Le 26 Mai dernier, le terroriste et ancien diplomate Assadollah Assadi, condamné à 20 ans de prison, par la cour pénale d'Anvers, en 2020, pour une tentative d'attentat au grand rassemblement de Villepinte, organisé par la Résistance iranienne en Juillet 2018, a été libéré et renvoyé en Iran. Parallèlement, le gouvernement du premier ministre belge, monsieur de Croo, se félicitait de la libération d'Olivier Vandecasteele, travailleur humanitaire belge, et détenu pendant 1 an et demi dans une des prisons des mollahs pour un motif futile, alors qu'il était estimé, par les autorités belges, "innocent" de ce dont on l'accusait. Cependant, le premier ministre avait secrètement, en Juillet dernier préparé un projet de loi, votée par l'Assemblée belge, prévoyant la libération anticipée d'Assodollah Assadi, accompagnée d'une possibilité d'amnistie par le gouvernement belge des crimes commis par le diplomate iranien, ou bien envisageant une possible amnistie, par le gouvernement iranien, des crimes d'Assadi, une fois renvoyé dans son pays d'origine. La Justice ayant été saisie par les parties civiles du procès d'Assadi, pour s'opposer, une première fois, à sa libération et son transfert vers Téhéran, avait statué que l'affaire opposant le gouvernement belge à la résistance iranienne devait être examinée, sur le fond, par une audience judiciaire, avant d'être tranchée par le gouvernement belge. Et la Cour Constitutionnelle, au cas où la libération d'Assadi devait être confirmée, avait statué que le gouvernement belge, avant d'effectuer cette libération, devait prévenir les victimes de la tentative d'attentat, pour permettre à celles-ci de saisir à nouveau la justice, ce qui n'a pas été respecté. La Résistance iranienne s'est offusquée de cette libération précoce, qui "violait une décision de la Cour constitutionnelle" et était "contraire aux Droits de l'Homme".
Le régime des mollahs est coutumier de ces marchandages douteux. En 2019, Le chercheur Roland Marchal, spécialiste des conflits et guerres civiles, en Afrique, avait effectué un voyage touristique en Iran. Il s'était entretenu quelques temps avec la sociologue franco-iranienne Fariba Adelkhah, spécialiste du "chiisme et de l'Iran postrévolutionnaire", venue spécialement en Iran effectuer un travail de recherche, avant que tous les deux ne soient arrêtés par le gouvernement de Téhéran, puis emprisonnés et condamnés, pour l'une, "d'atteinte à la sécurité de l'État", pour l'autre, "collusion contre la sureté nationale et propagande contre le système", tout comme l'universitaire anglo-australienne Kylie Moore Gilbert, embastillée à la prison d'Évine de Téhéran, pour le même motif, en compagnie de Fariba Adelkhah. Neuf mois plus tard, Roland Marchal était libéré et échangé, comme Assadollah Assadi, avec un ingénieur iranien, arrêté à Nice, détenu en France, et menacé d'extradition vers les États Unis, pour avoir été soupçonné de vouloir faire entrer, en Iran, du matériel technologique, pourtant interdit par des sanctions décrétées par le gouvernement américain. Là encore, la libération de l'ingénieur iranien avait été effectuée contre l'avis de la Justice, qui avait autorisé son extradition. Il y a quelques années, le français Benjamin Brière, effectuant un séjour touristique, en Iran, avait été condamné à 8 ans de détention pour "espionnage", après avoir photographié, avec un drone, une zone interdite. Il fut libéré au bout de trois ans. Le caractère futile du motif de la condamnation ne trompe personne. En 2010, la française Clotilde Reis, effectuant un stage à Téhéran, étudiante et lectrice en langue perse, avait été condamnée à 5 ans d'emprisonnement pour "atteinte à la sécurité nationale", puis libérée au bout de quelques mois, pour être échangée contre l'assassin de l'ancien premier ministre du chah d'Iran Chapour Bakhtiar, emprisonné en France et condamné à perpétuité, avec l'accord des autorités politiques des deux pays.
Si l'on ne peut que se réjouir de la libération de prisonniers occidentaux, injustement accusés, pris littéralement en otage par le régime des mollahs, on ne peut que regretter, que ces libérations s'effectuent par le biais d'un marchandage honteux, qui témoigne de la fragilité de nos démocraties, face à la dictature religieuse en poste à Téhéran. Pour terminer, Fariba Adelkhah, qui avait été condamnée à 6 ans de détention, en 2019, après avoir été emprisonnée, puis placée en résidence surveillée, sous bracelet électronique, puis réincarcérée à nouveau, a été libérée, le 11 Février 2023, et autorisée à rejoindre son domicile iranien, sans être autorisée à rentrer en France. Dans sa grande mansuétude, le Guide suprême iranien a proposé, pour le 44e anniversaire de la République islamique d'Iran, "d'amnistier" ou de "libérer" des prisonniers: depuis la mort de Masha Amini, et la répression féroce qui s'en est suivie (rien que pour le mois de Mai de cette année, au moins 115 personnes ont été exécutées), les prisons d'Iran sont devenues tellement pleines, que la nécessité de vider celles-ci de certains détenus, pour laisser la place à d'autres prisonniers plus fraichement arrêtés, est devenue une évidence! On ignorait sous quel statut s'est effectuée la libération de Fariba Adelkhah, et si, en contrepartie, le gouvernement iranien a exigé, ou non, en échange, "son silence" ou sa renonciation " à toute forme de travail" dans son domaine de spécialité. Selon Roland Marchal, la chercheuse et sociologue française lui aurait confié être opposée à toute forme de contrepartie de ce type dans l'obtention de sa libération!