Macron fait beaucoup mieux que son « maitre » en politique.
Pourquoi utiliser ce mot ? Cela fait référence à un livre écrit par J. Cotta en 2014 et qui partait du slogan de F. Hollande : « le changement, c’est maintenant » ; ensuite l’auteur a démontré l’imposture de l’ancien Président de la République.
L’actuel président fait beaucoup plus fort.
Il donne l’impression d’être entouré d’incompétents, qui n’ont pas vu venir cette pandémie et qui ont réagi trop tard.
C’est totalement faux. Il y a fort à parier que notre grand dirigeant français ainsi que certains dirigeants dans le monde avaient connaissance de ce virus depuis quelques temps. « Notre » président se met à fanfaronner le 7 mars en disant qu’il faut se divertir : il va au théâtre. Il joue presqu’une même musique le 15 mars en sortant d’être allé voter et en prétendant que la journée est très propice au devoir électoral.
Il a commencé tout de même à changer de ton avec son allocution du 12 mars. Il change totalement de registre le 16 mars en instaurant notamment le con finement.
En fait, il pratique la politique bien décrite notamment dans deux livres :
- « La stratégie du choc», par N. Klein
- « Ce cauchemar qui n’en finit pas», par P. Dardot et C. Laval
Autrement dit, il part d’une situation décrite de façon catastrophique et éventuellement imprévisible pour rebondir en sauveur et imposer la vision qu’il a en tête depuis un certain temps.
Il faut tout de même savoir que, depuis un bon moment, des économistes, des financiers, des analyseurs politiques annoncent qu’il va bientôt y avoir une bulle financière aussi forte, voire plus forte que celle de 2008.
Qu’à cela ne tienne : on va profiter de ce virus pour embrayer sur des réformes qui vont satisfaire les mentors discrets, les financiers. On va tout mettre sur le compte de ce virus qui nous vient de Chine. Et on va rebondir en effaçant de nombreuses erreurs imputables aux marchés financiers. Et –comme d’habitude- ce seront les non-privilégiés qui en pâtiront.
C’est ce qui se passe en ce moment, c’est en cela que MACron est un imposteur.
Pour aller plus loin, il faut évidemment commencer par le secteur concerné par le virus.
Lui et son équipe ne nous disent pas tout ; d’abord ils disent que le con finement va durer 15 jours … alors qu’ils savent que cela va durer plus longtemps. Puis, fin mars, ils remettent le couvert pour 15 jours … en attendant la prochaine fournée … En fait, ils ont remis à l’ordre du jour, pour beaucoup de personnes, le CDI : Confinement à Durée Indéterminée.
Stéphane Velut, directeur du service de neurochirurgie à Tours, parle de la fabrique du consentement dans le journal « le monde ». Il a rencontré, au cours d’une réunion, un jeune salarié d’un cabinet de consulting qui a déclaré : « tout en restant dans une démarche d’excellence, il faut désormais transformer l’hôpital de stocks en hôpital de flux ». Tout est dit : la gestion et la rentabilité doivent passer avant l’humain et le médical. C’est évidemment ce qui se passe depuis quelques années. Cela se caractérise par une diminution du personnel et une exploitation plus féroce de celui restant.
Cela fait depuis 40 ans que s’est organisé le détricotage des politiques néolibérales de santé publique. Un exemple parmi tant d’autres : « Les soignants font entendre leur ras-le-bol ; les infirmiers, mais aussi les aides-soignants, les agents administratifs et autres personnels hospitaliers se mobilisent contre la dégradation de leurs conditions de travail et les pressions budgétaires » : c’est le chapeau d’un article paru le 8 novembre 2016 ! Cela explique donc le mécontentement du personnel soignant –médecins compris- qui s’exprime de façon claire, déterminée et efficace durant ces derniers mois –avec souvent un affrontement avec les forces de police qui n’hésitent pas à cogner. Comme nombre de personnes, ils ont beaucoup appris des gilets jaunes.
Il faut savoir que « Les dépenses françaises pour la bombe atomique pourraient financer 100.00 lits de soins intensifs »
Ce n’est pas la santé qui est prioritaire. La conséquence de cette situation était prévisible. Quand arrive le virus, il n’y a pas de matériels circonstanciés … ou si peu que cela ne peut endiguer la progression de ce virus.
Il faut aussi savoir que « En 2018, on pouvait fabriquer 200 millions de masques par an en France »
Ajouté à cela le fait qu’on ait pris du retard dans le domaine de la recherche car il faut, en France, que la recherche soit rentable ; chercher un vaccin, trouver un médicament prend du temps. Un exemple montrant que l’Etat n’a pas fait de la recherche sur le Covid 19 une priorité : le CNRS vient de lancer, le 27 mars, un appel aux dons pour cette recherche ! Ce n’est pas une priorité du pouvoir en place.
Globalement, on peut penser que ce virus n’est pas plus dangereux que la grippe. Mais, comme la situation globale est préoccupante, il faut passer à un stade supérieur et déclarer que l’on est en guerre. C’est ce qu’a fait le chef de l’Etat le 16 mars –lendemain du premier tour des élections- sur un ton très solennel, très porté sur la dramaturgie.
Pour contrer cette épidémie, il faut absolument dépister, il faut absolument des masques : sans ces deux éléments, le confinement ne sert à rien. C’est ce qu’ont compris les Coréens du Sud. C’est ce que ne cherche pas à faire la France.
D’ailleurs, on est trop forts pour s’encombrer de fioritures. On a bien réussi à arrêter le nuage de Tchernobyl à la frontière en 1986 ; on est aussi capable de maitriser cette épreuve nouvelle sans masques, sans tests et sans appareils respiratoires : on est Français, donc on est les meilleurs ; on n’a pas besoin des autres pour s’en sortir !
Donc, dans sa déclaration de guerre, MACron est allé jusqu’à dire qu’il allait prendre les moyens pour résoudre le problème. Il allait mettre en avant l’aspect humain d’abord et relancer toute la panoplie nécessaire pour un service public efficace.
C’est tout le contraire qu’il va faire –et c’est en cela qu’il est un imposteur :
- Tout d’abord, il ne donne ou ne se donne pas les moyens pour combler les manques en termes de matériels pour le personnel de santé. Par contre il va obliger les cliniques et CHU, ainsi que le personnel médical, à privilégier la lutte contre le virus. Comme il n’y a pas assez de personnels, cela signifie que les autres maladies ne seront pas suffisamment prises en compte –et il y aura des morts dont on ne saura rien puisqu’elles ne seront pas imputées au virus. Cela signifie aussi que des passe-droits permettront à certaines personnes bien placées de se faire soigner avant d’autres ; cela veut dire enfin qu’il y a de grands risques que certaines personnes seront soignées, d’autres pas.
- Par ailleurs –et pour exemple-, l'Etat refuse l'aide du laboratoire vétérinaire d'Indre-et-Loire capable de réaliser 1.000 tests Covid-19 par jour.
- Plus de dix jours après le début du con finement, commande a été faite auprès de la Chine de plus d’un milliard de masques. Il est évident que l’on ne peut pas demander à des entreprises françaises de faire le nécessaire pour fabriquer des masques, des tests ou des appareils respiratoires ! Par ailleurs, commander si tardivement ne veut pas dire que les masques vont arriver ces jours-ci ! Autre problème : ces masques seront-ils conformes à la prescription ?
En fait, au niveau de la santé, on peut rappeler ce qui disait Coluche : « dites-moi ce dont vous avez besoin, je vous expliquerai comment vous en passer ! » Cela résume bien la méthode Macron and co face aux demandes sociales.
Notre grand dirigeant dit qu’il veut mettre en valeur le service public !
Le problème est qu’il ne fait rien pour et repousse aux calendes grecques ses promesses de dotation exceptionnelle dans le secteur médical pour sortir de ce marasme.
Très prolixe en paroles –aidé en cela par le premier ministre-, il veut prendre en considération les problèmes humains. Sauf que les barrières administratives sont telles qu’il y aura peu d’élu.es parmi les personnes en difficulté et espérant obtenir une aide de l’Etat.
Il privilégie tout le contexte économique et financier. Il met déjà le paquet pour soutenir les entreprises –pas n’importe lesquelles-. Il appelle à la solidarité des Français et EN MEME TEMPS il laisse les entreprises donner des dividendes qui pourraient servir la cause nationale de lutte contre le coronavirus. Il faut savoir qu’
En pleine crise du Covid-19, les entreprises se préparent à verser des dividendes record
Ne parlons pas des personnes confinées dans les immeubles, dans les EHPAD ; des autres en prison, des Rroms, des migrants, des SDF. Certains ne sont pas au courant de la situation actuelle. Ce qui fait que l’hébergement et la nourriture font partie des manques encore plus criants à l’heure actuelle. Rien n’est fait pour eux ; il y a même des SDF qui attrapent des amendes pour non-respect de présentation de feuille permettant de circuler ! D’autres mourront : tous les cas mortels seront mis sur le compte de cette saloperie de coronavirus !
Le pouvoir est tellement centralisateur que l’on assiste à des diktats venant du sommet pendant que certaines communes se mettent à l’arrêt. Ce n’est pas grave si certaines personnes ne peuvent pas aller chercher leurs commissions ; ce n’est pas grave si certaines personnes ne peuvent pas effectuer certaines démarches en direction de la mairie : cela peut attendre fin mai ou fin juin. On pense peut-être que tout le monde est branché internet ! Le contact humain n’est pas vraiment de mise. Cela montre à quel point les communes sont perçues de façon assez méprisante au sommet de cette pyramide.
Il ne faut pas oublier que les banques sont très souvent fermées et les distributeurs ne sont plus ouverts ; la conséquence en est que certaines personnes ne peuvent pas aller chercher de l’argent alors qu’ils n’ont pas d’autres moyens pour payer les commissions.
Un petit mot sur le secteur éducatif. Après des tergiversations –comiques-, Jean Michel Blanquer fait fermer les écoles et va pousser à faire travailler les élèves sur le net. Les professeurs jouent le jeu en général, même s’ils sont confrontés à des blocages, notamment dus à la saturation des réseaux. C’est une méthode tout à fait dans l’air du temps.
Bien entendu, le ministre de l’école n’a pas besoin de lire –entre autres- deux livres :
- « Le désastre de l'école numérique : plaidoyer pour une école sans écrans » ; de Philippe Bihouix et Karine Mauvilly
- « Critiques de l’école numérique« ; éditions l’échappée
Il n’en a pas besoin car il pense que tout doit être con necté … quitte à ce que les élèves deviennent plus … cons. Il suffit de savoir que des « grands dirigeants » de groupes industriels ou financiers mettent leurs enfants dans des écoles sans écrans … et avec des livres.
Par ailleurs, cette méthode, qui va satisfaire ceux qui pensent que c’est par l’informatique que l’on va s’en sortir, permettra de dégraisser encore le mammouth : il suffira de mettre un professeur responsable de 100 élèves –par exemple- qui auront à travailler sur ordinateur ou écran. En fin de compte, cela va coûter plus cher à la collectivité mais c’est très intéressant pour formater les esprits.
L’histoire de notre grand imposteur national ne s’arrête évidemment pas là. Pour faire face à l’épidémie de Covid-19, il a fait voter une loi d’urgence n° 2020-290, le 23 mars 2020. Et dans la foulée, le 25 mars, il a pris vingt-cinq ordonnances en application de cette loi d’urgence :
https://www.gouvernement.fr/conseil-des-ministres/2020-03-25
La loi d’état d’urgence sanitaire est promulguée pour 2 mois, mais au passage l’Etat s’accorde le droit de gouverner par ordonnance pendant 4 mois !
La loi prévoit de « permettre à tout employeur d’imposer ou de modifier unilatéralement les dates de prise d’une partie des congés payés, des jours de réduction du temps de travail et des jours de repos affectés sur le compte épargne-temps du salarié ». La loi doit « permettre aux entreprises de secteurs particulièrement nécessaires à la sécurité de la nation ou à la continuité de la vie économique et sociale de déroger de droit aux règles d’ordre public et aux stipulations conventionnelles relatives à la durée du travail, au repos hebdomadaire et au repos dominical ».
Par exemple, il sera possible de faciliter l’élasticité de la durée du temps de travail hebdomadaire qui pourra aller jusqu’à 60 heures. Enorme régression sociale !
Par ailleurs, beaucoup de facilités seront offertes aux opérateurs de téléphonie mobile pour l’installation d’antennes-relai, sans souci des aspects sanitaires. Cela pourra aller jusqu’à la mise de côté du principe de précaution, la non-concertation nécessaire –en tout cas pas bloquante- avec certains organismes ou structures.
Macron avait déclaré qu’on était en guerre à cause du coronavirus. En fait, il se met en guerre contre de nombreuses personnes … et contre des structures qui essaient de défendre l’humanité.
C’est une déclaration de guerre dans une direction définie… C’est bien une imposture.
Oui, cette période est l’occasion de faire passer beaucoup de choses sous couvert de l’intérêt général. L’installation des antennes, la restriction des libertés, l’augmentation de la durée du travail, le travail du dimanche …Le pouvoir en place a les mains libres : les éventuels opposants sont con finés.
C’est cela la méthode MACron ; dire que l’on est en guerre, que l’on va tout faire pour défendre le service public et l’humain et EN MÊME TEMPS –et surtout- agir pour permettre aux opérateurs économiques et financiers de dérouler leurs programmes.
Chez Macron, les mots sont importants pour tromper les citoyens. Ce qu’il faut que l’on regarde est ce qui se fait dans la réalité. On n’est pas déçu du voyage !
Il ne faut non plus se faire d’illusion : tout ce qui a été arrêté grâce la loi d’urgence ne sera pas abrogé d’un coup de baguette magique à la fin du con finement. Macron va user de la même pratique que Hollande qui avait fait voter des lois anti-terroristes liberticides en 2015 : ces lois sont toujours en vigueur.
Il y aura du travail à faire quand on sera libéré.
A qui profite le crime ?
Voilà ce que pense Patrice G :
« La mise en péril de l’économie physique va surtout ruiner les classes moyennes et les paupériser.
Les pauvres sont déjà pauvres.
Les riches ne risquent rien …
Qui pourrait profiter de cette crise, au point de peut-être l’avoir déclenchée ? »
Pour l’instant, on est peut-être retranché, mais il faut avoir l’esprit d’un résistant, d’un révolté. Il faut aussi savoir faire le con …. finement.
Le gros avantage de cette situation de con finement est que l’on respire beaucoup mieux.
On peut se promener sans absorber les gaz des voitures. On est à décarboner de façon assez significative. Les marches pour le climat ont montré les enjeux. On pourrait même presque dire qu’E. Macron devient écolo !
Ce qui voudrait dire qu’il faudrait continuer sur cette lancée.
Il ne faut pas encore rêver aux lendemains enchanteurs avec cette équipe qui nous dirige. Dès que le pouvoir actuel le voudra, il fera cesser le con finement –sans retirer la loi d’urgence et les ordonnances
Et ce sera reparti comme en 14 : Productivisme, éloge de la voiture, des avions et de tout ce qui va vite, connectique à outrance … On reviendra à cette pollution atmosphérique, à cette intensification de la pollution de l’air, de l’eau, de l’agriculture industrielle … Tout cela se verra notamment avec l’accroissement des émissions de CO2. Bien sûr, on ne sera pas du tout à l’abri de nouveau virus et, en France, on ne sera pas prêt –comme d’habitude.
Comment sortir de ce cycle infernal ?
- En sortant de ce système capitaliste et industriel mortifère
- En réfléchissant à une société décroissante qui mettra l’humain en tête des préoccupations ; en lien avec le vivant et la nature
Vaste programme ! Est-on prêt dans ce sens ? Si on ne le fait pas, il y a peu de chances que l’être humain s’en sorte des problèmes énormes à résoudre.