur même de l'Iran, le régime de Téhéran va même jusqu'à menacer de mort des ressortissants étrangers qui expriment leur liberté de jugement, sur des questions religieuses, même en dehors des frontières de la République islamique.
En effet, cette fatwa de Khomeiny n'a jamais été annulée, depuis 28 ans, et a même été de nombreuses fois réactivée, obligeant l'écrivain britannique à vivre caché, dans la clandestinité, sous haute protection policière. Récemment, des media officiels iraniens ont notamment offert 300 000 dollars de prime a qui exécuterait la sentence de mort contre rushdie. L'an dernier également à la même période, la prime proposée par ces media officiels du régime avait été le double. On peut observer notamment que l'agence fars, affiliée au corps des pasdaran, ces fameux gardiens de la Révolution iranienne, figure parmi les "généreux" donateurs pour cet obscur permis d'assassiner. Ce qui confirme la dimension terroriste du régime de Téhéran, au delà d'une prédisposition à l'obscurantisme religieux, comme l'a souligné un représentant du Conseil National de ka Résistance Iranienne.
On se souvient qu'en Janvier 2015, des journalistes et militants de Charlie Hebdo avaient été froidement assassinés par un commando se revendiquant d'Al Qaida en péninsule arabique, un peu avant que des clients de l'hypercasher de Vincennes ne soient à leur tour abattus: les membres de l'équipe de rédaction du journal payaient de leur vie leur liberté de ton, notamment sur les questions religieuses. Mais dans le même temps, on avait noté la perversité des media officiels iraniens, à l'époque, notamment un journal du courant conservateur, proche du Guide Suprême Ali Khamenei, n'hésitant pas à expliquer, au sujet de cet attentat que "celui qui sème le vent, récolte la tempête". Il rejetait ainsi, d'une certaine manière, la responsabilité de cet attentat sur les occidentaux, et notamment la rédaction de Charlie Hebdo.
On ne peut espérer qu'un Islam tolérant puisse s'imposer dans un avenir proche, respectant la liberté de conscience, la liberté de pensée et d'action, rejetant la vengeance comme mode de fonctionnement et la coercition systématique, un Islam qui puisse concilier l'égalité entre les hommes et les femmes. Il est urgent de rappeler cette nécessité, pour contrer des politiques discriminatoires et des risques de conflits à venir.