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Billet de blog 23 avril 2022

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Débat de l'entre deux tours de la présidentielle: Macron gagne sans panache!

Emmanuel Macron, pourtant taxé parfois d'arrogance, a dominé sans difficulté le débat de l'entre deux tours l'opposant à Marine Le Pen: il a développé un programme politique libéral, sur le plan économique, quand sa challenger, sur la défensive, a proposé un projet nationaliste et xénophobe d'extrême droite.

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Après l'élimination de Jean Luc Mélenchon, échouant de très peu à se qualifier pour le 2e tour, le débat de l'entre deux tours de l'élection présidentielle a opposé, comme il y a 5 ans, Emmanuel Macron, le président sortant, à sa challenger d'extrême droite, Marine Le Pen. Le premier n'a eu aucun mal à dominer la seconde, dans un débat assez technique, d'une durée de trois heures, fait d'une bataille de chiffres, mais qui n'a pas su éviter les clichés et/ ou les simplifications schématiques, face à des sujets pourtant complexes.

  Sur la question du pouvoir d'achat, aucun des deux protagonistes n'a défendu l'idée d'une augmentation significative du SMIC, proposition pourtant défendue par la plupart des partis de gauche. Le sujet traité par les deux candidats a été polarisé par la crise énergétique, qui mine le pouvoir d'achat des français, avec la hausse drastique du prix des carburants, du gaz et de l'électricité, depuis plusieurs mois. Emmanuel Macron a vanté son "bouclier énergétique" (ou blocage temporaire des prix de l'énergie, en période de crise) ainsi que ses aides ciblés (chèques carburants et chèques énergie), auprès des plus pauvres, ou de ceux qui étaient extrêmement dépendants de la voiture, dans les zones périurbaines. Marine Le Pen, quant à elle, a proposé la baisse généralisée de la TVA, pour "rendre leur argent aux français". Le président sortant n'a pas hésité à critiquer ce point de son programme, en évoquant son coût (12 milliards d'euros), et le fait que cette aide, par son caractère non ciblé et non discriminant, pouvait bénéficier également aux plus riches, ce qui était un non sens, et contribuait à subventionner à grande échelle, les énergies fossiles. Il a ainsi usé du ton condescendant du professeur pour contrer son opposante, qui n'a pas su lui répliquer face à ses objections.

  Sur les questions internationales, et notamment les liens avec la Russie, en écho à la guerre en Ukraine, Emmanuel macron a attaqué sa challenger sur ses liens antérieurs avec Vladimir Poutine, notamment depuis que le Rassemblement National a emprunté à une banque russe, liée au pouvoir du Kremlin. Il a ainsi mis aisément le doigt sur un évident conflit d'intérêt de Marine Le Pen, sur la question ukrainienne, qui l'a poussé, en 2014, à "approuver l'annexion de la Crimée par la Russie". La présidente du Rassemblement national a invoqué, pour sa défense, le fait que les banques françaises, avaient refusé de lui prêter de l'argent au cours de ces dernières années, mais sans mentionner le fait que son parti était cerné par de multiples affaires judiciaires d'ordre financier, qui minaient sa solvabilité. Emmanuel Macron a nié toute discrimination d'ordre démocratique, et cité d'autres partis d'extrême droite, qui avaient fait d'autres choix, que le rassemblement National, pour emprunter. Marine le Pen n'a pas su quoi répondre pour critiquer la politique d'Emmanuel Macron, sur le dossier ukrainien, hormis le fait qu'elle s'opposait à l'idée de "refuser d'importer du gaz et du pétrole russe", car cela "nuisait aux français".

 Sur la politique énergétique de la France et sur l'écologie, Emmanuel Macron a défendu l'idée d'un mix énergétique, associant projet de centrales nucléaires nouvelles, et projet d'installations d'éoliennes sur le territoire français. Marine Le Pen s'est opposé à l'idée d'installer des éoliennes, en expliquant que si elle était élue présidente de la République, elle démentèlerait toutes les éoliennes existantes et prononcerait une interdiction d'en installer de nouvelles, au motif que cela "abîmait les paysages", "nuisait à la biodiversité", n'empêchait pas d'utiliser des énergies fossiles en complément. Emmanuel Macron, sans évoquer la notion de sobriété énergétique, pourtant essentielle, dans le projet des énergies renouvelables, pour éviter une surconsommation, a évoqué la nécessité de produire plus d'électricité, en attendant que les nouvelles centrales nucléaires ne viennent remplacer les plus anciennes, "à partir de 2035". Il a évoqué l'idée, également, de tenir compte d'un marché européen de l'énergie, notamment dans son coût et son prix, pour tenir compte des importations nécessaires d'énergie, marché européen de l'énergie, dont Marine Le Pen ne semble pas tenir compte. Cette dernière a également défendu l'idée du nucléaire, mais en prônant l'installation d'un plus grand nombre de nouvelles centrales qu'Emmanuel Macron. Ce dernier a défendu également l'idée "d'isoler" ou de transformer énergétiquement 700000 logements par an, sans détailler plus précisément son projet.

   Sur le plan de la politique étrangère, Emmanuel Macron, a défendu l'idée de l'intégration européenne, quand Marine le Pen a défendu, sans prononcer l'idée de Frexit ou d'une sortie effective de l'Union Européenne, le point de vue de la Pologne et de la Hongrie de Victor Orban, selon lesquelles, "le droit national serait supérieur au droit européen", ce qui est en contradiction même avec les traités européens. Elle a parlé du "rayonnement international de la France", notamment auprès du continent africain et des territoires d'Outre mer, relayant ainsi, à l'instar du commonwealth anglais, les vieux clichés d'une France coloniale qui en serait encore à louer nos ancêtres les gaulois, ou les réseaux de corruption de la France-Afrique. Emmanuel Macron a évidemment dénoncé la ficelle assez "cynique" de Marine Le Pen.

  Sur le sujet de l'immigration et des questions institutionnelles, Marine Le Pen a évoqué l'idée du référendum pour consulter le peuple directement, plus souvent, en invoquant l'article 11 de la Constitution, tendant à éviter la Consultation au préalable du Parlement, pourtant nécessaire, si l'on invoque l'article 16 de la Constitution, en cas de consultation du peuple par référendum. Ce projet, en cas d'absence de majorité à l'Assemblée, en faveur de son parti, lui permettrait, si elle est élue présidente, d'imposer l'idée d'une "fraternité française", tendant à imposer la "préférence nationale", en matière d'attribution de logements sociaux, ou de politique de l'emploi, créant ainsi une discrimination anticonstitutionnelle entre français et étrangers. Elle souhaite aussi, par le biais du référendum restreindre drastiquement le droit d'asile et le regroupement familial, qu'elle interdirait de fait, et en rendant systématique les reconduites à la frontière, pour les sans papiers jugés, ce qui est loin d'être le cas actuellement: Emmanuel Macron a invoqué le droit des pays tiers de refuser les laisser passer pour des sans papiers dont ils ne reconnaîtraient pas la nationalité. Enfin, sur la question du voile islamique, Marine Le Pen a défendu l'idée d'une interdiction dans tout l'espace public, ce qu'Emmanuel Macron récuse: ce dernier a même provoqué l'agacement et l'embarras de Marine le Pen, lorsqu'il a évoqué le sort qui serait réservé à la mère d'une des victimes du djihadiste Mohamed Merah, il y a dix ans: "Et elle aussi, vous lui demanderez de retirer son voile?"

 Sur les questions sociales, Emmanuel Macron, sans surprise, a défendu l'idée d'une retraite progressive à 65 ans, ou 64 ans, d'ici 2030, en gagnant 4 mois chaque année, quant Marine le Pen, elle prône un maintien à 62 ans, ou une avance à 60 ans pour ceux qui ont commencé à travailler tôt. Emmanuel Macron a défendu l'idée d'un maintien de certains critères de pénibilité pour pondérer l'âge de départ à la retraite, quand marine Le Pen souhaite supprimer ses critères de pénibilité. Notons que cette idée de reculer l'âge de départ à 65 ans, pour des raisons de financement invoquées par Macron, provoque des cris d'orfraies de la gauche, et notamment des "insoumis", prônant le retour à la retraite à 60 ans, après 40 années de cotisations.

 Le résultat du second tour de l'élection présidentielle de Dimanche, pourrait dépendre du taux d'abstention, et notamment du comportement des électeurs de la France Insoumise, dont, selon les enquéteurs d'opinion, 40 pour cent envisageraient de voter Macron, 20 pour cent Marine Le Pen (malgré les consignes de Jean Luc Mélenchon de ne donner "pas une seule voix" à la candidate du rassemblement national), et les 40 pour cent restant auraient l'intention de voter blanc, nul ou de s'abstenir...verdict Dimanche soir........

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