Sara Najafi, musicienne et artiste iranienne souhaite organiser, en Iran, des concerts de chants féminins, avec les chanteuses françaises, Elise Caron et Jeanne Cherhal, ainsi qu'avec une chanteuse traditionnelle iranienne, Parvin Nawazi, et une chanteuse tunisienne, Emel Mathlouth. Mais elle se heurte à la censure du Ministère de la Culture et de la Guidance Islamique iranien, et doit négocier son projet pendant au moins deux ans avec les autorités, alors qu'officiellement, le chant féminin, surtout soliste est interdit, en Iran, depuis le début de la République Islamique. Pendant que les chanteuses francaises et tunisienne, ainsi que leur equipe musicale, patientent à Paris, et peaufinent le projet musical et artistique iranien qu'elles espèrent présenter dans un avenir proche, à Téhéran, Sara Najafi parlemente des mois durant avec les autorités religieuses et/ou politiques, pour tenter de fléchir l'interdit toujours actif. Un mollah lui explique que le chant féminin, surtout s'il n'est pas accompagné de voix masculine, perturbe les hommes et stimule chez ceux-ci des désirs sexuels incontrôlés. Cette pratique n'est donc pas tolérée, en Iran, depuis une fatwa de Khomeiny. Pourtant, les ventes de CD ou DVD, représentant des enregistrement de chants féminins, fleurissent sous le manteau, dans les rues de Téhéran, an nez et à la barbe des gardiens de la Révolution, mais il s'agit surtout d'enregistrements étrangers, et la pratique musicale des femmes a cessé en Iran, depuis des années, sauf en privé ou dans la clandestinité la plus totale, à ses risques et périls. Parvin Nawazi, se souvient de ses débuts, avant l'avènement de la Révolution Islamique, et des prestations de la première chanteuse iranienne, de musique traditionnelle, dans les années 20.
Sara, quant à elle, continue à assaillir de questions les autorités, et notamment le ministère iranien de la culture, sur les raisons d'un interdit qui sera finalement levé, mais après de nombreuses tentatives et rebondissements. En Juin 2013 ont lieu les élections présidentielles, en Iran. Les autorités après avoir tergiversé de nombreux mois avec Sara, se raidissent subistement et découragent à nouveau l'artiste iranienne: elles invoquent des risques de manifestations et de revendications, comme celle du "mouvement vert" en 2009, lors du printemps de Téhéran. Pendant ce temps, malgré les encouragements et le soutien de l'équipe française, restée à Paris, celle-ci semble perdre patience, déstabilisée par les altermoiements incessants des autorités iraniennes. Puis brusquement, au mois de septembre 2013, alors que le président français doit rencontrer le président iranien Rohani, en marge des discussions sur le nucléaire iranien, la situation se débloque, et les visas sont accordés à l'équipe française, qui peut se rendre à Téhéran, et commencer les répétitions, avant le concert. Les provocations des autorités iraniennes ne cessent pas, malgré l'enthousiasme incessant, et l'accueil chaleureux réservé par les artistes iraniens, à leurs hôtes français. Les émissaires envoyés par le ministère de la Culture font de nombreuses observations sur la place du chant féminin, au sein de l'orchestre, pendant les répétitions, sur la tenue vestimentaire des femmes, ou sur le comportement des artistes en général, pendant les répétitions. Ils proposent, finalement, ultime provocation, un concert à huis clos, sans enregistrement, non pas à l'opéra de Téhéran, mais dans la salle de répétition, avec une liste de spectateurs choisis pour l'occasion, et remise aux autorités. L'équipe musicale refuse ces conditions scandaleuses, et indique qu'elle souhaite que le concert se déroule selon ses conditions, et non pas selon les conditions absurdes proposées par le minist§re de la culture et de la Guidance Islamique iranien. Elle obtient finalement gain de cause, et le concert a lieu finalement comme prévu. S'agit-il néanmoins d'une goutte d'eau, dans un océan d'interdits et de discriminations? Ou d'une véritable avancée? Les artistes françaises sont conscientes d'avoir été un tant soit peu instrumentalisées, mais elles louent la ténacité et le courage des artistes iraniens, et surtout des artistes iraniennes, qui ont fait céder les autorités de leur pays, à cette occasion, par leur résistance et leur refus de résignation, face à la misogynie permanente des politiciens et mollahs iraniens.....le chemin vers la liberté demeure toujours long et difficile....sans complaisance d'aucune sorte...