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Billet de blog 27 octobre 2018

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Robert Faurrisson: la mort d'un antisémite

La mort de Robert Faurrisson consacre une page de l'histoire du négationnisme, en France. Celle qui vise à nier ou à effacer la mémoire de la shoah, sous prétexte de défendre d'autres causes. Robert Faurrisson a été un propagandiste d'extrême droite de la négation du génocide et des chambres à gaz, mettant en lumière la forme moderne de l'antisémitisme.

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Robert Faurrisson s'était rendu célèbre, à la fin des années 70, pour être l'un des propagandistes du négationniste, s'ingéniant à nier l'existence même des chambres à gaz, et du génocide juif, pendant la seconde guerre mondiale. Il avait même rédigé une thèse, en ce sens, à Lyon, où il enseignait. On peut dire même que Robert Faurrisson représenta l'exemple même, d'une forme moderne d'antisémistisme, sous forme de négationnisme, supplantant l'antisémitisme classique de l'extrême droite fasciste ou d'un catholicisme non progressiste et des plus réactionnaires. Robert Faurrisson fut d'ailleurs condamné au tribunal de Paris, au début des années 80, et l'avocat Robert Badinter, qui défendait alors les parties civiles, déclara que Faurrisson était un "faussaire de l'Histoire". Pierre Vidal Naquet, dans son essai, "les assassins de la mémoire", tentait de démontrer l'imposture du négationnisme, dans cette négation absurde et incohérente de crimes connus et documentés, notamment dans les chambres à gaz. Face à cette montée du négationnisme en France, la loi Gayssot, au début des années 90 avait même était votée pour tenter de contrer cette offensive. Primo Lévi, ancien rescapé des camps de la mort, qui avait écrit son expérience dans "si c'est un homme", refusait d'ailleurs face à cette tragédie, d'accepter une stratégie délibérément choisie de représenter de manière édulcorée ou adoucie l'horreur concentrationnaire, à son époque, que ce soit au cinéma, dans la littérature, ou la critique, sous prétexte de ne pas choquer ou heurter la sensibilité du grand public. Il mit fin à ses jours, face à ce dilemne, qu'il jugeait terrible pour lui.

 Aujourd'hui, il est de bon ton, malheureusement de parler de "concurrence des mémoires", au lieu de voir la complémentarité ou de mettre en valeur la diversité des mémoires. La question du colonialisme, et/ ou la mémoire de l'esclavage, que certains estiment injustement sous évalués ou insuffisamment travaillée ou réfléchie, tout comme la persistance d'un conflit non résolu comme le conflit israelo palestinien, mais aussi l'existence de discriminations ou d'inégalités dans le domaine de l'emploi, de la culture ou de l'éducation, ou même de l'accès à l'information, peuvent expliquer, mais certainement pas justifier, cette remontée de l'antisémitisme, que l'on croyait avoir disparu. Mais l'idée que l'on peut modifier une réalité, en effaçant une souffrance ou du moins une mémoire, pour en valoriser une autre, relève d'une fausse analyse, ou d'une démarche relevant d'un faux problème. L'ancien humoriste Dieudonné, devenu propagandiste politique, est devenu un spécialiste de ce genre de débat biaisé, véhiculant tous les clichés et:ou les mauvaises interprétations sociales historiques ou politiques, niant toutes forme d'humanisme et de reflexion approfondie sur le sujet. La mémoire des crimes commis ou des histoires est une affaire complexe qui requiert à la fois le rôle de l'éducation, l'importance du travail des historien, mais aussi le travail pédagogique des tribunaux, pour juger des faits et gestes. Ainsi au mois de Juillet dernier, la condamnation pour complicité de crimes contre l'humanité de deux rwandais, accusé d'avoir participé au génocide ou au massacre de tutsi, en 1994, a été confirmée à la cour d'assise du tribunal de Paris. Contre une guerre des mémoires, luttons donc pour un débat apaisé, ou une discussion apaisée sur ces sujets complexes et difficiles.

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