A peine crée à Paris, le camp humanitaire de la Porte de la chapelle est déjà saturé. Ces jours ci, les pouvoirs publics ont évacués 1500 migrants qui dormaient près de ce camp, et les ont installé dans le 15e arrondissement, dans un endroit équipé de tentes. En Juin dernier, la maire de Paris, Anne Hidalgo avait tiré la sonnette d'alarme auprès du ministère de l'Intérieur, pour mieux organiser l'accueil des migrants, en France. Elle proposait notamment la création, sur le même modèle que Paris, dans différentes grandes villes de France, de camps humanitaires, chargés d'accueillir des populations de plus en plus nombreuses fuyant la misère, les désordres climatiques, ou les guerres, en provenance notamment de Syrie et d'Irak, d'une part, mais également de la corne de l'Afrique (Ethiopie, Somalie, Soudan, etc), et d'accroître la politique d'aide au développement dans les pays d'origine des migrants.
L'enjeu est de taille et les risques de plus en plus grands, en la matière: le Conseil Européen avait d'ailleurs signalé sa préoccupation, il y a maintenant deux ans, en proposant un quota d'accueil par pays pour les réfugiés, mais l'Europe n'avait pu se mettre d'accord sur une position commune, se heurtant à la résistance inattendue de certains Etats. La France, poussée par l'Allemagne qui a choisi de recevoir sur son sol un nombre important de réfugiés syriens notamment, avait accepté, du bout de lèvres, de participer à l'effort nécessaire. Pourtant force est de constater que les moyens alloués aux Centres d'accueil et d'orientation ou aux centre d'accueil des demandeurs d'asile, ne sont pas tout à fait à la hauteur de ce qui est attendu, même si le Conseil d'Etat, à la demande du Défenseur des Droits, a réclamé et imposé l'installation de points d'eau au Camp de Calais. La Maire de Paris pointe aussi du doigt la nécessaire politique d'intégration et d'accompagnement de ces migrants qu'elle appelle de ces voeux. Et le gouvernement français semble encore timoré sur ce dossier, préférant reporter sur les pays tiers la responsabilité de mieux gérer le flux de migrants en partance ou en transit,, comme en Lybie, par exemple. Certains candidats à l'élection présidentielle avaient même proposé pourtant de créer un "visa humanitaire", pour mieux prendre en charge les crises migratoires à venir (climats, guerres, misère)...
On ne peut que regretter le manque d'ambition et de coordination des politiques européennes, et surtout le manque de solidarité des Etats membres entre eux, en la matière: l'égoîsme de certains de ces Etats est patent: la Méditerrannée tue de nombreux migrants en partance des continents voisins, et il ne suffit pas de dénoncer le rôle criminel des passeurs, exploitant la misère humaine, ou de se limiter à une politique sécuritaire et/ou policière, pour endiguer le flux de migrants. Des pays comme la Grèce ou l'Italie sont débordés et démunis face à ses problématiques. Le procès récent de Cédric Herrou, suite aux agissements de ce dernier à la frontière italienne, est venu rappeler l'urgence d'une prise de conscience en la matière....