
Agrandissement : Illustration 1

Alors que depuis près d'un mois et demi se déroule à Paris le procès des complices des assassins des journalistes de Charlie Hebdo et des clients du magasin hypercasher de Vincennes, un enseignant exerçant au collège de Conflans Sainte Honorine, dans les Yvelines, a été assassiné, et même décapité, par un fanatique religieux, d'obédience islamiste, pour avoir donné un cours sur la "liberté d'expression", en montrant à ses élèves des dessins et/ou caricatures....du journal Charlie Hebdo. Une fatwa a alors été lancée, sur les réseaux sociaux, demandant le "renvoi du professeur de l'Éducation Nationale", alors que ce dernier n'a pas été sanctionné, mais soutenu, dans cette épisode, par les autorités éducatives. Quelques jours plus tard, l'enseignant, Samuel Paty, était exécuté par un fanatique islamiste, qui avait prêté allégeance à "l'État Islamique".
Au delà de l'horreur du crime et de son exécution barbare- une décapitation- on peut relever la responsabilité des groupes terroristes internationaux dans cet attentat, et le rôle joué par l'islam radical, ou islamisme, dans la genèse de ses actions funestes. le groupe État Islamique n'avait-il pas édicté, à nouveau récemment, une fatwa, demandant à tuer les auteurs de la republication des caricatures de Mahomet? Un fanatique islamiste n'avait-il pas tout récemment blessé gravement, deux employés d'une agence de presse, situé rue Appert, à l'endroit même, ou officiait le Journal Charlie Hebdo, avant même les attentats du 7 et 9 Janvier 2015? Alors que le délit de blasphème n'existe pas sur notre territoire, et que la loi ne punit que les délits de racisme et de haine, et d'atteinte à la dignité de la personne. en l'occurrence, rien à voir avec des caricatures, qui ne rentrent ici que dans le cadre que d'une critique des religions et/ou des intégrismes religieux. l'imam de Bordeaux, lui-même, Tarek Oubrou, l'a reconnu: "le droit à la critique et à la caricature" doit être accepté par tous, et il ne saurait cautionner les vengeances personnelles et/ou "au nom de Dieu". Camus, en son temps, dans "la peste", en 1944, dénonçait le fascisme qui ravageait l'Europe. Aujourd'hui, un nouveau fascisme semble se manifester, par l'expression du terrorisme islamiste, qui prend le visage de la haine.
Il souffle un vent mauvais depuis quelques temps. Le poids des intégrismes et des fondamentalismes religieux, ainsi que les propos racistes et stigmatisants minent notre société. Voltaire, en son temps, dans son "traité sur la tolérance" avait dénoncé les sévices infligés au "chevalier de la Barre", coupable d'avoir blasphémer, ainsi que l'exécution de citoyens, suspectés d'avoir tués l'un de leurs fils qui s'était suicidé, pour ne pas avoir pu exercer une charge d'avocat, fonction réservée aux catholiques, et de laquelle était exclus les protestants. hier, les journalistes de Charlie Hebdo étaient menacés et exécutés - voire le récit de Philippe Lançon, intitulé "le lambeau", publié en 2018, et qui a survécu au massacre", aujourd'hui ce sont des enseignants, menacés dans leur fonction, pour la liberté de leurs méthodes pédagogiques.
Gilles Kepel, dans son essai, intitulé "la revanche de dieu", établit le tournant de cette dérive fondamentaliste et intégriste lors de la Révolution islamique en Iran en 1979. Sans réserver à ce pays, et ce régime, le monopole de ce basculement idéologique, et son expansion territoriale, dans les années qui ont suivi, l'essayiste pointe néanmoins sa responsabilité politique dans la contagion qui s'en est ensuivie: la République islamique n'a-t-elle pas, dès le début, instauré un délit de "diffamation des religions", et notamment "diffamation de l'islam"? L'Ayatollah Rhomeiny n'a-t-il pas déclaré "en guerre contre Dieu", c'est-à-dire passible de la peine de mort, quiconque contesterait le principe même de la République Islamique d'Iran? N'a-t-il pas décrété une fatwa contre Salman Rushdie, pour la publication de son roman, "les versets sataniques", pour la revendication, par l'auteur, de son apostasie, c'est-à-dire de son athéisme, et de sa renonciation à sa foi musulmane, et de sa contestation de certains propos: "ce qui est écrit n'est plus écrit", et peut s'effacer, comme dans une tempête de sable dans un désert.
En d'autres termes, il semble urgent de favoriser l'image d'un "islam tolérant et progressiste", celle qui accompagne le "code du statut personnel" , comme en Tunisie, en 1956, un islam qui autorise l'idée "de croire ou de ne pas croire", c'est-à-dire la liberté de conscience et la liberté de penser, ou qui intègre la liberté d'expression comme moyen d'action et de discussion, plutôt que le "châtiment divin" envers tous les supposés "blasphémateurs, hérétiques et/ou impies". C'est un pied de nez lancé à tous les "faibles d'esprit", comme dirait Nietzsche, à l'égard de tous les fondamentalismes religieux. Voilà pour la question de Dieu: un chemin à tracer dans un espace temps circonscrit et limité.
L’email a bien été cop