La dérive totalitaire se mesure à l'accumulation des petites humiliations bureaucratiques. Le cas de Tristan Sadeghi vient confirmer l'étendue du phénomène qui frappe Vincent Geisser :
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"L'affaire en cours au CNRS est emblématique, parce qu'elle n'est pas isolée. Elle invite à la réflexion tous ceux qui sont sensibles à la défense des droits de l'homme et veulent les voir progresser."
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Ce lycéen est privé d'inscription en terminale pour avoir participé aux blocages du lycée.
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Le refus d'inscrire le lycéen en terminale est discriminatoire parce que la décision est prise en considération de la personne de l'elève et non d'une sanction disciplinaire.
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Pourquoi l'élève n'a-t-il pas été sanctionné si, comme le proviseur le prétend maintenant, ce comportement était fautif ? C'est qu'il ne l'était pas. Il l'était d'autant moins que le sanctionner revenait à nier le droit d'expression, le droit de grève et celui de manifester. Le refus de réinscire l'élève apparaît donc clairement comme un abus de pouvoir.
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Ces blocages mettaient-ils la sécurité des usagers en danger ? Si oui, pourquoi le proviseur n'a-t-il pas alors requis l'intervention de la force publique ? Il ne l'a pas fait, c'est donc qu'il n'y avait pas de danger comme il le prétend, maintenant, plusieurs mois après les faits.
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Le gouvernement supprime 30.000 postes à la rentrée. L'initiative (pro gouvernementale) du proviseur serait préventive. Un signal à l'attention des lycéens pour l'année prochaine. Le proviseur adopte et adapte la loi des otages.
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Le proviseur reproduit les mêmes travers du fonctionnaire de sécurité du CNRS. Il se prend pour un agent de police. Il faut vite inviter ces personnes, dans le cadre de la mobilité, à rejoindre l'administration de l'intérieur où leur tendance naturelle à l'ordre et à la suspicion trouvera à s'épanouir et être reconnue. Les fonctionnaires actifs du ministère de l'intérieur sont les fonctionanires les mieux payés.
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Ce refus d'inscription - infondé en droit - viole des prinicpes fondamentaux.
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La lettre du proviseur vise des "droits et devoirs du lycéen" quand il méprise ses propres obligations. L'éducation est un droit fondamental (Art. 26). Le proviseur fait obstacle à ce droit en refusant un service qu'il a mission de donner au public, comme agent public. Son refus est une voie de fait, voir une faute personnelle.
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L'attention du pouvoir à mettre ses décisions en accord avec ses discours est défaillante en l'espèce. Tristan est un bon élève selon les témoignages de ses professeurs. Ce refus d'inscription contredit le discours offciel d'une volonté d'intégration par l'école. Le chantage à l'ascenceur social prend des allures de couperet.
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Encore un fois, l'administration se caractérise par la confusion d'un fontionnaire zélé excipant d'un obscur code du lycéen, dont la valeur juridique suspecte ne dépasse pas les grilles de l'établissement, pour mépriser la déclaration universelle des droits de l'homme. Ce serait une tartarinade, une péripétie courtelineque, si le recteur avait le bon sens d'y mettre un terme.
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Son abstention à agir confirmerait - une fois de plus - le sentiment, qu'en France, n'importe quel fonctionnaire est libre de fabriquer sa norme et remettre en cause les droits fondamentaux, avec la bénédiction d'un pouvoir politique qui entretient la surenchère répressive.
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Que reproche-t-on finalement aux fascistes ?
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Il devient temps de plaider devant les tribunaux la valeur constitutionnelle de la déclaration universelle des droits de l'homme comme de la convention europeenne et que la violation d'un principe fondamental ou constitutionnel est un moyen d'ordre public. Ce sera à l'honneur des magistrats français d'accueillir favorablement ce moyen plutôt que de le rejetter pour que la Cour européenne le leur impose, si ce moyen devait être porté jusque devant elle.
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Il appartient aussi aux élus de s'emparer d'un tel argument à la prochaine saisine du Conseil constitutionnel pour l'interroger sur l'intégration au bloc de constitutionnalité - en toute logique - de ces deux déclarations précitées. Comment expliquer qu'une seule déclaration soit prise en compte et pas les deux autres ? D'autant qu'elles doivent en bonne partie à la France son inspiration et sa rédaction (René Cassin, Stéphane Hessel).