Le ministre des Affaires étrangères français, Laurent Fabius, devrait effectuer un voyage officiel, en Iran, d'ici quelques jours, suite à l'accord signé, sur le nucléaire iranien, entre des représentants de l'ONU (5+1), et la République Islamique d'Iran. Cet accord consacre notamment une réduction de la production de centrifugeuses, pour l'enrichissement d'uranium, par l'Iran, et l'acceptation par celui-ci d'un contrôle, sous certaines conditions, de ses installations nucléaires, par des inspecteurs de l'ONU, en échange de la levée des sanctions opérées jusqu'alors par les occidentaux et qui paralysaient son économie. Rappelons, que selon cet accord, Téhéran s'est engagé à ne pas chercher à acquérir la bombe atomique, et à cesser toute recherche scientifique ou industrielle dans ce domaine. Les sanctions économiques engagées depuis 2006 contre l'Iran ont durement ébranlé l'économie de ce pays, au point de permettre l'acceptation, par ce dernier, d'un accord qui l'oblige à faire marche arrière par rapport à ses objectifs initiaux.
Notons que ce voyage se déroule dans le contexte politique suivant: alors que des manifestations d'enseignants secouent l'Iran, depuis des mois, contre les discrimininations, les faibles salaires, et la corruption, 200 enseignants ont été arrêtés, et 2000 de leurs collègues ont manifesté, ces derniers jours, devant le Parlement iranien, pour protester contre leurs interpellations. Parallèlement, la peine de mort ne faiblit pas en Iran: selon Amnesty International, environ 700 personnes ont été exécutées, entre janvier et juillet de cette année, ce qui place ce taux d'exécutions à un record historique. Les autorités judiciaires, totalement inféodées au pouvoir politique n'ont d'ailleurs même pas levé le pied des exécutions pendant le mois du ramadan, note Tahar Boumedra, ancien représentant adjoint dr l'ONU en Iraq, qui dénonce l'hypocrisie des mollahs et leur absence de scrupule.
Emmanuel Macron, le ministre français de l'économie, a plaidé la prudence, face au pressing opéré par le MEDEF et des patrons français, pressés d'engager la signature de contrats commerciaux avec l'Iran, et le feu vert implicite donné par l'accord conclu sur le nucléaire iranien. En effet, cet accord, selon Macron, n'entrera pas en application avant la fin de l'année (il doit auparavant passer sous les fourches caudines des parlements iranien et américain), et il garde en mémoire la mésaventure survenue à la BNP, l'an dernier, et qui fut condamnée à 8 milliards de dollars d'amende, pour avoir violé l'embargo à l'égard de l'Iran, et fait transiter, entre autre, aux Etats Unis de l'argent en provenance de cette République Islamique....Il plaide donc pour l'absence de précipitation, en matière de développement économique avec l'Iran.
La Résistance Iranienne, quant à elle, fut victime, en 2003, d'un marchandage honteux entre la France et les mollahs de Téhéran, impliquant la " neutralisation " de son mouvement contre la signature de contrats commerciaux. Elle avait révélé, en 2002, le programme secret de la République Islamique d'acquisition de la bombe atomique; découverte qui avait ensuite entrainé douze annéees de négociations entre l'ONU et l'Iran! Craignant un marché de dupes, de nombreux intellectuels iraniens mettent en garde Laurent Fabius contre toute politique de complaisance de la France à l'égard des mollahs., Ils demandent au ministre d'évoquer, lors de son voyage, la situation des Droits de l'Homme en Iran, pendant ses rencontres avec les officiels iraniens!